Captain America : le Soldat de l’Hiver

Publié par Kevin Gauthier le 19 septembre 2013 | Maj le 10 mai 2018
  • Production : Marvel Studios et Paramount Pictures
  • Titre original :  Captain America : The Winter Soldier
  • Titre français : Captain America : Le Soldat de l’Hiver
  • Sortie française : 26 mars 2014
  • Sortie américaine : 4 Avril 2014
  • Durée : 2h19
  • Réalisateur : Joe et Anthony Russo
  • Scénario : Christopher Markus et Stephen McFeely
  • Musique : Henry Jackman

Captain America, le Soldat de l’Hiver la critique

La phase deux se poursuit pour l’univers Marvel avec la suite des mésaventures du justicier Captain America, sous-titré Le Soldat de l’Hiver. Réalisé par deux frères de la télévision américaine, Anthony et Joe Russo (Bienvenue à Collinwood, Community), le long métrage de plus de deux heures représente la transition entre Avengers (2012) et Age of Ultro prévu pour l’année 2015. Cependant, la filiale Disney, après une prometteuse période de grand divertissement comme Thor : Le Monde des Ténèbres (2013) d’Alan Taylor, s’épuise doucement – sans doute à cause d’un nombre de projets mis en chantier trop important. Par défaut, si on analyse son étape promotionnelle peu originale, on remarquera sa flagrante similarité avec les productions précédentes (Iron Man 3, Avengers…). Si le premier épisode du First Avenger (2011) fut une déception, Captain America : Le Soldat de l’Hiver contribue de nouveau à notre présent scepticisme.

Après sa délivrance de la glace et le terrible affrontement de New York aux côtés des Avengers, Steve Rogers alias Captain America tente de s’adapter à notre époque actuelle. Alors que le S.H.I.E.L.D. fait face à son anéantissement, le justicier masqué s’alliera avec La Veuve Noire et le Faucon pour combattre et contrer les redoutables plans de ses adversaires.

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Un scénario sur les enjeux sociopolitiques,

Le scénario, principalement axé vers des enjeux sociopolitiques, témoigne pourtant d’une grande simplicité. Son premier visionnage n’instaure nul coup de théâtre : discerner le vilain principal ou le destin des personnages sera une chose aisée. Heureux de revoir Chris Evans endosser le costume du super-héros – et de même pour l’ensemble des anciennes figures « marveliennes » comme Samuel Lee Jackson jouant Nick Fury ou Scarlett Johansson interprétant Natasha Romanoff –,  aucun n’est davantage exploité sauf si l’on considère les idylles et les incessants entraînements de Rogers comme de véritable arguments d’études du personnage. De même, les nouveaux arrivants comme James « Bucky » Barnes (Sebastien Stan), plus connu sous le nom du Soldat de l’hiver,  Sam Wilson / Le Faucon (Anthony Mackie) ou encore d’Alexander Pierce (Robert Redford) subissent le même traitement malgré l’attachement que nous pouvons leur porter. Par exemple, les relations entre les protagonistes sont négligées ; la part d’humanité des personnages peut paraître inexistante, mais la prestation des acteurs restent néanmoins à saluer.

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Combien même la production essaye de revendiquer le réalisme de Captain America, ce dernier se retrouve saboté par les innombrables effets spéciaux déversés sur chaque scène d’action, provennant de l’influence du grand spectacle inauguré dans Avengers, aussi reconduit dans Iron Man 3.

Captain America

Enfin, ce deuxième volet dédié à Captain America bénéficie d’une pauvre musicalité. On ne compte pas de thème récurrent mais simplement une musique d’ambiance pour traduire l’action déjà trop présente visuellement. Henry Jackman (Capitaine Phillips, Les Mondes de Ralph), anciennement sous la tutelle d’Hans Zimmer, nous a habitué à nettement mieux ! Les effets visuels, accompagnés de multiples bruitages, avivent l’expérience divertissante de son spectateur, mais son émotivité n’est aucunement interpellée.

Dans un mélange d’humour et d’action, Captain America : Le Soldat de l’Hiver, ni bon ni mauvais, peine à nous convaincre. Après deux films consacrés à ce super-héros, Marvel témoigne la difficulté d’adapter solitairement Chris Rogers sur le grand écran. Et d’autre part, il semblerait que la recette miracle du studio commence à lasser son spectateur… Pour autant, nous attendons toujours les prochaines productions avec impatience !

Steve Rogers

Il est entendu que le deuxième volet des aventures de Steve Rogers ne peut se contenter d’une place quelconque et fortuite dans un Marvel Cinematic Universe toujours en expansion notable, et cela même, au sein d’une phase II quasi-déterminante pour l’avenir des Marvel Studios. Se convaincre de manière assurée que la portée d’une telle production sur le ressenti de la critique et du box-office, ainsi que sur les prochaines marches à gravir pour les studios, aurait pour conséquence l’exultation ou au contraire l’effondrement général d’une entreprise démarrée depuis 2008 avec Iron Man, serait quelque peu emphatique. En revanche, douter une seule seconde du lien indéfectible que représente Captain America : le Soldat de l’Hiver entre la phase I, l’ouverture et l’achèvement de la phase II du Marvel Cinematic Universe ne serait pas concevable. Car s’il y a bien une production des Marvel Studios qui constitue, plus que tout autre prédécesseur, à la fois le symbole de continuité de l’univers Marvel au cinéma ainsi qu’une amorce efficace préparant le grand final d’Avengers : Age of Ultron, c’est bel et bien celle-ci !

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La suite de Captain America : First Avenger

En outre, la suite de Captain America : First Avenger suggère, et c’est là toute sa profondeur scénaristique, des éléments narratifs amenés à déconstruire ce qui a été édifié dans l’adaptation Marvel au cinéma. Une déconstruction qui, par sa subtilité, profite aux devenirs des personnages et ouvre de nouvelles voies au Marvel Cinematic Universe qui prend dès lors plus de relief.  Enfin, si le dernier-né des Marvel Studios n’avait réellement pas besoin de s’auto-promouvoir de manière intense, c’est que ses qualités intrinsèques suffisent à son succès escompté. S’il fallait s’amuser à schématiser l’organigramme olympien des Marvel Studios, on pourrait aisément positionner les frères Joe et Anthony Russo aux côtés de Joss Whedon, grand manitou et édificateur du Marvel Cinematic Universe, d’autant plus que le patron Kevin Feige a profité de la sortie du film pour officialiser publiquement qu’il renouvelait sa confiance au duo fraternel pour mettre en scène le troisième opus des aventures du premier Vengeur, planifié pour le 6 mai 2016, au cœur d’une phase III pressentie comme symbole de renouveau de la mythologie du Marvel Cinematic Universe. Les adaptateurs cinématographiques de la Maison des Idées regorgent de créativité et de bon sens quant à l’enchaînement et l’approfondissement logiques de l’univers des Vengeurs. C’est autant de fulgurance qui se concrétise dans Captain America : le Soldat de l’Hiver, un tournant majeur bien senti par les studios après des Iron Man 3 et des Thor : le Monde des Ténèbres, qui ont, chacun à leur façon et pour des raisons différentes, fait couler beaucoup d’encre, un défi réel mené avec virtuosité et rigueur par la production.  Le film, qui sort sur les écrans français le 26 mars 2014 et aux Etats-Unis le 4 avril, jouit d’une aura incontestable et peut s’enorgueillir de bouleverser l’ordre établi avec un brio que Les Gardiens de la Galaxie aimeraient sans doute s’accaparer également en août prochain.

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Steve Rogers alias Captain America

Steve Rogers alias Captain America est le leader moral de l’équipe des Vengeurs, le diplomate incarné, le patriotisme modéré, dans une forme naturelle d’humilité et de simplicité, tant dans l’image et le tempérament véhiculés que dans ses super-pouvoirs octroyés. Son rôle essentiel fait sans doute du super-héros, apparu pour la première fois dans les comics en 1941 grâce à Joe Simon et Jack Kirby, la clé de voûte d’une équipe, et non des moindres, puisqu’elle se compose de Tony Stark / Iron Man, Thor, Bruce Banner / Hulk, Clint Barton / Œil-de-Faucon et Natasha Romanoff / la Veuve Noire. Les Marvel Studios réussissent avec Cap’, un pari pas gagné d’avance : faire accepter ce personnage fondamental des Vengeurs au public des autres continents que l’Amérique. Il va sans dire que ce même pari était d’autant plus malaisé avec un costume un tant soit peu kitsch, une apparence de premier de la classe,  ainsi qu’une mise en exergue d’un amoureux fou, non pas de l’Amérique telle qu’on l’entend mais bel et bien des valeurs américaines d’une époque (le contexte de la Seconde Guerre Mondiale) et qui ont traversé le temps, alors que ce défenseur invincible des Etats-Unis, arborant l’uniforme et le bouclier aux couleurs de sa nation, est resté prisonnier de la glace plusieurs décennies durant. Voilà le postulat de la base, et s’il est admis aujourd’hui que le super-héros s’est ancré avec un succès critique et commercial non démérité auprès du public, la tâche n’était pas pour autant moins ardue au moment de la première adaptation cinématographique pour les Marvel Studios. Captain America : First Avenger, de Joe Johnston, a su proposer aux spectateurs en 2010, une vision modérée du kitsch et de l’old school attendus, un souffle innovant dans le récit super-héroïque au cinéma, et, chose notable, un terrain propice à l’intégration des Vengeurs en 2012. En nous plongeant dans la lutte contre les forces nazies durant la Seconde Guerre Mondiale, le Super-Soldat amène, de façon rétro mais plaisante, le fer de lance de sa mission première. Et ce volet introductif respecte le rôle de chaque intervenant tout en anticipant sur le futur du super-héros. On assiste donc à la déchéance de l’ennemi juré de Captain America, le Crâne Rouge, à l’amitié de Bucky Barnes et Steve Rogers, et à leur séparation, au rôle prédominant de l’Agent Peggy Carter, à l’imposante force de propagation de l’HYDRA. Le film préfigure également des éléments narratifs fondamentaux comme le S. H. I. E. L. D. et transcende l’engagement patriotique de Cap’ à une forme plus intemporelle, laissant présager que les valeurs du héros pourront servir la cause des Vengeurs à tout moment dans l’avenir. Le long-métrage Captain America : First Avenger (368 millions de dollars de recettes dans le monde) constitue un véritable hommage aux premiers comics du héros Marvel, tout en offrant un avant-goût certain de Marvel’s Avengers, grâce à une mise en scène et des dialogues finement ciselés.

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Kevin Feige à la tête de Marvel Studios

La même année que la sortie de ce premier volet, Kevin Feige annonce la préparation d’une suite prévue pour 2014. Entre temps, le premier Vengeur est définitivement sacralisé dans l’évènement cinématographique que constitue assurément Marvel’s Avengers, de Joss Whedon, en 2012. La découverte du XXIème siècle par Steve Rogers, le côté décalé (souvent humoristique) qui en découle, l’assurance du meneur de troupe, la nostalgie incarnée d’une Amérique de justice et de liberté, le discernement du super-héros face à des situations qui pourraient vite le dépasser, encore une fois sa simplicité flagrante à côté de ses collègues de bataille, font de Captain le héros modèle et sans aucun doute l’un des préférés du public. Les Marvel Studios se confortent avec la notoriété grandissante du super-héros dans Marvel’s Avengers, leur permettant d’aborder sans mal la suite de ses aventures après les événements désastreux de New York. Jusqu’à Captain America : le Soldat de l’Hiver, Marvel a su édifier avec assez de panache et de passion son univers cinématographique. En raflant le triomphe international avec la saga Iron Man, en intégrant le personnage de Thor non sans démériter, en assimilant cet univers super-héroïque au commun des mortels avec la série Marvel’s Agents of S. H. I. E. L. D., ouvrant la voie aux personnages plus secondaires de l’écurie marvellienne et aux aventures plus terre à terre de nos agents à la télévision, en ponctuant cet univers de courts-métrages One-Shot-Marvel tous plus bluffants les uns que les autres, tels des briques complémentaires et logiques aux long-métrages, les Marvel Studios font preuve d’audace et d’ingéniosité d’année en année.

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phase II du Marvel Cinematic Universe

La phase II du Marvel Cinematic Universe bien entamée avec Iron Man 3 et Thor : Le Monde des Ténèbres, la suite des aventures de Captain America débarque inéluctablement pour le bonheur de tous les aficionados du Vengeur aux couleurs étasuniennes. Il va sans dire que pour apprécier  et aborder à sa juste valeur le film, le spectateur devra passer par un petit cours de révision en (re)visionnant d’une part, Captain America : First Avenger et Marvel’s Avengers, et d’autre part deux des courts-métrages complémentaires, étendant l’univers cinématographique marvellien, à savoir Article 47 et le récent Agent Carter. Eh oui, s’il faut parler d’une réelle continuité, c’est bien le cas, car le second volet des aventures de Steve Rogers s’offre le luxe de raccorder la phase II habilement, et c’est ce qui fait sans doute sa force. Jamais un film de cet acabit n’a à ce point permis l’osmose scénaristique d’un univers bien plus étendu. Tout laisse à penser que l’introduction d’Avengers : Age of Ultron différera en tout point, à commencer par l’ambiance, de son prédécesseur Marvel’s Avengers, car il ne s’agira plus d’installer un univers, mais de l’accentuer et de l’épanouir dans une vision respectueuse des comics et du Marvel Cinematic Universe et en essayant de toujours garder de l’innovation. En cela, Captain America : le Soldat de l’Hiver avait le devoir (vanne inévitable) de forcer la trame du grand final de la phase II. Il n’en reste pas moins une excellente suite du premier film de 2011. Double consécration à mentionner donc pour le film qui assure continuité du passé et de l’avenir plus ou moins proche.

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Le PDG des Marvel Studios, Kevin Feige,

A jeté son dévolu une fois encore sur le duo de scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely, à qui l’on doit les scenarii de Captain America : First Avenger et Thor : le Monde des Ténèbres, afin de créer l’histoire parfaite du super-héros dans sa recherche d’adaptation au monde contemporain après les évènements survenus à Manhattan. Dans la lignée logique des péripéties du Super-Soldat, il fallait sélectionner une intrigue assez intense et durable pour pouvoir occuper le super-héros, une intrigue qui ne demandait qu’à lier le passé et le futur. Et cette adaptation prend vie comme on pouvait l’imaginer grâce au comics éponyme Captain America : le Soldat de l’Hiver du brillantissime Ed Brubaker qui a su relancé, en 2005, la franchise de Cap’ sur papier avec la série susnommée Captain America (Vol. 5). Entré en 2004 au sein de la Maison des Idées, l’auteur s’est affranchi de tous les codes scénaristiques existants pour accoucher d’un récit haletant et rocambolesque dans lequel le S. H. I. E. L. D., Nick Fury et la Veuve Noire prennent une toute autre dimension. Enfin, comment outrepasser l’entrée fracassante du fameux et mystérieux Soldat de l’Hiver (Captain America (Vol. 5) #6), qui sévit par ses attentats depuis bon nombre d’années ? Bref, une mythologie assurément prolifique, digne d’un grand blockbuster Marvel.  Et si les influences d’une autre de ses séries célèbres, Secret Warrior, se fait ressentir dans le scénario, cela ne pourrait pas être anodin. Un socle scénaristique enclin à ne pas prôner l’humour à tout va comme les Marvel Studios aiment à l’utiliser dans ses productions. Ici et là, les scénaristes ont subtilement dosé les moments de légèreté sans tomber dans le superflu qui n’avait absolument pas sa place dans l’intrigue.

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Le duo de réalisateurs  Anthony et Joe Russo

Caméras à l’épaule, les frères Anthony et Joe Russo n’en sont pas moins parmi les mieux placés pour sublimer un tel bijou de scénario. Ce duo de réalisateurs et scénaristes, remarqué au Slamdance Film Festival de Park City (Utah), et à l’American Film Institute Festival à Los Angeles pour leur premier film d’étudiants, Pieces (1997), a démarré une carrière professionnelle avec la comédie Bienvenue à Collinwood en 2002, produit par la Section Eight de Steven Soderbergh et George Clooney. C’est alors qu’ils entament une période de production et de réalisation pour la télévision, domaine de leur carrière qu’ils n’abandonneront jamais. En 2006, ils signent, avec Toi et moi… et Dupree, leur troisième film récoltant bien plus de critiques négatives ou mitigées que de positives. Un point d’arrêt dans leur carrière sur grand écran bien qu’ils continuent ardemment la réalisation de certains épisodes de séries comme Lucky en 2003, Arrested Development, de 2003 à 2005,  ou encore Happy Endings de 2011 à 2012. Il leur faudra attendre l’année 2012 pour se voir octroyer une nouvelle réalisation au cinéma, celle de Captain America : le Soldat de l’Hiver. C’est au Comic Con International de San Diego 2012 que leurs noms sont officialisés par les Marvel Studios à la tête de la production aux attentes multiples. La confiance a été renouvelée par ailleurs dans les frères Russo puisqu’ils ont confirmé leur retour à la tête de Captain America 3 pour 2016, confortés par l’officialisation des Marvel Studios par la voix de Kevin Feige. C’est le 1er avril 2013, script achevé, que le tournage du film démarre à Los Angeles, Cleveland et Washington, D. C.

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Après les événements cataclysmiques de New York relatés dans Marvel’s Avengers, Steve Rogers, alias Captain America, vit désormais à Washington, où il s’efforce de s’adapter au monde moderne. Mais lorsqu’un collègue du S.H.I.E.L.D. est attaqué, Steve se retrouve impliqué dans un réseau d’intrigues qui menace le monde entier. Avec la Veuve Noire, il va tenter de déjouer une conspiration de plus en plus tentaculaire, et d’échapper aux tueurs professionnels envoyés pour le faire taire. Quand l’étendue du complot maléfique est enfin révélée, Captain America et la Veuve Noire sollicitent l’aide d’un nouvel allié, le Faucon. Ils sont bientôt confrontés à un ennemi aussi redoutable qu’inattendu : le Soldat de l’Hiver.

Le film s’impose par ses atouts indiscutables : son intrigue étonnante aux tonalités tantôt de récit d’espionnage tantôt de thriller politique, se mêle aisément aux scènes spectaculaires qui s’enchaînent tout au long du film. Une dualité sensible qui contraste, non seulement avec le reste du Marvel Cinematic Universe mais qui place le troisième volet de la phase II en position dominante. Sans doute le film le plus réussi ! La force du blockbuster des frères Russo, force étant le mot juste du film, c’est de faire ressentir la puissance de l’histoire sous toutes ses coutures au spectateur. Saluons la performance avant toute chose de Chris Evans qui ne tarit pas de montrer cette force. Car une fois la force physique mise brillamment en valeur par des chorégraphies de combat en tout point impeccables, la force de l’esprit et du cœur de Cap’ s’empare des âmes spectatrices tant le degré d’interprétation invoqué par l’acteur est important. On peut ressentir pleinement l’amour de Chris Evans pour son personnage. Et là où réside le talent de l’acteur, c’est dans la réaction du spectateur qui, au moment où l’intrigue prend réellement toute sa place (le contenu du film démarrant à un rythme plutôt lent), se met à la place du héros pris dans un combat du devoir. On ne peut que s’immiscer dans cette enquête aux allures inextricables ; on finit par se perdre à quelques répliques du récit en suivant tout autant de près la poursuite de cette histoire qui s’apparente à une prospection bien calibrée, amenant les héros – Captain et la Veuve Noire – qu’à la montée d’une guerre super-héroïque.

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L’émotion est astucieusement équilibrée durant la narration. Et notre héros, bien que revenu dans les temps modernes et essayant tant bien que mal de s’y adapter, ressent l’amère nostalgie de ses années 40 qui semblent lui manquer. Et son lourd passif le suit jusqu’à son présent, c’est un premier élément à régler pour Steve Rogers. La morale prodiguée dès le début du film ajoute à la nostalgie ambiante liée au héros désormais résident du XXIème siècle.

Le génialissime duo des frères Russo réussit là où l’on n’attend pas nécessairement un super-héros de cet ordre. En menant d’une main de maître (de deux en l’occurrence) l’action du film comme une introspection au cœur d’éléments narratifs majeurs du Marvel Cinematic Universe, ils permettent à nos héros de prendre une dimension psychologique et intellectuelle originale, sans pour autant les démunir de leur authenticité super-héroïque : en témoignent pleinement toutes les scènes d’affrontements, le grand final explosif étant l’une des conclusions les plus abouties qui soit dans la filmographie marvellienne. Peut-on parler en conséquence d’une renaissance de Captain qui, dans une autre époque, n’aura jamais été au mieux de sa forme ? Eh bien, voilà toute la vérité. Steve Rogers est plongé dans une autre temporalité à nuancer fortement avec la Seconde Guerre Mondiale et les événements qu’il doit combattre ici sont tout autres. Inévitablement, le ton employé aussi. Les relations avec ses nouveaux acolytes ne peuvent que conférer au Super-Soldat un relief supplémentaire. L’intervention d’un personnage comme Peggy Carter ne peut être que salutaire pour lier les deux volets du premier des Vengeurs.

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Partant du postulat d’un choix radicalement différent des thématiques souvent abordées dans le Marvel Cinematic Universe, Captain America : le Soldat de l’Hiver prend le parti d’outrepasser tout enjeu fantastique ou science-fictionnel. La structure du scénario suit réellement l’intrigue d’un roman d’espionnage en partant d’une situation factuelle qui plongera les personnages dans une prospection de plus en plus profonde, bien malgré eux. Le style du thriller politique ne s’en fait que plus ressentir entre complots, négociations et découvertes surprenantes. Les choix scénaristiques corrigent la ligne habituelle des films Marvel Studios tout en y demeurant assez habilement intégré. Ajoutons à cela que l’humour n’en est pas pour autant abrogé, en dépit du fait qu’il soit moins utilisé pour boucher les éventuelles carences scénaristiques souvent pointées du doigt dans les précédents opus du Marvel Cinematic Universe. Ici, l’humour est distillé pour mieux parfaire les dialogues. Certaines situations dues à la nouvelle vie que mène Steve Rogers font esquisser un sourire, notamment le moment de la fameuse liste qui en étonnera plus d’un par son contenu…

Alors, si le scénario est, semble-t-il, d’une précision bien carrée, est-il soutenu en ce sens par la distribution ? Pour le malheur des uns et des autres, tous les cas ne sont pas à rassembler dans le même pot commun. Car, s’il y a bien un meneur qui tient la barre du bateau sans difficulté aucune, le reste du casting souffre d’une composition disparate, bien qu’à un niveau de prestation assez élevé dans l’ensemble. Un Chris Evans toujours aussi clinquant et sans faute garde son aura authentique et préserve la psychologie du personnage intacte et sans traits grossiers au XXIème siècle. Son interprétation juste et inventive et son galbe irréprochable sont les facteurs principaux de la réussite du film qui tient, quoi qu’on en dise, beaucoup au premier rôle. Ses interactions avec les nouvelles figures (certaines déjà rencontrées dans Marvel’s Avengers) sont à la hauteur. Le devenir de Steve Rogers est incertain après ses aventures à New York en compagnie de ses amis Vengeurs et il ignore si son rôle des années 40 peut trouver preneur dans la modernité du monde. Une place à s’octroyer seul ? C’est sans doute ce que les frères Russo ont voulu signifier. Captain America doit se réapproprier cette modernité et concilier son tempérament et sa morale dans un contexte inédit pour lui. Chose pas si aisée quand on y pense. Un super-héros de cet acabit, avec une expérience personnelle bien particulière, ne peut pas perpétuer tout l’esprit d’un personnage attaché à la première moitié du XXème siècle. Steve Rogers nous livre, dès lors, une véritable évolution de sa personne par le doute et le questionnement. Il garde, malgré tout, le dynamisme et la sympathie que l’on connait au personnage.

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Scarlett Johansson

Justesse de jeu par ailleurs en la personne de Scarlett Johansson, sublime parmi les sublimes, qui amène de nouvelles couleurs et de nouvelles formes au personnage de Natasha Romanoff alias la Veuve Noire. Cette dernière ne cesse de muter au fil du Marvel Cinematic Universe en gagnant, à chaque film, un peu plus de profondeur. La part de mystère sur le passé du personnage reste au demeurant toujours intacte, même si l’on en apprend un peu plus, ce qui nous laisse présager que de belles révélations pourraient être amenées dans Avengers : Age of Ultron. Par ailleurs, si pour la première fois, le personnage prend une direction pas nécessairement attendue, l’équilibre entre action et parole y est. Natasha Romanoff n’a pour la première fois pas l’intention de se ranger derrière le jugement masculin, en particulier celui de Captain America, qui entretiendra une relation tout en relief avec le personnage. Voilà sur quoi pourrait reposer tout le charme du film et de sa distribution, le duo parfait incarné par Steve Rogers et Natasha Romanoff.FZ-07738_R

Samuel L. Jackson est Nick Fury 

Mais un autre duo naturel à mentionner sans mal est sans doute celui de Nick Fury et Alexander Pierce, joués respectivement par Samuel L. Jackson et Roberd Redford, qui ne déméritent pas l’un et l’autre dans des situations parfois diamétralement opposées. Le S. H. I. E. L. D., excellemment représenté par ces deux figures, poursuit lui aussi sa propre histoire, le film sur ce super-héros terre à terre s’y prêtant naturellement. Et c’est avec plaisir que l’organisation «normalement secrète» (vous en jugerez par vous-même) fait intervenir à nouveau des icônes du Marvel Cinematic Universe comme l’Agent Maria Hill (Cobie Smulders).

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Les rôles secondaires chez les Marvel Studios sont toujours autant appréciés et intéressants dans l’intrigue. En revanche, l’Agent Phil Coulson est absent du générique, et pour cause, trop occupé dans la série qui lui est consacré. On retrouve également Jasper Sitwell (Maximiliano Hernández). Après le S. H. I. E. L. D., place aux nouvelles super-têtes du film. Le rôle de Sam Wilson, mieux connu sous le nom du Faucon, prend tout son éclat dans son premier film. Son rôle aux côtés de Captain est déterminant. L’utilisation que Marvel fait du personnage est somme toute alléchante. Sam Wilson, ancien soldat, dévoile l’un des secrets technologiques que l’armée américaine utilisait, à savoir un équipement à taille humaine permettant de voler. La splendeur que confèrent les ailes mobiles au personnage en fait un atout notable. En revanche, si l’acteur Anthony Mackie, qui lui prête son visage, a sans doute trouvé la formule optimale dans l’incarnation du personnage, ses interventions n’en sortent pas pour autant grandies, si bien qu’on oublie vite que voler chez Marvel est une prouesse pas donnée à tout le monde. Ce n’est pas un Angel ou un Iron Man qui nous éblouit. Steve Rogers et Natasha Romanoff couvrent peut-être trop l’intrigue mais une chose est certaine, le Faucon n’a pas vraiment prouvé qu’il était capable de se placer dans les rangs des Vengeurs en 2015. Et si chaque personnage du film a eu vraisemblablement son moment propre, le Faucon ne peut pas en dire autant, et c’est ce que l’on regrette. On espère malgré tout le voir plus abouti dans le second volet des Vengeurs. En outre, il est appréciable de savourer de belles performances, comme celle d’Emily VanCamp dans la peau de Sharon Carter, qui amène une nouvelle dimension dans la vie sociale de Steve Rogers. Rien de bien méchant, mais il est fort probable, là aussi, de compter avec ce nouveau personnage dans les prochains films de la filiale cinématographique de la Maison des Idées. Comme dit précédemment, le passif de Captain America reste présent dans une partie du film, tout au moins. Le personnage symbolique de Peggy Carter (Hayley Atwell) le fait resurgir, sans pour autant noyer le scénario inutilement. Les interventions de l’ex-petite amie de Steve Rogers servent soigneusement la direction générale du scénario. Point fort ! Un autre personnage secondaire de l’écurie Marvel amène du sang neuf au film, c’est Brock Rumlow, incarné par Frank Grillo. Cet ancien mercenaire au service du S. H. I. E. L. D. prouve, là aussi, que les seconds rôles ont tous leur importance dans des films du Marvel Cinematic Universe.

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Enfin, et c’est tout l’enjeu du film, le titre en étant l’exemple premier, le cas du Soldat de l’Hiver interroge. Doit-on s’attendre, en parallèle de l’histoire que mène Captain America, à une histoire parallèle sur le passé, le présent et le futur de ce personnage énigmatique et menaçant ? On déplore, là-aussi, que la production n’ait pas suffisamment attaché d’importance à explorer ce personnage emblématique, qui porte à moitié l’intitulé du film. De là à dire que le passé et le devenir du personnage sont survolés, il n’y a qu’un pas… Mais il est assez aisé de croire que les Marvel Studios ont souhaité ne pas trop en dire et vouloir absolument tout caser sur le personnage dans ce film. C’est un mystère de plus que les studios souhaitent alimenter de film en film. En effet, son acteur Sebastian Stan, apportant avec talent toute la déshumanisation nécessaire au personnage, a avoué avoir signé un contrat pour neuf films produits par les Marvel Studios, preuve que son personnage n’a pas fini de faire parler de lui dans les prochains volets. Par conséquent, les réalisateurs nous présentent le personnage sans précipiter les choses. Mais, il y a peut-être un petit manque qui se fait sentir vers la fin du film. Le Soldat de l’Hiver est directement extrait de la série d’Ed Brubaker.  C’est un être dépourvu de sensibilité et de souvenirs puisqu’il est composé en partie d’éléments robotiques et non humains. Un cœur de glace et une mémoire effacée qui forcent le trait mystérieux de ce super-soldat programmé pour exécuter des ordres et des missions, celles-ci étant souvent les mêmes, menacer et tuer sans âme ni conscience. On comprend mieux qui manipule ce nouvel ennemi auquel est confronté Cap’ dans la deuxième partie du film.

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Alors, s’il faut s’attendre à un Marvel’s Avengers « 1.5 », la réponse est mitigée. Pas d’aliens, de super-pouvoirs à foison ou d’humour trop chargé, mais une subtile progression dans la phase II du Marvel Cinematic Universe qui nous amène, tranquillement mais sûrement, à une toute autre ambiance dans Avengers : Age of Ultron.  Quid de la partition composée par Henry Jackman (Les Mondes de Ralph) qui devrait faire transparaître cette évolution ? Elle ne provoque ni réjouissance ni déception, mais ne fait certainement pas le poids face aux musiques composées par Alan Silvestri (Captain America : First Avenger et Marvel’s Avengers) ou Bryan Tyler (Iron Man 3 ; Thor : Le Monde des Ténèbres et Avengers : Age of Ultron en 2015). Les motifs sont tout trouvés et n’en ressortent donc pas grandis. L’action comme l’émotion qui demandent à être pulsées ou bercées ne sont pas suffisamment portées par le score, qui reste malgré tout très correct au niveau du film.

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Après tout ça, ce qui prime et participe allègrement à la réussite du film, c’est son action, menée de bout en bout comme une symphonie pertinente et bluffante. Captain America : le Soldat de l’Hiver parvient, par son mélange d’action et d’intrigue politique, à impressionner sans vergogne. L’action y prend une place importante et jamais inutile. Le travail qui a été fait dans les effets spéciaux est vraiment prodigieux. On n’a plus affaire à de la vulgaire conclusion à la Thor : Le Monde des Ténèbres ou Iron Man 2, mais bel et bien à un spectacle final des plus impressionnants qui soit de tout le Marvel Cinematic Universe. L’une des artères vitales des Marvel Studios est son pouvoir à créer l’impossible sur écran, et là, on se délecte à chaque seconde durant les scènes d’action. Les chorégraphies de combat stylisées et calibrées sont en tout point magnifiques. A moto, sur l’un des trois vaisseaux titanesques, à pied… Captain America nous surprend à chaque fois. Le réalisme des affrontements n’en est que plus beau à regarder.

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La complexité des éléments mis en jeu dans le film, mêlant plusieurs univers, ne gâche rien. Au contraire, l’osmose s’opère grâce au scénario habile et juste. Suivi du S. H. I. E. L. D., poursuite de la vie du super-héros Cap’, bouleversement avec l’arrivée du Soldat de l’Hiver, approfondissement du personnage de la Veuve Noire, futur envisagé des Vengeurs, position de Nick Fury, construction de l’univers contemporain de Steve Rogers, apport bénéfique d’un Faucon, synergie et vecteur de liens avec les autres films du Marvel Cinematic Universe et leurs mondes, tous ces éléments qui ne peuvent que conforter le contrat riche rempli par le film.

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Captain America : le Soldat de l’Hiver étonne réellement sous tous les aspects et provoque l’envie irrésistible de se retrouver en 2016 pour découvrir le troisième volet officialisé. Ce bijou de rebondissements, d’introspection et d’action, rythmé sans discontinu, renverse la balance de la monotonie des thématiques engagées dans le Marvel Cinematic Universe, va à contrario de certaines idées reçues et permet à Steve Rogers de se hisser bien au-delà d’un Thor ou d’un Tony Stark. Le lien indéfectible qui rassemble les films des Marvel Studios se retrouve plus que jamais dans ce volet de la phase II. C’est surtout l’entièreté du scénario bêton et le rayonnement des personnages, à commencer par le premier rôle toujours aussi impeccable, qui font de ce volet un must en la matière. Avec une verve géniale et une toile impressionnante sur la saga Marvel au cinéma, la suprématie Cap’ est assurée pour le second volet des Vengeurs en 2015. On regrettera peut-être de ne pas découvrir dans le film quelques points partagés avec la série Marvel’s Agents of S. H. I. E. L. D. [qui risque de connaître des chamboulements par la suite à cause l’intrigue]. C’est d’autant plus vrai quand on apprend les nombreuses révélations faites dans le film (soyez d’ailleurs vigilants à toutes les répliques du film). Les deux scènes post-génériques sont, pour le coup, très importantes de par ce qu’elles dévoilent pour la suite des aventures ou mésaventures de nos super-héros marvelliens, qui n’en ont définitivement pas fini de nous émerveiller à tout bout de champ, sans nous lasser un seul instant. Deux conseils : courez voir Captain America : le Soldat de l’Hiver, très grand film des Marvel Studios, et restez dans votre siège confortable jusqu’à la toute fin du générique. Riche, cohérent et fort, le deuxième volet cinématographique des aventures de Steve Rogers confirme le talent et la plénitude de studios au potentiel immense. On est fan !

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