Ratatouille ou l’histoire d’un Grand Chef !

Publié par Magali Milanini le 26 octobre 2017 | Maj le 10 mai 2018
  • Production : Disney Pixar
  • Titre original :  Ratatouille
  • Titre français : Ratatouille
  • Diffusion française : 1er août 2016
  • Diffusion américaine : 24 juin 2016
  • Réalisateur : Brad Bird
  • Scénario : Brad Bird, Jan Pinkava, Jim Capobianco
  • Musique : Michael Giacchino

Ratatouille

Synopsis : Rémy est un jeune rat qui rêve de devenir un grand chef français. Ni l’opposition de sa famille, ni le fait d’être un rongeur dans une profession qui les déteste ne le démotivent. Rémy est prêt à tout pour vivre sa passion de la cuisine… et le fait d’habiter dans les égouts du restaurant ultra coté de la star des fourneaux, Auguste Gusteau, va lui en donner l’occasion ! Malgré le danger et les pièges, la tentation est grande de s’aventurer dans cet univers interdit. Écartelé entre son rêve et sa condition, Rémy va découvrir le vrai sens de l’aventure, de l’amitié, de la famille… et comprendre qu’il doit trouver le courage d’être ce qu’il est : un rat qui veut être un grand chef…

Ratatouille ou comment faire de la grande cuisine quand on mesure 20 cm ?

Disneyland Paris a été gourmand en cette fin d’année. Si gourmand qu’il a même organisé son propre festival « Rendez-Vous Gourmand » du 8 au 24 septembre ! Malgré l’évènement passé, nous vous proposons de plonger une nouvelle fois dans cet univers culinaire, notamment au travers du regard d’un petit rongeur pas plus haut qu’une pomme et qui n’a pour lui qu’un odorat très développé et une sensibilité aiguisée. Nous parlons bien de notre rat favori : Rémy ! Alors, nous vous proposons de suivre la présentation et l’analyse d’un film d’animation qui a ému et émerveillé les salles de projection en 2007.

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Ratatouille : Tout commence par une partie d’échec.

Tout commença avec un joueur d’échec

Pour remettre les casseroles dans le bon ordre, l’idée originale de « Ratatouille » est développée par Jan Pinkaya en 2001. Auteur notamment du court-métrage Pixar « Le joueur d’échec », Pinkaya avait imaginé l’histoire grâce à sa femme : « Les gens veulent toujours savoir d’où viennent les idées. La vérité est qu’un jour, je me tenais dans la cuisine avec ma femme et que tout à coup j’ai eu cette idée : et si un rat voulait devenir un chef de cuisine ? »

Se mettant aussitôt au travail, Pinkaya met en place le scénario, les costumes, le paysage, et contacte même une experte en rats pour connaître les habitudes et les caractéristiques des rongeurs ! Mais en 2005, le réalisateur des Indestructibles, Brad Bird remplace Pinkaya pour renforcer la relation des personnages et leur rôle autour du jeune Rémy.

Le scénario retouché, Brad Bird se lance alors dans un véritable voyage culinaire auprès d’autres collaborateurs pour découvrir Paris. Pendant une semaine, l’équipe visitera les monuments principaux de la ville et se régalera aux meilleures tables de Paris pour comprendre son environnement à la fois chic et romantique. A leur retour, il fallait encore consulter des chefs gastronomiques et des animateurs d’écoles culinaires. Mais ce travail de patience a alors permis la réalisation d’un film qui a autant marqué les esprits par son effet graphique très recherché (avouez que vous aviez envie d’une bonne ratatouille à la fin du film !), que par la musique soignée de Michael Giacchino ou même la relation si sensible entre Linguini et Rémy. C’est tout cet ensemble de recherche et de travail sur les petits détails qui a valu à « Ratatouille » l’oscar du meilleur film d’animation en 2008.

Et si vous tendez l’oreille, vous entendrez quelques voix connues dans la version française, notamment,

  • Camille qui chante « Le Festin » mais donne aussi sa voix à Colette,
  • Pierre-François Martin-Laval (Pef) pour Émile,
  • Jean-Pierre Marielle pour Gusteau,
  • Christophe Hondelatte pour la voix du narrateur,
  • Cyril Lignac pour la voix de Lalo !

D’ailleurs, la sensibilité du film ne nous est pas inconnue : elle nous rappelle très nettement la manière dont nous percevons nos propres passions. Ainsi, Ratatouille ne raconte pas forcément l’histoire de la cuisine, mais l’histoire d’un rêve que l’on souhaite réaliser. Mais comment faire pour le réaliser quand on est petit, poilu, et avec de grandes dents ?

Petit contexte de l’histoire

Qui est Rémy?

Si vous avez vu le film, tant mieux ! Sinon petit rappel pour les retardataires qui n’ont pas encore regardé ce petit bijou : Ratatouille raconte l’ascension d’un petit rat nommé Rémy, qui rêve de devenir cuisinier. Séparé de sa famille lors d’une fuite en catastrophe de sa colonie qui est chassée de son logement, Rémy fait la rencontre d’un jeune humain nommé Linguini qui va lui permettre de cuisiner dans l’un des grands restaurants de Paris : Chez Gusteau ! Mais la vie est dure pour ce petit rongeur qui est toujours menacé de finir en ragout ! Surtout quand l’un des plus grands critiques gastronomiques entend parler de ses exploits…

Les rats ne font pas des cuisiniers !

« Tout le monde peut cuisiner »

Gusteau : « La grande cuisine n’est pas faite pour les timorés. Il faut avoir de l’imagination, de l’audace. Il faut prendre le risque de commettre des erreurs et personne n’a le droit de vous imposer des limites, quelles que soient vos origines, d’où que vous veniez. Votre seule limite, c’est votre âme. C’est la vérité, tout le monde peut cuisiner, mais le véritable génie, n’appartient qu’aux audacieux. »

« Pure poésie », comme dit Rémy ! C’est un peu l’effet qui nous est partagé lorsque l’on voit ce grand chef cuisinier monologuer sur sa passion. Ce passage fait d’ailleurs partie d’une introduction intéressante : d’habitude, Pixar et Disney mettent un point d’honneur à poser une problématique morale impliquant plusieurs idées cachées (souvenez-vous des Indestructibles et de ses personnages qui sont en plein dilemme moral). Mais ici, « Ratatouille » défend une morale seule : « tout le monde peut cuisiner ».

Et il faut bien avouer que cette idée est mise à rude épreuve ! C’est d’ailleurs ce qui le différencie des autres films d’animations : Ratatouille n’a pas pour but de moraliser sur la passion mais de prouver qu’il faut se battre pour ce que l’on a envie de faire en énumérant point par point tout ce qui pourrait nous faire flancher. Et c’est sur quelques-uns de ces points que nous allons centrer notre analyse.

Alors, entre nous, Rémy, pour commencer, quelles sont ces « quelques petites choses à revoir » dans ta vie ?

La passion de Rémy pour la cuisine

Une histoire de taille

« Ca… C’est moi… »

Rémy : « Qu’est-ce qui ne va pas ? Primo… Je suis un rat. Autrement dit, la vie est dure. Secundo, j’ai un odorat et un sens du goût extrêmement développés »

L’histoire commence avec un premier monologue où Rémy présente sa situation : il est un rat, donc un animal qui est souvent associé aux maladies, à un environnement insalubre et aux ordures. Sa place est telle qu’on la voit généralement dans : une cave, un grenier, ou des égouts. Et son père le lui rappelle bien… à vrai dire, tout le temps. Mais nous y reviendrons plus tard!

Pourtant, Rémy est curieux. Il fait fi des avertissements de son père (et donc de sa sécurité) pour découvrir sa passion. Il se cache dans la cuisine de sa « logeuse » (une vieille femme campagnarde fortement attirée par les bigoudis, le rose et les produits toxiques) pour apprendre les rudiments de la cuisine, et même une chose que sa communauté n’aurait pas su apprendre : la lecture. Rémy devient une personne autodidacte qui agit purement et simplement pour sa passion : devenir un cuisinier.

Est-ce que la curiosité est un vilain défaut?

Peut-on dire que Rémy est un génie ? Oui. En tout cas, il a une forme d’intelligence qui le pousse à dépasser la limite de ses capacités encore plus loin. Rémy a beau paraître effrayé par la vie, il en reste néanmoins curieux et avide de savoir. Pour notre rat des champs, savoir c’est pouvoir faire de belles choses et s’améliorer en permanence. Savoir c’est pouvoir cuisiner, et c’est la seule chose qui le motive dans cette petite maison de campagne où la cohabitation humain/rat fait des éclats.

Mais Rémy est aussi une personne très égoïste. En se baladant là où ça lui est interdit, le petit rat met en danger la sécurité de sa famille et leur survie. Et quand Rémy et son frère, Émile, sont surpris par leur logeuse dans sa cuisine… autant dire qu’ils auraient pu finir en ragoût !

Les bévues s’enchaînent, les rats dévoilent la cachette de leur communauté et cela les oblige à s’enfuir sur des radeaux de secours. La famille de rats disparaît alors dans les égouts, ne laissant derrière elle que les cris d’une potentielle chute dans les profondeurs… et un Rémy isolé. Seul sur son livre de cuisine, notre rat erre en survivant dans les sombres égouts ; il garde l’espoir d’entendre « un appel, un cri », mais rien. Si ce n’est son imagination qui lui tient compagnie sous la forme d’un Gusteau plein de sérénité :

Quand Gusteau apparaît pour soutenir Rémy

Gusteau: « Ça ne doit pas t’empêcher de croire à tes rêves. Si tu fais une fixation sur le passé, tu ne sauras jamais ce que l’avenir te réserve. Remonte à la surface et regarde !»

L’image de ce naufrage est d’ailleurs intéressante : Alors que tout le monde s’enfuyait pour sa propre survie, Rémy décide de sacrifier la sienne pour sauver sa passion, matérialisée sous la forme d’un livre qui lui a tout appris. D’un côté, ce sauvetage entraîne la séparation avec sa famille, mais de l’autre, cela lui permet de choisir un chemin qui le conduit tout droit… à Paris et près du restaurant de son idole.

Alors est-ce bien ou mal ? Les réponse divergent. Si la séparation avec sa famille l’émeut énormément, il sait qu’il n’a plus rien à perdre à réaliser son rêve puisqu’il a touché le fond. Mais aurait-il pu devenir ce qu’il est à la fin de ce film s’il avait rejoint sa famille (sauve au final) dans les égouts parisiens ? La suite des évènements laisse suggérer que non, et notamment grâce à une personne… humaine : Linguini.

Une histoire d’amitié

Linguini ce grand ami

Linguini : « Tu sais comment cuisiner, je sais comment paraitre… humain ! »

Il est grand, il est maladroit et surtout la tête quelque part dans les nuages, Linguini a tout du profil d’un garçon qui est paresseux et qui enchaîne les petits boulots de rien. Pas de passion, pas d’envies véritables, sa motivation seule est de survivre dans ce monde incroyablement trop dynamique pour lui. A bien des égards, il est presque le contraire de Rémy : il n’a aucune volonté, est effrayé de tout mais… il est humain. Donc il ne ressent pas le danger de se faire ratatiner à coup de claquettes.

Et pourtant, Linguini n’est pas dénué de réflexion ni de folie. Lors de sa rencontre avec Rémy, les deux risquaient quelque chose : l’un son emploi, l’autre sa vie. Les deux souhaitant survivre à tout prix pour des raisons différentes, Linguini se fait un pari à lui-même : se prouver qu’il peut garder un emploi en aidant un rat à cuisiner. C’est risqué, mais ça peut marcher. Et rien que cette collaboration étonnante les transforme petit à petit en deux amis proches qui apprennent ce qu’est le véritable soutien. L’harmonie se fait rapidement, pour créer alors une illusion efficace qui les transporte tous les deux aux rangs de la gloire.

Quand une gaffe entraîne la plus belle rencontre de l’histoire

Au fond, Linguini et Rémy se ressemblent ! Ils ont toujours vécu dans l’ombre pour éviter de se faire remarquer, mais les deux ont besoin de se sentir soutenus. L’un pour gagner en assurance et l’autre pour continuer à vivre de sa passion.

Mais il faut bien un obstacle supplémentaire pour pimenter l’atmosphère :  à force de se sentir cuisinier, Linguini perd un peu pied et tend à s’approprier le talent de son ami, au risque même de l’isoler de son devoir qu’il prend trop à cœur. Car Rémy devient chaque jour un peu plus insolent et tend à voir Linguini comme une marionnette plutôt que comme un ami. Se complaisant dans l’anonymat au début du film, Rémy aimerait que l’on respecte enfin sa cuisine pour ce qu’il est et non pour l’image que lui prête Linguini.

Peut-on dire alors que la célébrité ne rime pas avec l’amitié ? Non. Car le lien entre Rémy et Linguini est tellement fort qu’ils se pardonnent leurs erreurs et terminent le film en beauté en gérant à eux seuls le restaurant Gusteau.

Quand Linguini défend Rémy devant les autres cuisiniers

Néanmoins, la célébrité peut être source de conflit quand la peur d’affirmer ce que l’on est s’installe et que l’on préfère laisser parler les autres à notre place. Ce sentiment d’ailleurs revient dans un autre cas : vous souvenez-vous de Django, le père de Rémy ?

Une histoire de famille

Django moralise beaucoup son fils

Django : « Bien, tu sais sentir les ingrédients. Et alors ? »

Django, c’est un peu le patriarche de toute la communauté de rats qu’il protège avec panache. Il est terre à terre, lucide, mais parfois… trop pessimiste. Et surtout, il a un sens moral de la vie qui le ferme complètement à de nouvelles perspectives. Tout simplement : ce sont des rats. Ils sont menacés en permanence par une race beaucoup plus grande qu’eux et qui les fait souffrir. Le seul moyen de pouvoir vivre tranquille est de se cacher dans l’ombre des humains en récupérant de la nourriture qu’ils jettent, comme les ordures.

« Nous ne sommes pas des voleurs! »

Et difficile pour Rémy de vivre avec un père qui ne comprend pas sa passion ! Car dans son rêve de devenir cuisiner, Rémy attend aussi de pouvoir être compris et que ses choix soient respectés par sa famille. Mais son père le voit davantage comme un enfant trop rêveur qui finira rapidement dans un piège à rongeur s’il n’abandonne pas sa passion.

Rémy essaye alors de s’adapter. Il met son don à contribution pour vérifier si la nourriture qu’ils subtilisent n’est pas empoisonnée par exemple. Mais il ne se sent pas à sa place : il est malheureux et se sent limité. Son père pourtant, l’encourage à se contenter de cette place. Que ce soit dans leur maison de campagne ou même lors de leurs retrouvailles à Paris quand il l’emmène voir la vitrine d’un magasin exhibant des rangées de rats… hum… pas trop vivants.

Hum… peu.. ragoutant!

Peut-on dire alors que Django empêche son fils d’être heureux ? Eh bien c’est plus subtil que cela. Le vieux rat est peut-être dur mais il a une expérience de la vie qui a confirmée ses doutes et ses valeurs par rapport aux humains. Il en a peur et il a l’impression que Rémy tend à vouloir devenir un de ces prédateurs redoutables et qui n’ont pas d’éthique ni de morale à l’égard des rongeurs. Après tout, qui serait assez fou pour exhiber des rats morts sur une vitrine ?

Django préférerait qu’il déchante, qu’il comprenne que la passion vaut moins que la survie. Et pourtant, l’amitié aveugle entre Linguini et son fils lui prouve petit à petit qu’il a mal jugé les humains. Après tout, le rouquin a bien défendu Rémy auprès des autres cuisiniers en panique, ce fameux soir de la venue d’Anton Ego.

De cette vision nouvelle, il comprend surtout que son fils peut aller loin s’il y croit vraiment. Seul, il risque sa vie mais avec une famille…

Avant tout, Django veut protéger son fils

Django : « On n’est pas des cuisiniers mais on est une famille. Dis-nous ce qu’on peut faire et on s’en chargera. »

Vient alors la meilleure collaboration familiale de l’histoire où rats des villes et rats des champs se tiennent par les pattes pour surprendre les humains. Et Django est alors définitivement convaincu du talent de son fils quand il exprime à la fin du film que « cette histoire est meilleure quand c’est moi qui la raconte ! »

Car après tout. On ne raconte pas une histoire si on n’y croit pas, non ?

Une belle histoire de famille !

Et les autres personnages ?

« Il faut suivre la recette! »

Dans cette analyse, nous aurions très bien pu parler de Colette qui, dans son féminisme engagé, prouve que les femmes valent autant que les hommes dans la cuisine. Mais elle ne fait que résumer la situation de Rémy : tout le monde peu cuisiner qu’ils soient rats… ou femmes. Et si elle est arrivée à se démarquer auprès de tant d’hommes autour d’elle, alors elle confirme que c’est par la conviction et la passion que l’on obtient ce que l’on souhaite.

« Un chef de légende »

Nous pourrions aussi nous attarder sur Gusteau et sa présence moralisatrice qui force à se demander s’il est vraiment un esprit hantant l’imaginaire de Rémy… ou tout simplement si Rémy l’a construit de toute pièce. Mais l’interprétation n’engage que vous chers lecteurs car beaucoup d’indices laissent suggérer ces deux possibilités. D’ailleurs, saviez-vous que certains traits du Chef Gusteau ont été inspiré de la vie du véritable chef cuisinier Bernard Loiseau ?

Quoiqu’il en soit, la conclusion sera la même : la passion n’est pas qu’une question de talent, c’est aussi une question de confiance en soi. Respirez un bon coup, regardez en avant et ne vous inquiétez pas. Si vous pensez ne pas y arriver, pensez que vous valez mieux que cette pensée !

Et si vous parvenez à contourner tous les obstacles, Anton Ego viendra à vous pour conclure votre ascension comme il l’a fait pour Rémy !

Une histoire de critique

La première bouchée d’Anton Ego

C’est en vautour que Jan Pinkaya voyait Ego. Un personnage qui faisait référence à quelque chose de menaçant, attendant son heure pour frapper. Il a un visage long, un nez crochu, un long cou et une apparence squelettique. Son franc-parler est acerbe et se moque bien du mal qu’il peut faire dans ses critiques. Par ailleurs, beaucoup de signes visibles dans le film l’assimilent à quelque chose de « mortel » : son teint blafard, sa corpulence et son domicile dont la forme fait penser à un cercueil, sa machine à écrire ressemble à un crâne…

Néanmoins, malgré l’apparence effrayante qu’il peut montrer, Anton Ego n’est pas forcément quelqu’un de méchant.

Le devoir d’un critique

Il représente la finalité de quelque chose : la conclusion d’un apprentissage de vie et donc du périple de Rémy. Anton Ego n’est pas un critique pour rien : s’il a décidé un jour de juger la cuisine, c’est tout simplement parce que la cuisine est pour lui un souffle de vie qui le ramène au bonheur. Apprécier un bon repas, c’est apprécier un moment de travail long et acharné dans lequel on a réussi à exprimer tout ce que l’on souhaitait montrer : un moment agréable, chaud, chaleureux, qui nous ramène à des souvenirs heureux grâce à quelques épices bien assemblées. Anton aime la cuisine. Mais s’il ne l’aime pas, cela veut tout simplement dire que le plat n’a pas été fait avec passion par son cuisinier. Ou tout simplement, que le cuisinier n’a rien appris à son long voyage d’apprentissage.

Et quand le critique goûte enfin à la rustique ratatouille de Rémy

Serait-ce son enfance qui lui revient en mémoire?

On comprend que cet amour de la cuisine est affilié à des souvenirs plus profonds et secrets. La cuisine de Rémy le bouleverse, comme un souvenir heureux qu’il retrouve après tant d’années d’oubli. Il comprend par cette cuisine toutes les perspectives que le petit chef avait en tête, le tout dans une démonstration culinaire simple mais efficace. D’ailleurs il lui dit lui-même : « je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai donné mes compliments au chef »

Avant même de savoir qui était son cuisinier, Anton avait compris que c’était un grand chef. Mais force est de constater qu’il ne s’attendait pas à ce que ce dernier… soit plein de fourrure. D’abord sceptique, puis attentif, il remet alors en question tout ce qu’il a pu conclure de la cuisine et surtout qui pouvait se permettre de cuisiner. Jusqu’à comprendre au final les mots passionnés d’un Gusteau : le génie n’appartient qu’aux audacieux.

C’est ainsi qu’Anton Ego conclut le parcours initiatique de Rémy : la finalité d’un travail pour lequel il a pu exprimer toute sa vie au travers de sa passion. Car il est évident qu’après ce repas, le bonheur de Rémy est assuré : il a atteint son but, a su convaincre de sa passion auprès de ses amis, de sa famille, et il a su aussi surmonter les chantages et les railleries des autres avec courage et en apprenant l’humilité. Qu’importe désormais ce qu’il fera de sa vie car quoiqu’il arrive il restera heureux.

C’est ainsi que notre cher Anton Ego conclura cette analyse.

« Suuuurprenez-moi! »

 « Il est difficile d’imaginer origine plus modeste que celle du génie qui officie maintenant chez Gusteau et qui est à nos yeux, rien moins que le plus grand cuisinier de France. »

Alors, à l’instar de Rémy, mettez-vous aux fourneaux. N’ayez pas peur de ce que vous êtes ou d’exprimer votre passion, quelle qu’elle soit. Un grand artiste peut surgir de n’importe qui, alors pourquoi pas de vous ?

A vos talents Mesdames et Messieurs !

A vous de jouer!

Article de Colombe Bretin

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