The Finest Hours

Publié par Kevin Gauthier le 21 février 2016 | Maj le 10 mai 2018
  • Production : Walt Disney Pictures
  • Titre original :  The Finest Hours
  • Titre français : The Finest Hours
  • Sortie française : 24 février 2016
  • Sortie américaine : 29 janvier 2016
  • Long-métrage live-action 2D
  • Réalisateur : Craig Gillespie
  • Scénario : Paul Tamasy et Eric Johnson
  • Musique : Carter Burwell

L’histoire du film

Basé sur une histoire vraie, The Finest Hours revient sur l’ouragan dévastateur qui s’est abattu sur les côtes de Cape Cod, en Nouvelle-Angleterre, en février 1952. En mer, les vagues sont alors tellement déchaînées que deux pétroliers sont littéralement coupés en deux. Pour les équipages, une seule issue : un radeau de survie sur lequel 30 d’entre eux s’entassent. Ils doivent affronter des vagues monstrueuses et des températures glaciales pendant des heures, pensant leur dernière heure venue. C’est alors que quatre garde-côtes vont tenter le tout pour le tout pour les ramener à terre sains et saufs dans une opération de sauvetage à haut risque. Le film est tiré d’interviews et d’un livre sur ces événements hors du commun, où le courage des garde-côtes s’affranchit de toutes les peurs.

The Finest Hours : critique

« On dit qu’un garde-côte a le devoir de partir en mer. Mais personne ne dit qu’il doit en revenir », a déclaré Bernie Webber, maître de première classe de l’U.S. Coast Guard. Le ton est donné pour le nouveau film du label Disney The Finest Hours. Censé occuper la case du film « mature » de l’année dans le line-up des studios de Mickey, le film de Craig Gillespie aura tout misé sur la véracité des faits qu’il relate sur grand écran durant sa promotion. Le réalisateur nous offre ainsi, sur fond de sauvetage en mer spectaculaire, une histoire forte dans un cadre temporel assez attrayant pour susciter l’intérêt du spectateur jusqu’à la fin du film. Le tout discret The Finest Hours est une belle surprise, classique, élégant et efficace par son enjeu excellemment étudié et son casting brillant.

The Finest Hours 01

Les films catastrophes au sein des studios de la firme aux grandes oreilles n’ont jamais fait légion. Et pour cause, traitant le plus fréquemment de sujets lourds, difficilement abordables pour un auditoire dans l’absolu familial, ces productions à grand spectacle ont bénéficié de quelques adaptations au sein de filiales plus adultes telles que Touchstone Pictures (Mission : Sauvetage, Armageddon, Pearl Harbor, Piège de Feu) ou ABC Studios (The River). Le divertissement Armageddon reste certes avant tout un film de science-fiction. Il n’en prend pas moins pour trame narrative le genre, souvent massacré par Hollywood, du film catastrophe : le héros s’y sacrifie en effet au service du bien commun et évite ainsi le danger extrême planant sans cesse du début à la fin sur des populations entières. Telles sont les recettes de base de l’archétype même de la production hollywoodienne qui souhaite à tout prix en mettre plein les yeux au public et servir par la même occasion les intérêts patriotiques étasuniens. Mais l’efficacité de ces types d’œuvres reste sans doute le juste équilibre scénaristique entre le mélodrame, la violence inhérente du genre et l’humour qui permet quelques soubresauts de répit bienvenus.

Ervin Maske (John Magaro), Andy Fitzgerald (Kyle Gallner), Richard Livesey (Ben Foster) and Bernie Webber (Chris Pine)

Si le film de catastrophe n’a jamais vraiment flirté avec Walt Disney Pictures, les films d’aventure, et/ou de sauvetage, ont quant à eux la part belle depuis toujours. Du (Le) Troisième Homme sur la Montagne en 1959 à Un Homme Parmi les Loups en 1983 en passant par Les Naufragés de l’Île aux Pirates en 1991 ou Antartica : Prisonniers du Froid de 2006, l’aventure à hauts risques a toujours rythmé les décades de sortie du label Disney en prises de vue réelles, en touchant parfois des publics spécifiquement adultes, par les parts d’ombres qu’elles révélaient. Depuis plusieurs années maintenant, Disney s’attache à faire revivre sur grand écran de nombreuses histoires vraies, des faits divers internationaux à même de trouver une intensité dramatique suffisante pour conquérir un marché. Les studios de Mickey mettent ainsi en avant des sujets sociologiques contemporains ou non afin d’exprimer universellement des messages sous-jacents d’humanité, de justice et de liberté. Par la force dramatique d’une émotion distillée avec authenticité, de mise en scène souvent de bonnes factures et de castings rafraîchissants, Disney aborde des thèmes forts : Rasta Rockett (1993), Esprits Rebelles (1995), Invincible (2006), Secretariat (2010), Million Dollar Arm (2014) ou McFarland, USA (2015), s’il ne fallait citer qu’eux, sont de beaux projets honorables, réalistes et émouvants. En 2016, Disney fait le pari avec The Finest Hours de renouveler le genre du fait réel mais en abordant cette fois-ci, sous forme d’aventure à grande échelle, un sauvetage en mer historique et non plus un exploit sportif ou éducatif remarquable.

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Ray Sybert (Casey Affleck)

En avril 2011, la branche cinématographique de la compagnie Disney acquiert les droits d’exploitation de la nouvelle éponyme sortie en avril 2009 et directement inspirée des faits réels relatés. Si éloquents, il était d’autant plus important pour l’équipe créatrice du film de coller au plus près de la réalité de cet événement marquant. Le 18 février 1952, l’une des pires tempêtes que la côte Est des États-Unis ait jamais connues s’abat sur la Nouvelle-Angleterre. Elle ravage les villes du littoral et détruit tout sur son passage, y compris deux pétroliers de 150 mètres. Le SS Pendleton et le SS Fort Mercer, en route respectivement pour Boston (Massachusetts) et Portland (Maine), sont littéralement brisés en deux. Les équipages restent piégés à l’intérieur des navires, voués à sombrer rapidement. Le chef mécanicien Raymond Sybert, officier à la poupe du Pendleton, réalise très vite qu’il lui appartient de prendre en charge les marins terrifiés et de maintenir le navire à flot le plus longtemps possible. Alors que les gardes-côtes de Chatham (Massachusetts) font de leur mieux pour aider les pêcheurs locaux à protéger leurs bateaux de la tempête, ils apprennent que le Fort Mercer est en détresse au large. Le premier maître Daniel Cluff, récemment nommé à la tête du poste de secours, envoie immédiatement ses meilleurs hommes aider au sauvetage déjà en cours. Lorsque Cluff apprend qu’un second navire, le Pendleton, est aussi en difficulté et dérive à présent dans des eaux voisines, il ordonne au timonier Bernie Webber de rassembler rapidement un équipage et de prendre le bateau de sauvetage CG 36500 pour tenter de trouver des survivants. Webber et son équipage de trois hommes se lancent dans une périlleuse mission dans leur canot de bois de 11 mètres. Avant même d’être sortis du port, ils perdent le pare-brise et le compas de navigation. Pourtant, les quatre hommes persévèrent, et malgré des vents de la force d’un ouragan, des vagues de 20 mètres de haut, des températures glaciales et une visibilité nulle, ils parviennent miraculeusement à localiser le Pendleton. Au prix d’efforts inouïs, ils vont réussir à sauver 32 hommes sur les 33 que compte l’équipage. Affrontant la colère destructrice de l’océan, 36 hommes, réfugiés sur un bateau prévu pour 12, feront tout pour rentrer chez eux sains et saufs…

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The Finest Hours 03

C’est donc d’abord et avant tout la persévérance de l’esprit humain qui sous-tend ce sauvetage exceptionnel, qui aura fait la une des journaux de l’époque. Les producteurs Dorothy Aufiero et Jim Whitaker plancheront d’abord sur toutes les archives et les témoignages de ces exploits de bravoure hors normes avant de proposer le projet aux studios Disney, qui ne tarderont pas à donner leur feu vert. Le scénario de Scott Silver (8 Mile), Paul Tamasy et Eric Johnson (Fighter) se base ainsi sur les faits relatés dans le livre de Casey Sherman et Michael J. Tougias. Si ce roman se penche sur les deux pétroliers, le film se concentre davantage sur le sauvetage du Pendleton, avec d’un côté les hommes à bord du navire qui tentent de survivre dans l’espoir que quelqu’un les repère, et de l’autre les quatre membres d’équipage du bateau de sauvetage venus à leur secours. C’est enfin Craig Gillespie qui se voit confier la tâche de concrétiser derrière la caméra le plus grand sauvetage de l’histoire des gardes-côtes américains mais également l’histoire d’héros anonymes et altruistes.

Ray Sybert (Casey Affleck)

Né le 1er septembre 1967 à Sydney en Australie, Craig Gillespie fait ses classes à l’école des arts visuels de New York dès l’âge de 19 ans. Après avoir étudié la publicité et le design graphique, il commence à s’intéresser au cinéma, poussé par ses collègues. Sa première incursion dans cet art date de 2007 avec Une Fiancée par Comme les Autres avec Ryan Gosling. Encensé par la critique et primé plusieurs fois, son premier film dévoile sa manière d’allier le quotidien à l’absurde et au bizarre. Il revient derrière la caméra en 2011 avec le remake de la comédie d’horreur Vampire ? Vous avez dit Vampire ?, Fright Night produit par le label Disney Touchstone. Il signe trois ans plus tard un nouveau film chez Disney, cette fois-ci sous le label mythique de Mickey, en mettant en scène Jon Hamm dans l’histoire vraie, Million Dollar Arm. Craig Gillespie est également salué par la critique pour son travail hyper-réaliste en publicité ou à la télévision avec la série acclamée United States of Tara, en tant que producteur et réalisateur du pilote, qui lui a valu un Golden Globe et un Emmy Award.

Le réalisateur et son équipe ont, pour ce faire, travaillé en étroite collaboration avec deux survivants de l’époque :

  • Mel Gouthro, technicien de première classe, surnommé Gus, qui sera remplacé, en raison de sa maladie ce jour de février 1952, par le mécanicien de troisième classe Andy Fitzgerald, à bord du bateau de sauvetage,
  • Andy Fitzgerald, unique membre de l’équipage de secours encore en vie, âgé aujourd’hui de 84 ans.
HOLLYWOOD, CA - JANUARY 25: Coast Guard Engineer, Andy Fitzgerald and the cast of Disney’s “The Finest Hours” were greeted by the U.S. Coast Guard Band, Honor Guard and throngs of fans at the film’s premiere earlier tonight at the TCL Chinese Theater on Hollywood Blvd. The heroic action-thriller opens in U.S. theaters this Friday, January 29. (Photo by Alberto E. Rodriguez/Getty Images for Disney) *** Local Caption *** Andy Fitzgerald

Andy Fitzgerald

Les deux hommes à la carrière vénérable ont ainsi pu faire profiter aux équipes de tournage et aux acteurs de leur expérience personnelle de cet événement et du métier à haut risque de garde-côte. Andy Fitzgerald revient sur la vision de son ancien métier : « Certaines personnes considèrent toujours le sauvetage du Pendleton comme une mission suicide, mais je n’ai jamais vu les choses ainsi. À l’époque, on disait qu’un garde-côte avait le devoir de partir en mer, mais que rien ne l’obligeait à en revenir. Notre tâche consistait à sauver des vies, et c’est ce que nous avons fait. » L’U.S. Coast Guard, la Garde côtière américaine, a été créée le 28 janvier 1915 et faisait alors partie des forces armées américaines, avant que sa responsabilité ne soit confiée au département des Transports. Aujourd’hui, l’organisme est géré par le département de la Sécurité intérieure et assure une présence constante sur les côtes, sur les fleuves et dans les ports américains, ainsi qu’en haute mer. Les garde côtes sont chargés de faire respecter la loi maritime et de protéger les vies et les biens en mer. Son équivalent français est l’Association des Sauveteurs en Mer (SNSM) fondée en 1967, qui réalise plus de 50% des interventions de sauvetage au large et surveille près de 40% des plages en s’appuyant sur 7 000 bénévoles au service de la sécurité des personnes en mer, de la plage au large. Dans le but de promouvoir son action, l’organisation française a souhaité s’associer à The Walt Disney Company France dans la campagne du film dans l’Hexagone, tout comme les Sapeurs-Pompiers de Paris ont pu le faire pour Planes 2.

Ervin Maske (John Magaro), Andy Fitzgerald (Kyle Gallner), Richard Livesey (Ben Foster) and Bernie Webber (Chris Pine)

The Finest Hours est avant tout le récit palpitant d’un bout à l’autre d’un formidable sauvetage en mer. L’apport de la Digital 3DTM (et même de l’IMAX 3D) transporte littéralement son public au cœur même des éléments déchaînés. Car la nature, dans ce qu’elle a de plus redoutable et implacable avec l’Homme, est dépeinte ici avec une intensité renversante. Les scènes d’action sont alors véritablement spectaculaires. Le public déjà aficionados des récits de naufrage y trouvera son compte sans mal. Mais ce film épique séduit à plus d’un titre car ses effets spéciaux y sont particulièrement soignés et confèrent à l’ensemble l’équilibre juste que l’on attend émotionnellement. Tout comme les décors et les sites géographiques, bâtis à la perfection à partir des bateaux originaux pour les uns, et choisis tous en Nouvelle-Angleterre et à Cap Cod pour les autres, apportent une dose d’hyperréalisme réglementaire à ce type de superproduction maritime.

John Magaro est Ervin Maske

Dans le même temps, le film de Craig Gillespie fait preuve d’humilité, tout comme les héros qu’il honore sur grand écran. Avec modestie, il constitue là une véritable ode à la volonté et à la bravoure sans bornes, des armes puissantes quand elles sont employées dans des contextes où la peur domine à chaque instant, et où les forces naturelles ravageuses vont au-delà de l’entendement. Craig Gillespie et les scénaristes mettent également en avant, au travers de leurs personnages tous plus convaincants les uns que les autres, les infinies ressources du cerveau humain. L’intuition ou l’ingéniosité sont également des thèmes au centre de ce type de situation exceptionnelle. En ce sens, la photographie toujours très juste de Javier Aguirresarobe et l’accompagnement musical de Carter Burwell participent à porter toute l’intensité dramatique de l’intrigue, sans jamais faire faux bond.

Ray Sybert (Casey Affleck) et Tchuda Sutherland (Josh Stewart)

Même si Craig Gillespie éprouvera tout au long de son film un certain mal à donner l’impression simple que ses gardes-côtes courent un danger imminent, ce qui amènera le spectateur à sortir du film, certes émerveillé, mais sans aucun frisson intense, il réussira le pari, c’est d’ailleurs sa patte, de sublimer le talent des uns et des autres pour mieux restituer l’histoire.

Chris PIne est Bernie Webber et Holliday Grainger est Miriam

Le très bankable Chris Pine (Into the Woods : Promenons-Nous dans les Bois) y incarne donc le rôle du maître de première classe Bernie Webber, le sympathique capitaine du bateau de sauvetage, devenu l’un des héros de cet événement malgré lui. Ancré dans son époque « fifties » pleine de valeurs de vie, aujourd’hui peut-être détruites par la société contemporaine, Bernie Webber est joué avec une sincérité déconcertante. Alors qu’il était hanté par un sauvetage similaire, celui du William J. Landry, un bateau de pêche de New Bedford, qui avait sombré après trois tentatives de secours infructueuses, emportant tout son équipage dans la tempête, le rôle est habité par un Chris Pine magistral. Sans aucune fausse note, son interprétation résonne avec sobriété morale et puissance émotionnelle et instinctive, selon les événements impressionnants que le garde-côte rencontre. Et l’exercice est périlleux car l’acteur doit tenir le gouvernail d’un rôle qui se passe justement essentiellement à la barre d’une embarcation soumise à rudes épreuves. En cela, la mission est réussie haut la main.

Chris Pine est Bernie Webber et Beau Knapp est Mel Gouthro

Mais c’est tout un casting merveilleux et sélectionné aux petits oignons qui compose The Finest Hours. L’extraordinaire Casey Affleck entre dans la peau de Raymond Sybert, le membre d’équipage du Pendleton vers qui tout le monde se tourne lorsque la situation vire au cauchemar. S’il est un peu déconnecté du reste de l’équipage, c’est parce que ses fonctions se passent au niveau mécanique du pétrolier ; peu à peu, Ray Sybert s’affirme en leader discret mais convaincant. Dans cette hiérarchie floue liée à la situation exceptionnelle rencontrée par l’équipage, le rôle de Ray s’affirme, et il devient lui aussi un héros élégant et un peu désinvolte : un anti-héros en somme, faisant preuve d’une autorité surprenante, d’une intelligence exceptionnelle et d’un sang-froid hors du commun. Il apporte ainsi une pointe d’ironie humaine, de par sa condition initiale, bienvenue. Lui aussi porte des valeurs éthiques authentiques à mesure que le film progresse. Si ces deux personnages forment à l’écran toute l’exigence du film, on saisit aussi rapidement tout le génie de Craig Gillespie, qui restitue sans doute la vérité psychologique du moment, une évolution somme toute naturelle des personnages, dont les dialogues assez précis résonnent de manière forte auprès du spectateur. Mieux, le talent du metteur en scène explose avec les silences volontaires, laissant transparaître des réflexions et des sentiments que les mots ne parviendraient pas forcément à décrire.

Ray Sybert (Casey Affleck) et l'équipage du SS Pendleton

Pas si secondaire que ça, le rôle de la britannique Holliday Grainger (Cendrillon) est l’exaltation même de la vie, qui semble vouloir se dissocier de l’équipage du Pendleton. Miriam, l’opiniâtre fiancée de Bernie Webber, n’hésite pas à dire ce qu’elle pense de l’opération de sauvetage, en particulier lorsqu’il est question de la sécurité de son compagnon. Voilà donc toute la puissance féminine incarnée avec subtilité, qui façonne un contre-poids narratif intelligent. Le jeu très fin et la beauté inspirante de Holliday Grainger y sont pour beaucoup. Par amour pour son homme, elle tente de comprendre son univers et d’accepter le fait que vouloir l’épouser signifie également épouser ce monde. En même temps, elle cultive de manière magistrale la stature d’une femme qui ne souhaite pas nécessairement s’inscrire dans le conformisme social et les lois masculines qui régissent le milieu de son amant. L’histoire amoureuse entre Bernie et Miriam est dépeinte avec simplicité et authenticité. Ainsi, tous les faits réels de leur histoire sont relatés le plus clairement possible. Leur union pleine de défis symbolise métaphoriquement ce qui se joue en mer, où les engagements et les risques vont de pair.

Holliday Grainger incarne Miriam et Beau Knapp est Mel Gouthro

De son côté, Ben Foster rend hommage à Richard Livesey, un garde-côte chevronné qui, en dépit de ses doutes sur les capacités de leadership de Bernie, se porte volontaire pour se joindre à lui dans cette mission. John Magaro interprète le matelot Ervin Maske, le dernier volontaire à rejoindre les gardes-côtes sur le bateau de sauvetage, alors même qu’il n’était pas en poste à Chatham à cette époque. Le vétéran et le novice sont là deux évocations magistralement retranscrites sur grand écran.

Ben Foster incarne Richard Livesey

Par ailleurs, une majeure partie de l’institution morale du film est portée par Eric Bana, qui campe le premier maître Daniel Cluff, le commandant du poste des gardes-côtes de Chatham lors de la tempête, chargé de prendre la décision difficile, et qui pourrait s’avérer fatale, d’envoyer ses hommes à la rescousse de l’équipage en danger. Finalement, c’est une figure de raison, confrontée à celle plus passionnée de Miriam, qui se profile mais le défaut du scénario est de ne pas avoir creusé davantage ce personnage capital, pris entre son devoir éthique et sa conscience morale. Et bien qu’il prenne la décision que l’on connaît, l’importance de ce commandement aurait pu être abordé avec peut-être plus de relief de la part du metteur en scène, d’autant qu’Eric Bana est un des meilleurs comédiens de sa génération.

Eric Bana est l'officier Daniel Cluff, Chris PIne est Bernie Webber et Kyle Gallner est Andy Fitzgerald

A côté de cela, ce grand spectacle aux rouages très convenus (et c’est tant mieux) est l’occasion pour toute une galerie d’acteurs de démontrer leurs talents à l’écran. John Ortiz incarne le troisième assistant mécanicien Wallace Quirey, un vétéran de l’équipage du Pendleton qui, à l’instar de Ray Sybert, aime travailler tranquille dans les entrailles du navire. Après l’accident, il apporte cependant tout son soutien à Sybert et encourage également ses collègues. Kyle Gallner entre dans la peau de Andy Fitzgerald, qui remplace Mel Gouthro (Beau Knapp) aux côtés de Webber et Livesey à bord du bateau de sauvetage, comme mentionné plus haut.

Kyle Gallner est Andy Fitzgerald

Tout ce réseau de personnages et les relations qu’ils entretiennent participent à l’essor du projet, qui glisse sans prétention des messages importants. Si l’image de synthèse, l’éclairage sculptural et les décors somptueux du film servent admirablement bien sa mise en scène spectaculaire, son autre potentiel colossal réside bel et bien dans sa distribution de haute volée.

Kyle Gallner est Andy Fitzgerald et Ben Foster est Richard Livesey

Un Disney sans logique de franchise mercantile, seulement voué à retranscrire une vérité simple, et quelle belle vérité, est un Disney, qui ne vaut, rien que pour cela, qu’admiration et honneur. A la promotion on ne peut plus timide, The Finest Hours s’impose dans la catégorie des poids lourds du cinéma de 2016. Décidément, c’est une année en or qui semble se profiler pour la compagnie de Mickey, qui continue inlassablement de surfer sur le succès de sa franchise Star Wars : Le Réveil de la Force, prospère comme jamais dans un quatrième âge d’or de ses studios originels avec Zootopie, et sait proposer des projets alléchants, scientifiquement et philosophiquement aboutis comme The Finest Hours, tout en gardant une bonne dose de sensations fortes et de suspense (son budget de 85 millions de dollars a été bien utilisé). Avec The Finest Hours, les studios de Mickey gardent le cap de l’efficacité et de l’intelligence, tout en réconfortant le spectateur sur des thèmes d’humanité, noyés dans notre société contemporaine : la détermination, l’audace, la confiance en l’autre et l’espérance.

Chris Pine est Captain Bernie Webber

Chris Pine est Captain Bernie Webber

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