Aujourd’hui plus que jamais marque un tournant dans l’histoire de la Maison des Idées, et en particulier de celle de sa division cinématographique. Présidée par Kevin Feige, on le sait, elle dépendait jusque-là de la maison-mère Marvel Entertainment (regroupant tous les secteurs de la société : comics, produits dérivés, licences cinématographiques, animation, télévision…), répondant elle-même à The Walt Disney Company, son heureuse propriétaire depuis la fin 2009.
Les Marvel Studios directement lié aux Walt Disney Studios
The Hollywood Reporter nous apprend aujourd’hui qu’un remaniement du statut des Marvel Studios survenu la semaine passée vient changer la donne… En effet, à l’instar des Pixar Animation Studios et Lucasfilm Ltd. rentrés dans le girong de la Maison de Mickey en 2006 et 2012, les Marvel Studios dépendront désormais directement des Walt Disney Studios. Autrement dit, plus d’intermédiaire entre le patron Kevin Feige et ses supérieurs Alan Horn et Bob Iger, respectivement à la tête de Walt Disney Studios Entertainment et de The Walt Disney Company.
Kevin Feige au commande !
En effet, depuis 2010, Kevin Feige devait répondre de ses initiatives devant le boss suprême de Marvel, Ike Perlmutter, les deux businessmans n’étant pas en odeur de sainteté… Le boss de Marvel n’affichait guère d’attention aux choix de Feige. Pire, il était souvent réticent à certaines d’entre elles. Les deux meilleurs ennemis et le caractère « difficile » de Perlmutter entretenaient une ambiance nauséabonde durant ces dernières années. Ce dernier est également connu pour ses fraques dans la presse à coups de propos mysogines, déplacés en Une de magazine (cf. son point de vue sur les prochains films de super-héroïnes).
C’est donc assez logique que Kevin Feige se soit efforcé tant bien que mal de restructurer le fonctionnement des Marvel Studios, comme nous le mentionne THR. En étroite liaison avec Alan Horn à le tête de l’empire cinématographique aux grandes oreilles, Kevin Feige sera non seulement plus indépendant et libre mais pourra tout bonnement continuer son bonhomme de chemin (carrière) en se garantissant encore pas mal d’années à la tête de la branche cinématographique. Il faut dire que sans lui, le fameux Univers Cinématographique Marvel, né en 2008 avec Iron Man et qui s’étend désormais, que ce soit à la télévision ou au cinéma jusqu’en 2021 minimum, n’aurait pas la même teneur et sans doute le même succès critique et commercial aujourd’hui. Ceci peut assez aisément expliquer le choix des exécutifs de Disney qui confortent leur confiance et l’intensifient envers l’homme à la casquette.
De son côté, Isaak « Ike » Perlmutter, âgé de 72 ans, veille aux affaires de la Maison des Idées depuis les années 1990 (à différents postes). Une anecdote des employés colle à la peau de ce patron prétendu redoutable depuis les temps sombres de la société : le regarder dans les yeux au détour d’un couloir équivaudrait à un licenciement dans la journée – histoire de baisser les coûts… Il faut dire que le personnage reste assez mystérieux bien que notoire : il n’a jamais livré une seule véritable interview, prône la discretion, déteste par-dessus tout la médiatisation de son nom et entretient une image figée dans le temps (une seule photo de lui existe sur la toile – si c’est bien lui dont il s’agit-). Alors à la tête de Toy Biz exploitant les licences super-héroïques Marvel, le businessman israélien hors-pair et son ancien associé Avi Arad ont racheté les actions de Marvel au milieu des années 1990, l’empire des super-héros étant dans la banqueroute et la déroute éditoriale et artistique la plus totale. Quoiqu’il en soit, conscient dès les années 1990 du potentiel extraordinaire des Vengeurs, X-Men et consors, il lance un vaste chantier d’adaptation cinématographique à partir des années 2000. Il est l’un des acteurs majeurs du rachat de Marvel par Disney et surtout l’un des personnages les plus puissants de l’industrie du divertissement avec ces milliards de dollars générés depuis quelques années.
La décision de Disney ne pourra que faire grincer les dents du grand patron de Marvel qui était jusque-là dans une situation de maîtrise et de puissance absolue. Disney poursuit sa stratégie de simplifier ses labels, simplifier les relations hiérarchiques de ses filiales et tout centraliser pour une meilleure osmose commerciale, financière et artistique. Les travaux de la Phase III de l’Univers Cinématographique Marvel et ses points sensibles n’en seront que plus aisés désormais avec à la barre le trio Iger-Horn-Feige et ses nouveaux manitous, les frères Russo :
- l’utilisation du Tisseur
- le grand final diptyque Avengers : Infinity War
- l’intégration d’une nouvelle équipe, les Inhumains
- les nouveaux personnages comme Docteur Strange, la Panthère Noire ou Captain Marvel
- la sortie d’acteurs comme Chris Evans ou Robert Downey Jr.
- la réunifaction des univers télévisuels et cinématographiques
- l’ouverture vers une Phase IV toujours plus expansive (mutants, Fantastiques… ?)
N’omettons pas en revanche, comme nous le rappelle nos confrères de Comicsblog.fr, que le département Marvel Television (Marvel : Les Agents du S.H.I.E.L.D., Marvel : Agent Carter, Marvel’s Most Wanted et les émissions spéciales comme Marvel : La Naissance d’un Univers ou Marvel : 75 Years, From Pulp to Pop ! chez ABC et Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist et The Defenders chez Netflix) reste sous l’influence de Jeph Loeb, et donc de Perlmutter, tout comme l’animation, l’édition de comics ou les produits dérivés, même si ces derniers domaines subissent depuis ces derniers temps des changements considérables en phase avec… la stratégie et les projets des Marvel Studios (comme la probable rencontre entre les Defenders et les Avengers, la préparation d’une Phase II télévisuelle Netflix/ABC, les séries animées prolongeant les films Marvel Studios, la publication d’une nouvelle version de Secret Wars et la remise à plat de l’univers comics, l’extinction de l’univers comics des Quatre Fantastiques etc.).