Alors que Le Voyage d’Arlo, 16ème titre du catalogue Pixar Animation Studios, s’apprête à se dévoiler sur tous les écrans dans le monde, Edwin Catmull, président depuis 1986 des Studios de Luxo Junior mais également des Studios d’Animation Walt Disney depuis 2006, acolyte de toujours de John Lasseter, est revenu dans un entretien avec The Hollywood Reporter sur la place de la gente féminine dans le milieu professionnel de l’animation, et plus particulièrement « pixarienne ».
Le directeur créatif des Studios était déjà revenu sur ce sujet lors de son intervention au Festival de Cannes pour présenter Vice-Versa. Selon lui, de plus en plus de femmes accédaient à des postes à responsabilité dans le domaine de l’animation depuis quelques années. Cette féminisation bienvenue se retrouve dans la construction de certaines histoires ou personnages. Une femme a failli sortir du lot en 2012, Brenda Chapman, qui avait la lourde tâche d’adapter Rebelle. Hélas, le projet déjà bien entamé lui a filé entre les mains au profit de Mark Andrews. Si la mode de la féminisation semble s’étendre à toutes les grandes entités de Mickey comme Lucasfilm Ltd (Kathleen Kennedy et son souhait de recruter des réalisatrices pour Star Wars), WDAS (la réalisatrice Jennifer Lee, Dan Rirera-Ernster, directrice de recrutement Walt Disney Animation Studios), Marvel Studios (Angelina Jolie) ou ABC (Anne Sweeney ou encore le studio Shondaland) quand on sait que l’empire Disney a mis des décennies a faire évoluer le traitement de la femme aux postes créatifs ou administratifs, il y a encore énormément de travail sur ce point et Pixar reste sans doute le premier studio à faire défaut, ayant remercié sa réalisatrice de Rebelle. Il est même curieux de voir que Walt Disney plaçait sa confiance envers davantage de talents féminins de son vivant comme Alice Davis (costumière), Mary Blair (dessinatrice), Retta Scott (première femme animatrice) ou encore Sylvia Moberly-Holland (animatrice et scénariste)… Certes, très peu, et à des postes purement artistiques, mais finalement bien plus qu’aujourd’hui où la femme n’a pas encore accès aux postes les plus prestigieux chez Disney (réalisatrice, présidente d’une firme) même si le progrès se fait ressentir dans certains domaines comme la production ou le scénario.

MARY COLEMAN (DEVELOPMENT EXECUTIVE, PIXAR), LINDSEY COLLINS (PRODUCER, PIXAR), MARY ALICE DRUMM (PRODUCER, PIXAR), GALYN SUSMAN (PRODUCER, PIXAR), BRET PARKER (ANIMATOR, PIXAR)
Ed Catmull revient sur ces 20 ans d’animation de long-métrage chez Pixar sans très peu de présence féminine. Il suggère par ailleurs que la future présidence des Studios pourrait revenir à une femme, et en particulier une animatrice ou réalisatrice de métier de son label. Le président de Pixar révèle avoir mis en place un tout nouveau programme au niveau des ressources humaines, appelé ‘Girls Who Code’ : toutes les étudiantes en animation (et autres domaines liés de près ou de loin au studio) des écoles de Californie ont été invitées à effectuer quelques stages chez Pixar durant dix semaines et appréhender les nouvelles technologies du studio. Jennifer Lee est le parfait exemple de l’ascension féminine au sein des WDAS, passée de simple scénariste à co-réalisatrice puis aujourd’hui véritable pilier du studio. Ed Catmull pense que la dynamique est enclenchée désormais et qu’il ne lui manque plus que la perle rare pour éventuellement succéder à Jim Morris, l’actuel patron de Pixar.

Priscila Vertamatti, animatrice Pixar (Monstres Academy, Toy Story : Angoisse au Motel)