Alors que Le Monde de Dory est sorti mercredi dernier en France, connaissant au préalable un grand succès aux USA, le film pourrait avoir des conséquences inattendues. Si la préoccupation écologique devient de plus en plus forte et s’axe en partie sur la sauvegarde des océans, Le Monde de Dory pourrait en effet, et malgré lui, engendrer un dommage collatéral néfaste qui concerne l’espèce du Poisson Chirurgien Bleu, espèce de la charmante et attachante Dory. Si le phénomène de capture des poissons tropicaux existait déjà bien avant la sortie du (Le) Monde de Nemo, la popularité de la franchise pourrait accélérer, malheureusement, le phénomène.
Un engagement particulier
The Walt Disney Company sait s’engager pour la sauvegarde de l’environnement et s’exprime principalement par le biais de Disneynature, un label axé sur la protection de la faune et de la flore. On lui doit notamment les incroyables Il Était Une Forêt ou encore Félins. En 2016, ce sont les océans qui semblent être à l’honneur. Il semble en effet que la protection des mers devienne le principal combat de The Walt Disney Company et davantage sa filiale en France, de par ses actions menées à la Ciotat dernièrement, par exemple. Nous vous parlions plus en détails, dans un article précédent, des actions menées autour de l’Océan. La plupart des projets artistiques du Studio aux grandes oreilles a laissé transparaître l’idée que la sauvegarde des océans était cruciale et Le Monde de Dory s’axe particulièrement sur cette volonté.
Victimes d’une pratique illégale
Malheureusement, le message ne semble pas passer dans le cadre de la filière animalière où la demande de Poissons Clowns (Amphiprioninae, espèce à laquelle appartient Nemo) et de poissons chirurgiens est en constante augmentation. En 2003, année de sortie du (Le) Monde de Nemo, Craig Downs, biologiste marin, notifie sur son rapport datant de 2016 (la veille de sortie du (Le) Monde de Dory) la capture d’un million de poissons clown dans les récifs de coraux. Ce prélèvement a été réalisé grâce à une pêche illégale, la pêche au cyanure qui a la particularité d’étourdir les poissons pour les capturer plus facilement. Le cyanure est particulièrement nocif pour les animaux, qui voient leur durée de vie réduite et pour l’environnement marin qui se retrouve altéré. Cette altération a un impact sur le récif de corail, refuge essentiel à la reproduction de certaines espèces, et le métier de certains pêcheurs se retrouve ainsi menacé. D’autres pêcheurs ont décidé d’alimenter le commerce de poissons tropicaux pour les marchands animaliers, à cela, Craig Downs ajoute :
« les poissons viennent des mêmes endroits. Les petits pêcheurs en Indonésie ou aux Philippines les apportent aux marchands, et puis il y a des enchères par internet. C’est pareil, que cela parte en Allemagne, en France ou aux Etats-Unis« .
Dory, mal à l’aise en captivité ?
L’association « For the Fishes » a également publié un rapport édifiant sur la présence de cyanure dans les Poissons Chirurgiens Bleus (Paracanthurus hepatus) et 50 % d’entre-eux en sont victimes. L’Europe, la Chine, les Etats-Unis et le Japon sont les principaux consommateurs de ces poissons magnifiques mais délicats à attraper. Avides d’aquariums toujours plus beaux, les consommateurs ignorent souvent que c’est une espèce difficile à maintenir en captivité. Rene Umberger, présidente de For the Fishes déclare :
« La plupart des gens n’ont aucune idée des pratiques inhumaines et destructrices auxquelles sont exposés les poissons populaires des aquariums, tels que le Chirurgien Bleu« .
L’acquisition d’un Poisson Chirurgien est onéreuse et s’il est pêché à l’état sauvage, il mourra quasiment à chaque fois. Le Monde de Nemo a néanmoins permis l’essor de l’élevage de poissons tropicaux encore difficiles à faire naître en captivité, comme le poisson ange par exemple. Cependant, il faut rester vigilant car l’aquariophilie est, certes, un moyen de sauvegarder des espèce, mais elle peut être destructrice si mal pratiquée. Pierre Gilles, expert à l’Institut océanographique de Monaco, affirme :
« Il faut poser des questions, demander des preuves au fournisseur ou acheter des produits nés en captivité. »
Il ajoute qu’il faut se préserver de « l’effet de mode » lié au film. Pour Rene Umberger, il n’y a qu’une solution :
« Nous leur demandons de ne pas acheter de poissons capturés à l’état sauvage. Dory doit rester en vie, dans son milieu naturel« .
La volonté d’acquérir un animal star d’un film n’est pas quelque chose de nouveau. On a pu également constater la hausse des ventes de rats après la sortie du film Ratatouille, notamment à Londres.
Le paradoxe est de constater que cet « effet de mode » est totalement dénoncé dans Le Monde de Dory, dont nous vous invitons à lire notre critique. Le film s’installe autour d’un véritable refrain qui est souvent répété dans le film : « secourir, soigner, remettre en liberté ». Le Monde de Dory souligne l’importance de la protection animale dans son ensemble et pas seulement derrière des vitres ou des cages.
Sources : Sciences et Avenir.fr
il est plus qu’urgent de sauver la planète!!!!