La Forêt de l’Enchantement : Une Aventure Musicale Disney…

  • Production : Disneyland Paris
  • Titre original :  The Forest of Enchantment: A Disney Musical Adventure
  • Titre français : La Forêt de l’Enchantement : Une Aventure Musicale Disney
  • Lancement :  10 février 2016
  • Mise en scène : Christophe Leclercq et Aurélien Berda
  • Scénographie : Yves Ollier
  • Musique et paroles : Vasile Sirli avec la participation exceptionnelle de Gordon et Lisa Goodwin
  • Chorégraphies : Caroline Roelands (chorégraphies), Florence Delahaye (chorégraphies aériennes) et Yohann Benhamou (acrobaties)

Le Théâtre de Thunder Mesa, la ville fantasmée du Far West, accueille une toute nouvelle production célébrant Mère Nature. Les héros et héroïnes Disney connectés à celle-ci deviennent alors les acteurs d’une mise en scène féerique au cœur d’une Forêt Enchantée. Les esprits de ce lieu empli de magie invitent le spectateur à une aventure musicale pleine de surprises…

La Forêt de l’Enchantement – Une Aventure Musicale Disney… : critique

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Les planches du Chaparral Theater revêtent des habits verts presque intemporels. C’est une forêt bien mystérieuse qui se dessine devant les yeux des spectateurs qui prennent place dans cet univers mystérieux. Peu à peu, la Nature reprend ses droits : le spectateur est invité à pénétrer les lieux avec la complicité et la malice des esprits végétaux et animaux rôdant ici et là. C’est alors que surgissent de nulle part dans cette clairière enchantée les quatre grands représentants fondamentaux de la vie sur terre : Waterlilo (l’Eau), Ragina (le Feu), Lezardo (la Terre) et Lucile (l’Air). Tout ce petit monde s’affaire à préparer l’arrivée de la majestueuse Enchantella, une conteuse, maîtresse des lieux depuis la nuit des temps.

Présentation du spectacle de Disneyland Paris

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Faisant résonner sa voix tendre entre chaque arbre, elle se dévoile au public au sommet d’une butte forestière. La poétesse offre aux spectateurs son ode intemporelle à la nature et les secrets qu’elle recèle. Dans un premier numéro flamboyant, tous les êtres s’animent et fêtent ensemble le cycle éternel de la vie et les richesses qu’offre Mère Nature. Enchantella invite la foule à un voyage initiatique dans des contrées éloignées…

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La première étape de cette joyeuse troupe nous mène alors à la Virginie amérindienne, au cœur de la forêt de Pocahontas, où la belle autochtone continue d’invoquer le chant céleste de « Color of the Wind » et célèbre avec son compagnon John Smith l’amour éternel. Les acolytes d’Enchantella assistent avec discrétion à ce spectacle merveilleux. Le couple traverse main dans la main les bois qui finissent par s’agiter au gré du vent et de la mélodie entonnée.

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Pocahontas

En un instant, les visiteurs sont transportés à l’autre bout du globe dans les terres reculées et luxuriantes des Indes. Surgit alors l’ami Baloo du Livre de la Jungle au milieu des ruines d’une ancienne cité hindoue pour nous narrer sa philosophie de la vie, celle qui régit son existence dans la jungle. Empreinte de liberté et de nonchalance, la chanson « The Bare Necessities » propose au spectateur de s’évader dans un cadre forestier pittoresque où l’existence faite d’insouciance et d’épicurisme est reine. Les êtres de la nature se mettent au service de la mission optimiste de l’ours bien léché dans un numéro de cabaret haut en couleurs. Deuxième point d’orgue de ce festival tropical : l’arrivée surprise du Roi Louie venu ici en simple ami pour livrer une deuxième facette de la vie dans la jungle, celle d’un orang-outan, roi des Singes, avachi sur son trône à longueur de temps, rêvant de devenir l’Homme qu’il n’a jamais été, la suprématie de l’évolution à ses yeux. Faisant revivre au spectateur l’un des numéros musicaux les plus mythiques du film d’animation de 1954, nos deux compères font littéralement le show sur ces rythmes endiablés.

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Le Livre de la Jungle

En un rien de temps, le public présent se voit téléporté au fin fond de l’Afrique équatoriale pour partir à la rencontre d’un Homme sauvage élevé par une tribu de Primates, Tarzan. Le jeune athlète, qui a su dompter la jungle comme personne depuis sa toute jeune enfance, s’adonne en direct à ses hobbys de tous les jours : des acrobaties périlleuses sur une liane. Entouré des esprits naturels d’Enchantella et entraîné au rythme de l’une de ses chansons phares, « Son of Man », Tarzan nous prouve que la forêt, bien que dangereuse, peut être le théâtre de l’émancipation et du bonheur de vivre si l’on sait la dompter. Non loin de là,  Kerchak, chef de son troupeau de gorilles, surveille ses actions… Mais le héros n’est pas pour autant intimidé et continue de se balancer frénétiquement sur sa liane pour offrir une performance des plus grandioses…

Tarzan

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Enchantella nous dirige avec douceur vers les forêts noires germaniques où vit la jeune Raiponce, dont la destinée royale semble figée dans le temps. Rêvant d’une vie de liberté, l’héroïne qui ne se considère désormais plus comme une enfant fait à nouveau la connaissance, comme s’il s’agissait d’un rêve passé, de l’intrépide Flynn Rider dont elle tombe amoureux. Après nous avoir déclamé sa complainte heureuse « When Will My Life Begin ? » dans une clairière, Raiponce est invitée par l’homme de sa vie à voguer sur les flots à bord d’une barque fabriquée à partir d’un arbre. Admirant à la tombée de la nuit un spectacle magique de lampions lancés par les habitants de leur royaume, les deux jeunes amoureux trouvent enfin un sens à leurs vies respectives. Dans une déclaration émouvante, Raiponce et Flynn, comme deux lumières sous un ciel étoilé, se prennent la main et finissent par s’embrasser.

Raiponce

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Sur cette note romantique, les esprits de la forêt font disparaître petit à petit cette féerie nocturne. La bienveillante Enchantella accompagne dans un dernier élan d’affection les amants. Voilà que la conteuse nous ouvre les portes d’une nouvelle histoire connectée à la nature, celle de la princesse écossaise Merida. La plus rebelle et fougueuse des princesses Disney est l’invitée d’honneur d’un tournoi de tir à l’arc au sein même de son royaume de Dun Broch dans les Highlands, terres mythologiques par excellence. C’est la guide en personne qui se charge de nous faire revivre toute la frénésie de la chanson « Touch de the Sky » peignant toute la psychologie de l’adolescente avide de sensations fortes et de prises de risques. Merida quant à elle s’amuse avec la troupe du haut des montagnes des Highlands à viser avec son arc et ses flèches des cibles très éloignées… sans jamais en manquer une ! Enchantella bénit alors Merida dans sa détermination à vouloir toujours se dépasser. Alors que la princesse quitte la scène, Enchantella et ses amis reprennent une dernière fois la mélodie écossaise dans un feu d’artifices chorégraphique et acrobatique.

Merida

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La Forêt de l’Enchantement se referme peu à peu. Enchantella conclut sa grande épopée aux quatre coins des espaces naturels des univers Disney par une reprise entraînante de son hymne « Forest of Enchantment », accompagnée de tous ses fidèles compagnons de route. Dans un ultime salut, la conteuse rappelle à elle tous les héros et héroïnes Disney qu’elle nous a fait rencontrer tout au long de son aventure. Tous ensemble, les protagonistes célèbrent l’amour de la Nature alors que la canopée s’éveille et que cette forêt enchantée semble s’éloigner à mesure que la chanson se termine. Dans un grand final plein de joie, tous nos êtres disent au revoir aux spectateurs et la forêt redevient aussi mystérieuse qu’auparavant. Nos personnages prennent congé comme si la Nature se mettait en veille quelques moments seulement…

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Critique de La Forêt de l’Enchantement

A n’en point douter, la forêt reste l’un des habitats naturels les mieux apprivoisés et appréhendés par l’Homme depuis 8000 ans. Si par ses fonctions écologiques et sociales elle rend de nombreux services à l’Humanité, elle reste avant tout un lieu privilégié de loisirs, de recueillement, de découverte, qu’elle soit primaire, artificielle ou autre. Le respect de celle-ci passe aujourd’hui par le respect de son propriétaire, cette étendue appartenant soit aux Etats, soit à des particuliers. C’est ce même respect et cette fascination éternelle pour cet écrin de Nature par excellence qui ont amené la quasi-totalité des civilisations présentes et passées à lui conférer ses caractères imaginaires, mythiques, légendaires voire religieux dans certains cas.

La Forêt de l’Enchantement

La valeur culturelle et spirituelle du poumon de la Terre tantôt totalement fictive, tantôt bien réelle, fait foi depuis des millénaires dans l’inconscient collectif et l’architecture de certaines confessions. De Dodone en Grèce Antique à Brocéliande dans le druidisme celte en passant par les forêts de dévotion hindouistes des saṃnyāsa, les lieux sacrés de Kayas des Mijikenda kenyans ou les jardins boisés nippons, la forêt est un sanctuaire souvent fondateur dans de nombreuses cultures. En y regardant de plus près, l’Arbre, dans sa nature intrinsèque, incarne depuis la nuit des temps le symbole même de la vie, de la sagesse et/ou de l’élévation dans les sociétés forestières du monde.

La Forêt de l’Enchantement

Ses multiples attraits culturels seront exploités dans la littérature et les arts. Ainsi, la forêt a été représentée sous toutes ses formes. Refuge secret et apaisant pour l’amour triangulaire Tristan, Iseut et Marc dans le mythe normand Tristan et Iseut, inquiétante dans l’opéra romantique Der Freischütz de Weber, sombre dans le ballet Daphnis et Chloé de Ravel, chaleureuse dans le tableau Daims dans la Forêt de Marc, fantastique dans Le Songe d’Une Nuit d’Eté de Shakespeare, mortifère dans la peinture L’Abbaye dans la Forêt de Hêtres de Friedrich, risible dans « Le Chêne et le Roseau » de La Fontaine, ses représentations dans l’imaginaire humain sont toutes aussi fascinantes et variées que dans les sciences qu’elle recèle. Mais c’est bien sous ses aspects mystérieux et magiques que les sociétés l’ont sublimée. Dans les genres de la poésie et du conte, ces étendues boisées sont les temples de thèmes légendaires ancrés dans la culture populaire. Les littératures antiques, médiévales et romantiques se sont majoritairement chargées de forger cette image pérenne de mythes et traditions d’antan. Aujourd’hui, elle reste un élément perpétuel d’une histoire pour les enfants, si bien qu’il est rare de voir des contes sans traversée de forêt.

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Ainsi, toutes les incarnations de ce lieu sacré pour l’Homme se retrouvent dans le conte. Souvent l’espace de l’épreuve et de l’aventure, elle représente dans le même temps l’enjeu d’une épreuve funeste ou initiatique. Elle porte en elle également toute l’essence magique du conte et est l’occasion pour les personnages de se confronter souvent à leurs propres épreuves morales et psychologiques. Elle peut engager des animaux dangereux, des êtres mystérieux, des épreuves mentales ou physiques… Éprouvante, pernicieuse mais également empreinte de spiritualité et de sagesse, elle symbolise souvent la transition vers un autre état, le cadre actif ou passif d’un rite initiatique pour les héros et héroïnes qui leur permettrait d’accéder à un stade de maturité plus élevé. La forêt des contes, où l’ordre des choses est plus variable que celui de l’Homme, permet aux enfants protagonistes ou lecteurs de se grandir au cours de leur aventure. En elle réside un folklore fantastique toujours plus fascinant. Le passage par celle-ci implique nécessairement le héros dans sa destinée. A l’origine représentation du chaos, elle peut soit devenir bénéfique pour celui ou celle qui parvient à la dompter ou au contraire destructrice s’ils échouent dans leur tâche. Dans les deux cas, c’est le prélude d’un monde nouveau.

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La nouvelle production de Disneyland Paris

C’est avec ce postulat de départ qu’il faut percer les secrets de La Forêt de l’Enchantement : Une Aventure Musicale Disney…, la nouvelle production scénique de Disneyland Paris lancée pour la première fois le 10 février 2016 sur les planches du Chaparral Theater. S’inscrivant dans le renouveau du Divertissement, ce nouveau spectacle vivant a bénéficié d’une promotion assez conséquente pour son inauguration. Pour cause, après la déferlante de franchises injectées dans les nouvelles animations qui rythment l’année depuis 2015 (La Reine des Neiges, Star Wars…), La Forêt de l’Enchantement : Une Aventure Musicale Disney… proposait un pari audacieux, celui de montrer que Disneyland Paris souhaitait préserver sa singularité dans la concurrence des parcs à thèmes européens mais également au sein des Resorts Disney, celui de ne pas se reposer sur ses lauriers et ses thèmes lucratifs, et enfin celui de grossir davantage l’offre en spectacles qu’en 2015 pour éveiller les consciences, préparer le terrain du 25ème anniversaire de la destination. La Forêt de l’Enchantement a également pour mission implicite de combler d’une manière ou d’une autre la carence en attractions du Parc, qui profite d’une remise à neuf de la plupart de ses infrastructures depuis 2014. Disneyland Paris souhaite par ailleurs accélérer et redynamiser cette nouvelle offre scénique en proposant, dès juillet 2016, un second spectacle exclusif, de quoi se féliciter : en omettant les diverses nouveautés des saisons des Parcs, le Divertissement renaît littéralement de ses cendres en moins d’un an et demi avec Chantons La Reine des Neiges et la Jedi Training Academy en 2015 et La Forêt de l’Enchantement, Mickey et le Magicien et une toute nouvelle revue de cabaret au restaurant The Lucky Nugget Saloon en 2016.

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9eme spectacle de la salle de spectacle

La Forêt de l’Enchantement est par ailleurs un projet plein de promesses depuis son annonce officielle. Neuvième manifestation permanente de la grande salle de spectacles de Frontierland du Parc Disneyland, elle scelle, un an avant le jubilé d’argent du Resort, une forme d’hommage anthologique au patrimoine passé et présent du Land. Remettant à l’honneur et confrontant aux nouvelles générations l’univers de Pocahontas, Une Légende Indienne qui a fait les beaux jours de cette scène de 1996 à 1999, s’offrant le luxe de faire virevolter à nouveau Tarzan, ce dernier ayant évolué durant 13 années dans cette salle, offrant à la princesse Merida une nouvelle occasion de se mettre en scène alors que son point rencontre non loin du théâtre ne désemplit pas, enrichissant enfin l’offre de divertissement printanier du Parc, le spectacle ne pouvait que séduire sur le papier, d’autant plus que les équipes de Disneyland Paris ont pour la première fois fait le choix de ne pas réutiliser les décors et technologies pré-existants de Chantons La Reine des Neiges et de les recustomiser dans ce planning en alternance du théâtre. Au contraire, c’est une scénographie inventive et totalement à l’opposé de celle du spectacle de la Fête Givrée qui a été pensée ici.

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une bouffée d’air à Disneyland Paris

Le spectacle fait sa première officielle au Parc Disneyland le 10 février 2016. Et tout comme Chantons La Reine des Neiges, ce spectacle est une bouffée d’air pur dans un Parc qui faisait les frais de ses propres succès depuis 2012. Disney Dreams!, joué chaque jour depuis le 20ème Anniversaire, aura eu raison des productions scéniques du Parc suspendues en 2012, dû à des contraintes économiques. Si 2015 était l’année de la renaissance pour le théâtre de Frontierland, 2016 est celle de la confirmation avec La Forêt de l’Enchantement, offrant à la fois un univers féerique enrichissant la mythologie du Parc et la possibilité à quatre Grands Classiques Disney et un univers Pixar, finalement tous assez populaires auprès des Visiteurs, de prendre vie sur scène. Et si la Fête Givrée reprenait à sa sauce un concept bateau de l’exploitation de la franchise des sœurs d’Arendelle dans les Parcs Disney (et ô combien efficace), La Forêt de l’Enchantement représente quant à lui des efforts bien plus importants. Production inédite d’un Parc Disney d’une part, il s’appuie exclusivement sur le savoir-faire des équipes du Resort et leur volonté de diversifier l’offre en animations. La scène de Vidéopolis étant occupée à plein temps par les Maîtres Jedi et leurs jeunes Padawans depuis juillet 2015, le seul et unique plateau de grande envergure qui s’offrait aux équipes artistiques du Parc était bel et bien le Chaparral Theater, une salle abritée, rénovée et mise aux normes, permettant de mettre au service de la vision éclectique de ce projet toute une machinerie impressionnante de décors, de sons et de lumières, une salle d’une très grande capacité par ailleurs, permettant au spectacle d’une durée de 28 minutes de se jouer cinq fois quotidiennement.

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Comme mentionné plus haut, la forêt est un lieu mythique dans l’inconscient collectif, un peu plus dans le conte et encore davantage dans l’univers Disney. Ses occurrences sont si nombreuses dans les catalogues de Mickey qu’il faudrait sans doute des heures pour les énumérer. S’il ne fallait citer qu’un film emblématique des studios Disney qui a sublimé plus que jamais ce lieu tout en permettant à Disney de revisiter sa mythologie avec dérision, c’est bien Into the Woods : Promenons-Nous dans les Bois. Et l’on pourrait aisément rapprocher la direction artistique prise par Disneyland Paris de celle de Rob Marshall pour son adaptation du musical en 2014, basée sur un déroulé d’univers de contes de fées prenant vie dans une forêt riche en mystères et en magie.

Cinq univers Disney distincts

Le choix des cinq univers Disney précités est donc avant tout à analyser du point de vue de la mise en scène et de l’exploration de chacun d’entre eux dans le cadre du spectacle. Et c’est là que le bât blesse. On ignore dans le scénario de La Forêt de l’Enchantement de quelle(s) forêt(s) il peut s’agir concrètement, de quel enchantement aussi. Contrairement au scénario vide du spectacle, la performance sur scène reste quant à elle très captivante mais pas assez creusée. La mise en scène nous invite avec douceur et apaisement à pénétrer sans encombres et à nous laisser séduire par les différentes entités rhétoriques de l’histoire. Le travail chorégraphique inégal d’un être naturel à l’autre se fait ressentir. La subtilité et la sensualité recherchée des plantes, la bestialité ou l’espièglerie des animaux ne s’expriment qu’à moitié sur le plateau. Les mouvements et les déséquilibres dans l’espace ne bénéficient pas d’une écriture chorégraphique très surprenante, pourtant censée parler au jeune comme au moins jeune public. Pire, l’exécution demeure bien hésitante si bien qu’on entre dans cette forêt enchantée avec un peu de retenue. La chorégraphie et les acrobaties ont été confiées à Caroline Roelands (chorégraphies), Florence Delahaye (chorégraphies aériennes) et Yohann Benhamou (acrobaties). Ces trois artistes ont participé à des comédies musicales Off-Broadway, à Paris ou à des spectacles du Cirque du Soleil.

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L’arrivée des quatre chanteurs de la troupe confirme ce manque d’originalité : il n’a fallu là dépeindre que quatre éléments de la nature, un thème certes mille fois exploité dans les arts scéniques, mais qui aurait pu faire là l’objet d’une bien meilleure adaptation, alors que les costumes, d’une extrême qualité et d’un sens du détail et de la précision hors normes, démontrent encore une fois que Disneyland Paris n’a rien à envier aux plus grosses productions scéniques d’Europe et d’Amérique. Défilent donc devant les yeux des spectateurs les quatre piliers fondateurs de la vie : Waterlilo (l’Eau), Ragina (le Feu), Lezardo (la Terre) et Lucile (l’Air). Leur donner vie par la voix est certes très louable mais une bien maigre consolation. L’idée d’un show type « Broadway » s’efface peu à peu, quand on constate amèrement que les artistes présents sont toutes et tous cadrés dans un domaine de prédilection alors que le concept même de musical américain engage chez un artiste les trois arts fondamentaux scéniques : la danse, la comédie et le chant. Mais il ne faut pas s’arrêter à cette simple analyse pour avoir une vue objective du spectacle. Son sous-intitulé, « Une Aventure Musicale Disney… » vient sauver en partie le titre très ambitieux du spectacle. Il s’agit bien plus d’une production contemplative musicale basée sur une succession de tableaux de musique, de chants interprétés en direct, de chorégraphies et de comédie que d’une véritable aventure au cœur d’une forêt fantasmagorique censée regrouper cinq mondes naturels représentés dans ces cinq films d’animation.

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Enchantella reine du spectacle

Et dans le domaine du figuratif, le spectateur est comblé… La maitresse de cérémonie, Enchantella, dont on a bien compris qu’il s’agissait d’un Arbre conteur rappelant toute la suprématie et la sagesse de cet être vivant dans une forêt, ne bénéficie d’aucun travail psychologique sur scène. Là encore, l’omniscience, la docilité et le sentiment d’éternité qui résident dans l’Arbre ne se retrouvent pas dans cette conteuse. Enchantella est une bien belle création esthétiquement parlant mais ne porte en elle aucune profondeur réelle nous reliant à son propos. Elle arrive ainsi encore moins à exprimer le moindre message de sensibilisation écologique à travers sa poésie. Dommage… Est-ce dû à un traitement trop superficiel du personnage, à un manque cruel de direction artistique, à un véritable aveu de faiblesse des castings de Disneyland Paris (296 personnes se sont présentées aux auditions de Paris et de Londres pour créer cette troupe pluridisciplinaire) ou à un hybride de ces trois défauts ? Le doute est bien présent. Enchantella nous fait passer un moment convivial, mais le jeu d’acteur inégal et la carence scénaristique ne sont pas compensés par la scénographie romantique, pourtant bien explicite et audacieuse.

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Les décors signés Yves Ollier s’inspirent des livres pop-up dans lesquels chaque page tournée révèle de nouvelles surprises. Ayant collaboré avec l’illustrateur new-yorkais Matthew Reinhart, il a pu ainsi accoucher de sa vision très baroque de décors imitant la nature. Ce sentiment d’imitation est le bienvenu, renouant avec des concepts théâtraux et lyriques pérennes et efficaces, redonnant enfin au décor en deux dimensions, dépourvu de technologie digitale (et c’est souhaité avec ce thème), ses lettres de noblesse. Le travail visuel du spectacle est on ne peut plus réussi de ce côté-là et l’immersion est totale grâce à des perspectives cassées, des inspirations romanesques et des choix de couleurs justes. Le plateau est finalement sublimé avec une mise en lumière peu agressive et tout en finesse par rapport à Chantons La Reine des Neiges. Le spectateur est conquis.

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Ainsi, plus à la manière d’un ballet vivant agrémenté de chants, les artistes nous passent en revue cinq univers Disney « évoluant » (le doute est permis) dans cette forêt enchantée, ou plutôt dirons-nous cette nature enchantée. Ces différentes allégories nous présentent donc tour à tour aux côtés d’Enchantella les esprits symbolisant le mieux Mère Nature chez Disney. Le traitement est là encore inégal pour chaque univers Disney, un déséquilibre qui se ressent jusqu’à la fin du spectacle.

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Pocahontas et John Smith

Pocahontas et John Smith, qui inaugurent ce cortège, finissent sans mal en bas de ce classement. Encore une faute qui aurait pourtant pu être évitée, compte tenu de l’historique de ces personnages sur cette scène. Les premiers résidents du Chaparral Theater nous retracent les prémices de leur idylle amoureuse à travers l’un des hits Disney les plus à même de symboliser la Nature, « Color of the Wind ». Le thème, la chanson, les personnages : tous les ingrédients étaient finalement réunis pour ouvrir dignement ce ballet. Mais notre indienne et son compagnon du Vieux Continent ne nous font pas voyager tant que ça. L’interprétation retenue est assez apathique, sans vraie respiration, pour finir dans une monotonie, gâchant ce retour des personnages au Parc Disneyland. La chanson est très vite expédiée sans conviction de la part des artistes.

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Enchantella, sans véritable transition, nous pose un second cadre après les terres de Virginie, celui de la jungle tropicale indienne de Baloo et du Roi Louie. Et il faut saluer encore une fois l’interprétation en direct des chansons. C’est donc les performeurs présents qui assurent celles de deux hymnes cultes du Livre de la Jungle, « The Bare Necessities » et « I Wanna Be Like You ». Séquence prévisible mais ô combien remotivante pour la suite du spectacle, la scène du Livre de la Jungle est pour le coup un véritable enchantement. L’utilisation de grands éventails de feuilles de bananiers souligne l’importance d’une mise en scène se voulant la plus fidèle possible aux techniques de Broadway. Ce type d’accessoire est en effet fréquemment utilisé dans un musical ou une revue, qu’il soit en feuilles, en plumes ou en tissu. Mais ce qui aurait pu s’avérer une véritable réussite devient un mini-calvaire. Baloo et Louie effectuent leur numéro en deux temps, rendant leur deuxième chanson plus interminable que jamais. La raison ? Vouloir trop miser sur une mise en scène ambitieuse interdépendante d’une grosse machinerie de décors installés par les danseurs. A ce moment du spectacle, l’œil commence déjà à avoir du mal à se focaliser exclusivement sur l’univers mis en exergue plus que sur les innombrables mises en place et déplacements d’accessoires et de décors, conférant au spectacle un rythme assez lourd et trop maîtrisé. Tout ceci a pour but d’obscurcir la trame narrative qui était déjà elle très timide au départ. Pas si grave quand on considère ce spectacle plus comme un cortège d’animations musicales, acrobatiques et théâtrales que comme un véritable récit orchestré.

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La venue de Tarzan redonne du baume au cœur et évoque aux plus nostalgiques les plus belles cascades de l’Homme-Singe sur cette même scène de 2000 à 2012. Motivé par l’un des choristes du spectacle au son de « Son of Man », le cascadeur exécute une jolie démonstration de corde lisse. Mais là encore, le sentiment de lenteur de l’ensemble laisse un goût amer. Il faut souligner malgré tout l’intelligence de la mise en scène, utilisant un « vieux truc » de Broadway, le masque géant représentant ici le Gorille Kerchak du film d’animation, un procédé toujours aussi appréciable sur scène et qui s’est démocratisé dans The Lion King – The Musical pour représenter l’esprit de Mufasa.

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La Princesse Raiponce

L’univers de la princesse Raiponce est quant à lui manifestement plus travaillé que les précédents. Bénéficiant d’une mise en scène très féerique avec l’intégration sur scène de 228 lanternes luisantes, le couple du Grand Classique de 2010 fait revivre au spectateur leur histoire intemporelle. Et si le centre de toutes les attentions est bien l’amour, le spectateur a droit tout d’abord à une ode à la vie avec « When Will My Life Begin ? ». Ce titre n’évoque pas directement une célébration de la nature et de la forêt mais se prête malgré tout assez bien au spectacle, mettant un point d’honneur au rêve et à l’épanouissement personnel, tout comme le suggère la forêt dans les contes de fées. Néanmoins, le deuxième choix musical devient là beaucoup plus douteux. « I See the Light » est bien intégré au spectacle exclusivement pour ravir les petites filles plutôt que pour coller à un cadre thématique déjà bien dispersif.  Finalement, c’est toute la symbolique du spectacle qui en prend un coup : forêt ou pas, le spectacle prend alors des allures de scène purement commerciale offerte au spectateur, mettant en scène nos tourtereaux Raiponce et Flynn Rider sur leur fameuse barque romantique. On pourrait très bien se dire que cette scène s’inscrit dans une réflexion autour de l’élément de l’Eau, comme Tarzan aurait pu célébrer la Terre ou Pocahontas, l’Air. Mais l’absence rhétorique de l’Eau sur scène, comme personnification du lac infini et calme accompagnant le destin singulier des amants, et séparant la forêt de la cité dans le film, montre encore une faiblesse dans la réflexion scénaristique du spectacle. Cette symbolique aurait pu être traitée avec poésie et simplicité par les metteurs en scène. Les performeurs auraient alors pu insuffler toute une dramaturgie (singulièrement faible dans le cas présent) à titre figuratif et/ou narratif selon les situations et enrichir sans les altérer tous ces univers Disney. Quoi qu’il en soit, le spectateur sortira malgré tout ravi de ce quatrième tableau, la justesse et le jeu des artistes étant à souligner.

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Mais celui qui semble se démarquer est sans doute celui de Merida. Un véritable travail de mise en scène est alors appréciable autour d’un numéro de tir à l’arc. L’air entonné de « Touch the Sky » par Enchantella en personne nous replonge ainsi dans l’un des sites naturels les plus merveilleux, les Highlands écossais. La rebelle de toutes les princesses Disney est alors plus sublimée que jamais sur scène, plus à titre d’égérie féminine que de personnage d’action. Et c’est tant mieux puisqu’il s’agit d’un spectacle contemplatif dépourvu d’histoire réelle, mais qui est enfin assumé en tant que tel. Ce tableau convainc du début à la fin et nous plonge dans une philosophie forestière très haletante. Merida joue son rôle à fond. La scène est menée tambour battant avec brio « comme à Broadway » par l’ensemble des performeurs, permettant au spectateur d’enfin apprécier tout leur talent à sa juste valeur.

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Enchantella en vient alors dans une ultime ballade musicale à convoquer l’ensemble des êtres naturels de sa forêt. Bouclant le spectacle avec la reprise pleine d’allégresse du thème « Forest of Enchantment » dévoilé en début de spectacle, la conteuse réunit tous les performeurs. En guise d’ultime au revoir, les personnages Disney surgissent des gradins. Anecdotique certes, mais témoignant encore d’un manque de réflexion, on ignore pourquoi ces personnages interviennent dans le public si ce n’est pour offrir une minute de proximité au public, et reviennent en forêt comme s’ils en étaient sortis quelques instants. Aucune explication narrative ne viendra expliquer ce choix de mise en scène, tout comme le fut l’apparition surprise d’Elsa dans une répétition de la Fête d’Hiver en son honneur, censée lui être cachée, dans Chantons La Reine des Neiges. La cohérence n’est visiblement pas de mise mais l’efficacité est bien là tant les acclamations du public se font sentir pour le final de La Forêt de l’Enchantement. L’hymne du spectacle offre au spectateur un condensé de ce qui peut se produire de mieux aujourd’hui sur les planches new-yorkaises ou londoniennes. Si Vasile Sirli, Directeur Musical de Disneyland Paris, s’est chargé de superviser l’ensemble de l’orchestration et des arrangements des chansons Disney, les compositeurs et musiciens émérites Gordon L. et Lisa Goodwin se sont chargés de créer la chanson originale du spectacle.

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Gordon L. Goodwin

Natif du Kansas, Gordon L. Goodwin, saxophoniste et pianiste de jazz de formation, a débuté sa carrière à Disneyland en Californie en tant que simple membre d’ensemble musical. Il est crédité à la fin des années 1970 sur des albums de Louie Bellson et Gil Scott-Heron mais débute sa carrière en solo avec la sortie de son premier album, Close to the Edge en 1983. Ses collaborations en tant qu’orchestrateur et arrangeur avec de grands noms du jazz et du swing des années 1980-90-2000 sont nombreuses : le Tom Kubis Big Band, Grant Geissman, Perri, Miles Osland, Michael Crawford, Mark Mancina/Trevor Rabin, Dennis Bono, Simone et Dan Savant/Mike Watts. Gordon L. Goodwin embrasse également une carrière dans la musique de films, le plus souvent comme directeur musical et chef d’orchestre et non compositeur : Les Ailes de l’Enfer (1997), Armageddon (1998), Ennemi d’Etat (1998), The One (2001), Spy Kids 2 : Espions en Herbe (2002), Le Roi lion 3 : Hakuna Matata (2004), Benjamin Gates et le Trésor des Templiers (2004), Tarzan 2 : L’Enfance d’un Héros (2005), Kuzco 2 : King Kronk (2005), Benjamin Gates et le Livre des Secrets (2007), La Montagne Ensorcelée (2009), Mission G (2009), L’Apprenti Sorcier (2010) ou encore Numéro Quatre (2011). Parmi ses 16 nominations, il a reçu un Grammy Award en 2006 pour son arrangement de la musique du film d’animation Pixar Les Indestructibles et un autre en 2012 pour sa réadaptation de « Rhapsody in Blue » de George Gershwin. Il signe en 2014 un 9ème album avec son groupe de jazz traditionnel, The Big Phat Band. Gordon L. Goodwin a composé par ailleurs de nombreuses bandes originales de séries d’animation pour la Warner notamment, et qui lui ont valu plusieurs récompenses aux Emmy Awards. Fort d’un C.V. aux multiples facettes, il a pu se construire une solide réputation tant par ses compositions et ses arrangements que son propre jeu. Il a ainsi collaboré avec des artistes aussi divers que Ray Charles, Christina Aguilera, John Williams, Natalie Cole, Sarah Vaughan, Mel Torme ou Quincy Jones, et dirigé des orchestres symphoniques réputés à Atlanta, Dallas, Utah, Seattle, Toronto et Londres. Lui et sa femme Lisa ont signé plusieurs bandes originales de musicals américains tels que Dogs, the Musical.

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Forest of Enchantment

La chanson « Forest of Enchantment » ou « Swing Jazz » s’inscrit dans la pure lignée de compositions musicales du répertoire riche de Broadway, empreinte de motifs musicaux aisément identifiables, d’une orchestration très chaleureuse et lyrique à la fois et de petits accents toniques très disneyens. La musique du spectacle a été enregistrée dans les célèbres Capitol Studios à Hollywood, studios historiques où Frank Sinatra, Nat King Cole, Ray Charles ou encore les Beach Boys ont laissé leur empreinte. L’orchestre interprétant la musique du spectacle est composé d’une quarantaine de musiciens.

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« Forest of Enchantment » propose des paroles harmonieuses exclusivement en anglais (comme le reste du spectacle). Sur ce dernier point, l’idée de lancer une nouvelle production scénique, durant presque quatre mois, uniquement en langue anglaise est discutable. La vision artistique de cette production, que l’on pourrait assez facilement comparer par ses thématiques à la pièce britannique Le Songe d’un Nuit d’Eté ou au folklore de la fantasy anglo-saxonne, pourrait conforter cette idée mais est-il utile, au nom d’un concept artistique, qui s’avère d’autant plus déséquilibré sur scène, de priver 48 % d’un public que Disneyland Paris peine à séduire depuis bon nombre d’années ? Il s’agit là d’une énorme faute qui, on l’espère, sera corrigée prochainement, car elle punit un jeune public que l’on voudrait séduire avec des franchises Disney moins populaires (voire totalement méconnues comme Pocahontas) que La Reine des Neiges ou Star Wars et une histoire plus abstraite, ou simplement des spectateurs adultes français qui espèrent ne pas se déconnecter totalement de leur langue maternelle en venant visiter la destination Disney parisienne. Voilà qui expliquerait l’absence de dialogues et d’histoire sur scène. Ces éléments exprimés simplement en anglais en auraient perdus plus d’un. La musique, au-delà des paroles, a l’avantage de pouvoir attirer malgré tout le plus grand nombre. Mais cela reste extrêmement clivant d’un point de vue purement pratique pour le spectateur lambda, d’autant que le spectacle a été monté durant un an, laissant le temps aux scénaristes et metteurs en scène du spectacle, Christophe Leclercq et Aurélien Berda, de travailler ce point. Est-ce au spectateur de faire ce travail ou au prestataire de lui offrir la meilleure expérience possible ? La question ne se pose pas vraiment.

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Avec La Forêt de l’Enchantement : Une Aventure Musicale Disney…, Disneyland Paris offre une création entraînante et riche en couleurs, captivant jusqu’à certaines limites son auditoire. Sans grande prétention, ce spectacle aurait mérité davantage de réflexion en amont sur l’ensemble  des symboliques, poésies et messages qu’il suggère très superficiellement. Le choix de ses univers Disney reste très discutable, tout comme son univers féerique peu abouti. D’autres univers Disney auraient peut-être été mieux adaptés à la place de séquences qui n’ont pas réellement légitimité ici, comme celle de Raiponce : la Vallée magique des Fées, la forêt germanique de Blanche Neige et les Sept Nains, la forêt étrange et mouvementée d’Alice au Pays des Merveilles, la forêt attendrissante de Bambi, la forêt des rêves bleus de Winnie et ses Amis, la forêt de Maléfique (qui aurait pu entamer un vrai enjeu narratif), etc. Tant de thèmes qui auraient pu être tout aussi aisément mis en scène et connectés au Printemps En-Chanté Disney.

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Accusant par ailleurs quelques grossières lacunes tant au niveau de sa conception, sa mise en scène que de son exécution, il jouit malgré tout d’une scénographie très immersive, d’un petit bijou musical, « Forest of Enchantment », et d’univers fictifs assez efficacement adaptés pour combler ces erreurs notoires et regrettables. L’un de ses gros atouts est sans nul doute son optimisation pour lui permettre un agenda bien rempli dans une année : il peut en effet tout aussi bien s’inclure au printemps qu’à l’automne quand Chantons La Reine des Neiges bénéficiera des hautes saisons hivernales et estivales. Enfin, ce spectacle à budget maîtrisé offre une production qui peut s’installer et se désinstaller très facilement devant les décors imposants d’Arendelle. Accueillant 1200 spectateurs par représentation dans l’enceinte du Chaparral Theater, La Forêt de l’Enchantement : Une Aventure Musicale Disney… n’est pas l’enchantement total que l’on attendait, ni le spectacle le plus emblématique qu’aura connu cette salle, mais prouve combien Disneyland Paris souhaite impulser toutes ses forces vives et se poser des challenges dans la renaissance des productions scéniques de ses Parcs à thèmes, en offrant un nouveau spectacle unique dans les Parcs Disney, et mêlant des talents multiples, parisiens ou internationaux. C’est cette même motivation qui a conduit le parc à entretenir la magie aux alentours de cette salle en plantant 63 pins de 4 mètres, installant quelques décors et ouvrant des points de restauration et de vente de produits dérivés (Forest Treasures) à Cottonwood Creek Ranch.

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https://youtu.be/KJ7hRQmOdV0 [/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]