L’envol : Pixar met les enfants différents à l’honneur

Publié par Camille Esteve le 26 août 2020 | Maj le 26 août 2020

Les productions Pixar, toutes catégories confondues, ont toujours eu le don de faire passer des messages au spectateur avec finesse, humour, poésie et émotion. Les SparkShorts, une série de courts-métrages diffusés sur Disney +, ne font pas exception à la règle et abordent à chaque fois un nouveau thème de société sous un angle original et décalé. Cette fois encore, les équipes de production ont visé juste avec L’envol, qui traite la question du handicap et de la différence.

Fiche technique de L’envol

  • Titre original : Float
  • Titre français : L’envol
  • Genre : famille, fantastique, animation
  • Durée : 9 minutes
  • Diffusion Disney+

Synopsis du court-métrage : Un père découvre que son fils est différent des autres enfants, une différence des plus inattendues. Pour éviter que les autres ne le jugent, il le tient à l’abri des regards. Mais lorsque le don de son fils éclate au grand jour, il doit décider entre fuir et se cacher ou accepter son enfant tel qu’il est.

L'envol

L’envol : l’histoire d’un petit garçon pas comme les autres

Dans une rue tranquille vivent un père et son fils. Encore tout petit, celui-ci s’essaye à ses premiers pas, sous le regard émerveillé de son papa. Une scène touchante, mais plutôt classique… Jusqu’à ce que le petit se mette soudainement à flotter dans les airs ! Le père, d’abord subjugué par cette capacité extraordinaire, croise rapidement le regard interloqué et réprobateur du voisinage. En une fraction de seconde, la peur s’empare de lui : il récupère son fils et l’emmène dans la maison, à l’abri des regards.

Mais le temps passe… Le petit garçon grandit, son pouvoir de lévitation lui donne accès à une créativité que son père remarque à peine, tant il est inquiet à l’idée de la journée qu’il s’apprête à passer. Son fils va devoir se mêler aux autres enfants… Comment réagiront-ils, eux et leurs parents, face à ce petit bonhomme qui s’envole dès qu’il voit un pissenlit ? Pour éviter tout désagrément, le père préfère dissimuler au maximum la différence de son fils. Et c’est non sans angoisse qu’il le conduit dans un petit parc, où jouent déjà de nombreux enfants et leurs parents. Mais cette angoisse, son fils ne la voit pas : trop heureux devant tous ces nouveaux jeux, il exprime sa joie à sa manière, c’est-à-dire en s’envolant.

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Prisonnier des regards choqués et effrayés des autres, le papa veut repartir immédiatement. L’enfant proteste à grands cris : il veut jouer, comme les autres. Il hurle, se débat, et c’est un papa épuisé et à  bout de nerfs qui lui répond : « Mais pourquoi tu ne peux pas être normal ? » La question fait l’effet d’un électrochoc : pour la première fois, le petit garçon voit sa différence… dans les yeux de son père. Celui-ci prend soudainement conscience que le regard des autres a trop pesé sur sa paternité… Il décide alors de s’en libérer une bonne fois pour toute et de laisser son fils être lui-même…

L'envol

Changer son propre regard avant de vouloir changer celui des autres

Le court-métrage aborde la question du handicap chez l’enfant, et de la manière dont il est appréhendé par ses parents. A l’origine de ce court-métrage, l’histoire vraie du réalisateur, Bobby Alcid Rubio, qui n’a pas su comment réagir lorsque son fils, Alex, a été diagnostiqué avec un Trouble du Spectre Autistique. Il reprend alors ses traits pour raconter l’histoire de ce père et de ce fils : sa propre histoire. Par la lévitation du petit garçon, il veut représenter tous les handicaps, toutes les différences, pour que chaque parent qui y fait face puisse s’identifier.

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L’envol, c’est le parcours difficile d’un parent dans l’acceptation que son enfant sera différent d’une norme imposée par la société. C’est l’amour, mêlé aux doutes, aux peurs… La peur du regard des autres, du jugement, des moqueries, des rumeurs, de la méchanceté, du rejet… La peur de l’inconnu, aussi… Et cette peur paralyse, elle empêche de voir tout ce que cette différence pourrait offrir comme moments merveilleux. Lorsque le petit garçon s’envole et dessine au plafond, il se créé un univers formidable, que son père ne voit même pas, tant il est obnubilé par cette question : « comment les autres vont-ils réagir ? » Il voudrait bien la cacher, cette différence. Avoir l’air normal. Ne pas attirer l’attention. Et c’est dans cette seule et unique ligne de texte du court-métrage que ressort toute la détresse d’un parent qui ne sait pas comment protéger son enfant : « Pourquoi tu ne peux pas être normal ? » Aussi cruelle qu’elle puisse paraître, la phrase vise juste. Nombreux sont les parents d’enfants dits différents qui un jour se sont demandé : « Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi lui / elle ? » Et c’est précisément là que L’envol offre une fin des plus pertinentes. L’on pourrait s’attendre à un changement de comportement de la part des enfants et des parents, un happy end, où tous prendraient conscience que la différence n’est pas un mal, qu’au contraire, elle enrichit. Il n’en est rien. Parce que ce qui est important, au fond, c’est que le parent parvienne à changer son propre regard, avant de vouloir changer celui des autres. Que toutes ses peurs s’envolent, et qu’il reconnaisse à son enfant le droit d’être lui-même, avec sa différence. Le droit de vivre… comme tout le monde !

Avec une magnifique animation, Pixar arrive une nouvelle fois à aborder un sujet sociétal sans tabou et de manière absolument touchante. La dualité dans l’esprit du père entre l’amour inconditionnel qu’il a pour son fils, et la peur de ne pas pouvoir le protéger d’un monde où il sera très certainement jugé pour ce qu’il est, est très bien représentée en seulement neuf minutes. Le message est simple et efficace : n’ayons pas honte d’être ce que nous sommes, changeons notre propre vision de ce qu’est la soi-disant normalité. Parce que nous aussi, nous faisons partie « des autres« . Et pour qu’un jour, enfin, les mentalités évoluent.

L'envol

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