Nomadland, notre avis sur le road trip émotionnel de Chloe Zhao

Publié par Joshua Bobée le 8 juin 2021 | Maj le 8 juin 2021

C’était l’un des évènements de cette année cinéma, alors qu’Hollywood reprenait à peine vie après la crise sanitaire, une production s’est imposée par sa beauté et sa douceur quelques semaines avant la saison des récompenses : Nomadland. Portée par l’émouvante Frances McDormand entrainée dans un périple autour des États-Unis des démunis, l’histoire dessine un portrait authentique et attachant de victimes de la crise économique en quête d’une liberté bien fragile dans une vie de nomade. Lauréate de trois Oscars, la réalisation de Chloé Zhao dresse un brillant portrait sur l’Amérique moderne, en salles dès le 9 juin 2021.

Affiche de Nomadland, le road trip de Cholé Zhao en salles le 9 juin 2021

Nomadland

  • Réalisatrice : Chloé Zhao
  • Casting : Frances McDormand, David Strathairn, Linda May et Swankie
  • Scénario : Chloé Zhao d’après Nomadland: Surviving America in the Twenty-First Century de Jessica Bruder
  • Musique : Ludovico Einaudi
  • Production : Frances McDormand, Peter Spears, Mollye Asher, Dan Janvey et Chloé Zhao
  • Sociétés de production : Highwayman Films, Hear/Say Productions et Cor Cordium Productions
  • Société de distribution : Searchlight Pictures
  • Durée : 108 minutes
  • Dates de sortie :  19 février 2021 aux États-Unis, 9 juin 2020 en France

Bande-annonce et synopsis d’un voyage unique au cœur de l’Amérique

« Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain. »

Un portrait de l’Amérique des oubliés

Adapté du livre de la journaliste Jessica Bruder, Nomadland : Surviving America in the Twenty-First Century, le long-métrage suit les nouveaux nomades des États-Unis. Pendant de nombreuses années, la journaliste a dressé le portrait de ces nouveaux voyageurs, avec une grande partie autour des profits que tirent les grandes sociétés comme Amazon autour de ces travailleurs précaires. Un aspect que Chloé Zhao atténue dans Nomadland. De même, il semble évident au terme du visionnage que Fern et les autres voyageurs croisés ne souhaitent pas revenir à la vie sédentaire qu’ils ont quittée, ils ne s’imaginent pas autrement que dans cette vie de liberté. Des habitants des routes en mouvement permanent en fonction des saisons, des emplois évoluant dans une vie d’inconnu, lumineuse, bienveillante et pleine d’humanité face à la caméra affectueuse de Chloé Zhao.

Frances McDormand illumine le Nomadland de Chloé Zhao

Frances McDormand, bouleversante Fern

Elle n’est plus à présenter, aussi talentueuse que discrète, Frances McDormand enchaine les grands rôles depuis plus de vingt ans : la Mme Pell du Mississippi Burning d’Alan Parker, Betty Weathers dans Short Cuts, Marge Gunderson pour le Fargo des frères Coen, Miss Pettigrew ou encore l’attachante Mildred Hayes de Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance. Avec Nomadland, elle s’aventure dans une autre manière de jouer, le plus souvent seule actrice parmi les anonymes, et une fois encore elle brille par son interprétation. En retenue mais naturelle, d’une simplicité incroyable, elle pousse l’exploit jusqu’à provoquer plus d’émotions chez le spectateur lors des longs silences qu’avec des dialogues. Elle dresse un portait digne et fragile de ces voyageurs perpétuels, loin de tout misérabilisme : elle vit comme elle le peut, comme elle le veut.

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Nomadland s’inscrit dans une profonde justesse, à la fois décharné et imposant, il est aussi pudique que cru, le voyage de Fern s’éparpille dans un récit simple et authentique. Cet équilibre est le fait du personnage de Fern, de la maitrise de la caméra de Chloé Zhao mais, il repose tout autant sur les nombreux apprentis acteurs qui partagent le road trip de Frances McDormand. Attachants, bienveillants, lumineux, ils cadencent le long-métrage comme ils rythment l’odyssée de Fern dans son van.

Portrait d’une Amérique dépouillée dans Nomadland, Searchlight Pictures

Nomadland et la vision de Chloé Zhao

Jeune réalisatrice, Chloé Zhao avait déjà captivé l’attention de toute une industrie avec le saisissant portrait d’une star du rodéo en quête de sens dans The Rider en 2017. La caméra douce et tendre proche des visages, les émotions dépouillées, le soin du temps et de la longueur des mouvements de caméra, les prémices de l’approche de la réalisation de Zhao étaient déjà là. Avec Nomadland, elle propose un long-métrage étonnant parfois plus proche du documentaire que d’une production hollywoodienne classique, et c’est une de ses forces. D’un rythme assez lent et parfois contemplatif, Nomadland s’applique plus à montrer qu’à expliquer, offrant la part belle aux longs silences. Toutefois, cette longueur n’est pas une charge pour le rythme car le montage sert profondément la cadence du long-métrage, tout comme les bruits et les paysages. Des paysages d’une rare beauté, parfois en opposition avec la violence d’une vie riche en difficultés. Néanmoins, la beauté reste l’élément central de Nomadland, un voyage où la richesse repose plus sur le chemin et ses rencontres que sur la destination.

Frances McDormand et Chloé Zhao brillent avec Nomadland, Searchlight Pictures

Après ce road trip poétique, Chloé Zhao sera bientôt de retour au cinéma le 3 novembre 2021 avec le très attendu Les Eternels des studios Marvel. Une production d’une autre envergure. Toutefois,  il faut espérer que la réalisatrice apportera quelques touches de l’authenticité qu’elle donne à Nomadland dans cette superproduction au casting cinq étoiles. Concernant Frances McDormand, elle sera à l’affiche de l’alléchant French Dispatch de Wes Anderson, dont la sortie est prévue en salles françaises le 27 octobre 2021. En attendant, Nomadland arrive dans nos cinémas à partir du 9 juin 2021, quoi de mieux qu’un « road-trip » magistral pour redécouvrir les plaisirs du septième art.

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