En visualisant les bandes annonces du live-action Dumbo, qui sort en salle le 27 mars, un détail ne vous aura sûrement pas échappé : c’est le fait que les animaux présents dans le film sont tous muets, à l’inverse de ceux du long-métrage d’animation de 1941. En effet, si l’équipe du film a pris le parti de conserver le message principal ainsi que l’idéologie du film d’origine, il a été clair pour eux, dès le début, que le récit serait centré sur des personnages humains, afin d’ancrer cette nouvelle version dans ce qu’elle devait être, à savoir une adaptation live du dessin animé issu de l’âge d’or des studios Disney. Rien d’étonnant donc à voir certains animaux du dessin animé particulièrement bavards, comme par exemple la souris Timothée ou encore les autres éléphants du cirque, être, dans cette nouvelle version, dénués de parole. On vous en dit un peu plus ici.
Le choix d’une histoire ancrée dans le réalisme
Il a été rapidement évident au travers des différentes bandes annonces que, dans le remake de Tim Burton, seuls les personnages humains auraient droit à la parole. Le casting, porté par des acteurs de renom tels que Danny DeVito, Eva Green, Michael Keaton ou encore Colin Farrell, assumera donc à lui seul les répliques du film. Cela permettra d’ancrer le film dans un univers beaucoup plus réaliste et de donner un impact plus fort à la période dans laquelle il va s’inscrire, à savoir l’âge d’or du cirque. Dans une interview exclusive, accordée au Huffington Post, le scénariste et producteur Ehren Kruger, connu notamment pour avoir écrit trois films Transformers, explique d’ailleurs pourquoi le film de 2019 adoptera une vision plus réaliste que son prédécesseur :
« Une de mes ambitions principales était de parvenir à transporter les spectateurs pour leur faire croire qu’ils font partie de la troupe du cirque. […] Imaginez que Dumbo existe vraiment, qu’un éléphant soit capable de voler. […] Qu’est-ce que ça ferait d’être un membre de sa famille ? Voilà ce qui a vraiment motivé la décision de raconter cette histoire connue et aimée de tous en adoptant un autre point de vue, à travers des yeux d’humains, en impliquant vraiment le public, comme s’il vivait à l’âge d’or du cirque […] ».
On peut ajouter à cela le fait que, depuis l’apparition des live-actions chez les studios Disney en 2010, tous les remakes des classiques d’animation se sont scindés en deux catégories : ceux se rapprochant clairement de l’œuvre d’origine, comme La Belle et la Bête de Bill Condon et ceux en offrant une complète revisite tout en honorant l’ambiance d’origine comme Le Livre de la Jungle. On peut clairement dire que le remake de Dumbo s’apparente à cette seconde catégorie. Rien d’étonnant, donc, de voir certains attributs cartoonesques du dessin animé disparaître dans cette relecture originale.
Les animaux et leur rôle dans le film
Ainsi, le protagoniste de l’histoire, l’éléphanteau aux grandes oreilles et sa maman, Mme Jumbo, seront, comme dans le film d’origine, dénués de parole, mais fait plus surprenant, ce sera également le cas de Timothée, la courageuse petite souris, qui d’ailleurs bénéficiera d’un temps de présence amoindri par rapport au film d’origine, ainsi que des autres éléphants du cirque. D’autres personnages emblématiques du film sont muets, et pour cause, puisqu’ils seront tous simplement supprimés du scénario, il s’agit bien sûr de la bande de corbeaux qui offre astucieusement une plume « magique » à Dumbo, afin de lui donner confiance en lui, à la fin du film de 1941. Si l’on en croit l’interview du scénariste au Huffington post, il semblerait que la disparition de ces personnages s’explique principalement par l’exclusion globale des animaux parlants :
« J’ai décidé d’exclure cette idée d’animaux parlants par souci de réalisme, et parce que Dumbo ne parle jamais dans le dessin animé, que Jumbo n’a qu’une réplique ou deux, et qu’ils sont vraiment le cœur de notre histoire. Comme nous ne comptions pas en faire un film d’animaux qui parlent, cela supposait de s’éloigner de quelques personnages du dessin animé ».
Et ce sont donc les corbeaux qui en font les frais. On peut tout de même se demander s’il n’était pas tout simplement plus judicieux de supprimer ces personnages, étant donné les lourdes accusations qui pèsent sur eux. En effet, avec leur façon de parler et leurs tempéraments, ils ont souvent été dénoncés comme étant ni plus ni moins que des caricatures des noirs américains. D’ailleurs, le nom du chef de la bande, Jim Crow, est une allusion faisant publiquement référence aux lois sur la ségrégation aux États-Unis. Ainsi, leur disparition dans l’adaptation de 2019 semblait toute indiquée, même si l’équipe du film n’a pas confirmé cette hypothèse.
Donc, si vous comptez assister à la projection du dernier né de la branche chargée des films « live » chez les studios Disney, ne soyez pas surpris par l’absence de répliques entre les animaux : la relecture de cette œuvre imposait effectivement de s’éloigner du dessin animé originel. En revanche, avec un casting quatre étoiles, nous sommes d’ores et déjà convaincus que la profondeur du long-métrage d’animation sera parfaitement retranscrite au travers des personnages humains.