- Production : Jerry Bruckheimer Films et Silver Bullet Productions
- Titre original : The Lone Ranger
- Titre français : Lone Ranger, Naissance d’un Héros
- Sortie française : 07 août 2013
- Sortie américaine : 03 juillet 2013
- Durée : 149 minutes
- Réalisateur : Gore Verbinski
- Scénario : Ted Elliott, Terry Rossio et Justin Haythe
Critique : Lone Ranger, Naissance d’un Héros
Dès ces débuts, Lone Ranger, Naissance d’un héros (The Lone Ranger) faisait preuve de réticence et de timidité au sein des studios Disney. Impossible de le nier, cet audacieux long-métrage était un projet risqué et c’est après un visionnage de 2h30 que nous comprenons pourquoi son budget grandissant engendrait sa mise en péril. Et bien que l’ensemble de sa promotion (bandes annonces, affiches et produits dérivés) émoustillait notre curiosité et notre enthousiasme au fil des jours, l’ouvrage final n’arrive guère à nous convaincre. Le héros, solitaire et masqué, est né depuis un feuilleton radiophonique de Fran Striker en 1933 avant d’apparaître dans une série télévisée, notamment connue sur la terre américaine. Accouplant les principaux codes du western américain, un genre qui trouve difficilement un large public aujourd’hui, avec ceux de l’univers cinématographique Disney, Gore Verbinski, le réalisateur de la trilogie Pirates des Caraïbes, livre un film porté essentiellement sur la phénoménale performance de Johnny Depp en indien, telle une relecture du personnage de Jack Sparrow qu’il incarna dernièrement dans La Fontaine de Jouvence (2011) de Rob Marshall. Même si l’année avait pourtant bien débuté avec Le Monde Fantastique d’Oz (2013) de Sam Raimi, enchaîner les réussites reste une réelle difficulté, même pour un studio aussi glorieux et renommé que Disney – on se rappelle tous du fiasco de John Carter (2012) d’Andrew Stanton. A coup sûr, la déception proviendra de son scénario excessivement trop classique :
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D’un contexte de piraterie à la conquête de l’ouest, les majeures personnalités de l’équipe conservèrent leur rôle : Gore Verbinski dirigeait un film écrit par Ted Elliott et Terry Rossio et produit par Jerry Bruckheimer, le rôle principal étant accordé à Johnny Depp sous une musique composée par le sensationnel Hans Zimmer. L’ensemble des arguments était ainsi réuni, alors, à titre de comparaison, pourquoi un tel changement ? Pourquoi une « équipe gagnante » engendre t-elle une désillusion aussi marquée ? Et cependant, le producteur affirme à cet effet : « Si vous cherchiez un film aussi chouette que Pirates des Caraïbes, vous aurez Lone Ranger ». La cause fondamentale découle de son scénario trop prévisible, préférant se concentrer sur l’humour, qui, de ce point de vue, est une véritable victoire. Il est absolument inconcevable de ne point laisser apparaître, ne serait-ce qu’un sourire, sous les dires de Tonto. Justement, tout le problème est là, nous nous dirigeons encore et toujours vers la même finalité : Johnny Depp. L’avancée de la quête de Reid, bien qu’intéressante, ne suscite pas notre attention. La plupart des protagonistes peu travaillés, comme Red Harrington (Helena Bonham Carter) ou Rebecca (Ruth Wilson), se retrouvent vite mis à l’écart pour ne montrer que le meilleur, à notre grand désarroi. Il n’est point surprenant de constater l’extrême similarité entre Jack Sparrow et Tonto, de sa gestuelle jusqu’à son costume et maquillage de Joel Harlow. Les décors phares du Far West, comme le désert, le saloon, la mine ou la ligne de chemin de fer sont honorablement retranscrits. De tels paysages méritaient évidemment un tournage en décor naturel, ce qui induit un tournage plus long et plus difficile, Verbinski précisant que « C’est un tournage énorme, très dangereux et très difficile » – à ce propos, nombreuses ont été les catastrophes qui compromirent la bonne fin du film.
Un bon film passable pour DIsney
Certes, le film conserve de sa fraîcheur par des scènes d’actions, d’humours et parfois de répulsions – nous ne convions pas les plus jeunes d’entre nous qui pourraient être impressionnés par certains passages sanglants au même titre que pour Jusqu’au bout du Monde (2007) ; ce qui est plus restrictif pour l’animation reste plus libre pour une fiction. L’ambiance est d’autant plus marquée par des couleurs harmonieuses plutôt foncées (gris, marron…). Le spectateur, bloqué dans l’étreinte des effets spéciaux, n’arrive pas à libérer ses sentiments et son émotivité et il faut bien admettre que la bande originale composée par Hans Zimmer ne nous aide pas. Et malgré une multitude d’instruments typiques du Far-West (harmonica, banjo…), le compositeur ne tire pas parti de ce qu’il aurait avoir à disposition pour préserver son style épique qui lui sied si bien. Citons à contre exemple Il était une fois dans l’Ouest (1969) de Sergio Leone (musique composée par Ennio Morricone) ou Retour vers le Futur 3 (1990) de Robert Zemeckis (musique composée par Alan Silvestri). Mais ainsi, on ne retient par de thème marquant hormis le grand remix du William Tell Overture de Rossini, perdurant pendant une bonne dizaine de minutes.
L’omniprésence de l’action détruit la part de réalisme du film. Ceux qui cherchent de l’action, tel un Iron Man 3 (2013) de Shane Black, y trouveront leur compte, ceux qui cherchent en revanche leur retrouvaille avec le western classique seront outrés. Malgré de bons éléments, nous en attendions peut être trop, sans vraiment négliger qu’il deviendra, seul l’avenir nous le dira, une franchise à succès. Découvrez Lone Ranger, Naissance d’un héros, à partir du 7 août 2013 dans votre salle de cinéma…