La Place de Rémy avec son attraction Ratatouille : l’Aventure Totalement Toquée de Rémy et son restaurant le Bistrot de Rémy s’apprête à ouvrir officiellement le 10 juillet. Nous avons pu tester cette attraction qui s’annonce déjà un succès auprès des visiteurs et s’impose comme l’attraction la plus sophistiquée du resort. Nouveau concept d’attraction créé spécialement pour Disneyland Paris, elle a nécessité les talents combinés de Walt Disney Imagineering, Pixar Animation Studios et Euro Disneyland Imagineering. Cette nouveauté s’inspire de la culture française à travers le film d’animation Disney-PIXAR Ratatouille et bien que l’attraction ait été développée aux Etats-Unis, elle mérite également une mention « fabrication française ». Découvrons ensemble la recette d’une attraction réussie …
1 – Bien faire mariner votre idée
Quatre ans ont été nécessaires pour offrir à l’un des plus célèbres rongeurs Disney, tout un quartier. Et cette fois-ci, tout a commencé avec un rat mais pas seulement car chez Disney, tout commence aussi avec une idée et celle-ci est née il y a cinq ans, soit deux ans après la sortie du film, d’un scénario de cinq minutes pensé par le réalisateur du film Ratatouille, Brad Bird, inspiré d’une des scènes du film où le rat Rémy se retrouve dans le restaurant Gusteau’s et doit y éviter plusieurs dangers pour ne pas se faire attraper. L’aventure Ratatouille démarre à Flower Street en Californie, plus précisément à Glendale, dans les locaux de Walt Disney Imagineering où 1500 Imaginieurs répartis dans plus de 140 disciplines, forts d’une expérience de plus de 60 ans, s’occupent de faire vivre la magie aux millions de visiteurs de parcs Disney à travers le monde.
Trois ou quatres idées différentes ont été envisagées avant la décision finale de la direction. L’idée retenue : un parcours scénique qui démarre des toits de Paris où Rémy, à la recherche de la recette idéale pour ses invités, tombe dans les cuisines du restaurant Gusteau’s en pleine effervescence. Il s’ensuit toute une course agitée où Rémy doit échapper notamment au redoutable Chef Skinner. En compagnie de Rémy, les visiteurs traverseront plusieurs décors : la cuisine, le garde-manger, le four, la salle du restaurant, le restaurant de Rémy, … où il sera possible de retrouver 49 rongeurs au total dans l’attraction, interdite aux phobiques des rats ! Pour Liz Gazzano (Executive producer, Theme Parks à Pixar Animation Studios), « il y a deux personnages principaux dans l’attraction : Rémy, le ‘petit chef’ et Paris, la Ville Lumière ». Ce concept de poursuite n’est pas sans rappeler une attraction des parcs Disney américains, Mister Toad’s Wild Ride. Le concept approuvé, c’est à Tom Fitzgerald, Directeur Walt Disney Imagineering, de faire de l’aventure de Rémy une réalité et avoue que le concept choisi est l’un des plus sophistiqués qu’il ait jamais vu.
Pourquoi le nom « Ratatouille : l’Aventure Totalement Toquée de Rémy » ? Les Imaginieurs ont apprécié le caractère comique de ce titre ainsi que le jeu de mot autour de l’adjectif « toqué ». Un titre qui n’est pas très éloigné du concept original du film puisque Jan Pinkava, à l’origine du scénario, avait précisé qu’une histoire autour d’un rat qui veut devenir chef de cuisine était « une idée complètement folle ».
2 – S’entourer d’une équipe de chefs !
La cuisine de Walt Disney Imagineering a mobilisé 150 Imaginieurs sur le projet, parmi eux : Tom Fitzgerald, Beth Clapperton et Björn Heerwagen (à droite), et au total 4.000 personnes. Du côté de chez Pixar, on ne change pas une équipe qui gagne, surtout quand celle-ci a remporté un oscar. En plus de la participation du réalisateur Brad Bird, on retrouve aussi Michael Giacchino qui signe la bande son de la Place de Rémy et de l’attraction. Le compositeur avait déjà réalisé la musique du film Ratatouille (et de nombreux autres films Disney-PIXAR) et précise qu’avec son équipe, ils ont « pris les musiques du film et en ont fait une version combo très amusante ». Walt Disney Imagineering a tenu à la participation de Michel Giacchino pour la musique de l’attraction, pour y retranscrire tout l’univers du long-métrage. Il a fallu adapter différemment la musique à l’attraction, au restaurant et à la place (aucune musique n’a été composée pour la boutique), propre à leur ambiance respective. Par exemple, la musique du Bistrot de Rémy s’inspire de quelques rythmes jazz plus calmes afin de ne pas stresser le visiteur et lui inspirer un sentiment de confort.
En effet, dans les parcs Disney, la musique figure parmi les éléments clés dans la recette d’une attraction réussie propre à devenir un incontournable et permet cette touche magique qui plonge les visiteurs dans une ambiance unique et favoriser leur immersion dans l’univers recréé. Chaque détail compte, c’est pourquoi, toujours pour respecter l’univers du film, les dialogues en version originale ont été assurés par les mêmes acteurs, à savoir Patton Oswalt (Rémy), Lou Romano (Linguini), Brad Garrett (Gusteau). En version française, on retrouve au casting seulement Guillaume Lebon (Rémy) et Thierry Ragueneau (Linguini). De l’équipe originale du film, on retrouve également le designer Harley Jessup qui a collaboré sur le projet, notamment pour la scène de la cuisine de Rémy ainsi que pour les finitions de la fontaine.
Comme pour la conception du film, les équipes en charge de créer l’attraction ont consulté un grand nom de la cuisine française, cette fois-ci ni plus ni moins que le « Chef du Siècle », Paul Bocuse, dont la physionomie rappelle celle d’Auguste Gusteau et à qui un hommage a été rendu discrètement sur l’une des façades de la Place de Rémy.
Une fois l’attraction ouverte, au-delà des milliers de personnes qui ont participé à sa création, proposer quotidiennement une expérience délicieuse aux visiteurs de la Place de Rémy, son attraction, son restaurant et plus prochainement sa boutique est aussi exigeant que l’organisation de la cuisine d’un grand restaurant. C’est pourquoi la nouvelle section des Walt Disney Studios a exigé 200 nouveaux postes parmi lesquels on retrouve des opérateurs, techniciens audio-vidéo, animateurs, serveurs et commis de cuisine. Autant dire un luxe en période de crise actuelle. A l’image du reste du parc, la Place de Rémy sera un carrefour de compétences variées.
Pour citer Roger Gould, Creative Director, Theme Parks à Pixar Animation Studios (à gauche), « la collaboration entre Pixar et les Imaginieurs a pour objectif de donner vie à des univers comme cela n’a jamais été fait auparavant », en effet, la combinaison du savoir-faire des studios Pixar et de Walt Disney Imagineering a permis de nous immerger dans cet univers fidèle au film dont il s’inspire. Les Studios Pixar ont entièrement conçu l’univers visuel de l’attraction, dans ce but, 15 animateurs se sont rendus à Glendale pour superviser l’animation de l’attraction.
3 – Les bons outils font les bons cuisiniers pour une ratatouille !
La conception de l’attraction est passée par différents stades avant de devenir une réalité. L’attraction a vu le jour grâce à « the Dish », Digital Immersive Showroom (détail amusant en anglais « dish » se traduit par un « plat »). Sans doute l’un des endroits les plus magiques de Walt Disney Imagineering où l’imagination devient une première fois réalité, un endroit que rêverait de visiter tous les passionnés Disney, puisqu’il s’agit d’une pièce où sont testées en réalité virtuelle les attractions (à droite). Armés de lunettes 3D et d’un casque truffé de capteurs, la Dish permet une immersion dans une attraction en conception pour pouvoir proposer une expérience optimale. Selon les précisions de Mark Mine, qui dirige l’équipe affectée à Dish : « Nous avons beaucoup d’idées quand nous étudions une attraction. Mais comme elle ne doit durer que quelques minutes, la Dish nous permet de les optimiser, en testant nos idées, pour ne garder que les meilleures ». C’est dans la Dish qu’a été également conçu le futur « Pandora : the Land of Avatar ».
Puis, avant de faire sortir de terre les façades Haussmanniennes de la Place de Rémy, les Imaginieurs ont conçu plusieurs maquettes extérieures et intérieures de l’attraction, dont une presque grandeur nature, et qui ont nécessité plus de 3.000 heures de travail et 8 personnes à temps plein ! Un vrai travail d’artistes.
4 – Bien sélectionner les ingrédients de l’attraction Ratatouille
Pour l’intérieur, promettre une aventure surdimensionnée à la taille d’un rat a été un véritable défi pour les équipes de la Walt Disney Imagineering qui se sont appuyées sur trois éléments : les décors, les effets spéciaux et le véhicule.
D’abord les décors, qui ont été conçus de sorte à convaincre, paraître réels tout en veillant à respecter l’univers du film mais aussi être proportionnels les uns par rapport aux autres. Pour avoir une idée, dans la scène du garde-manger, le jambon que l’on aperçoit mesure 6,2 mètres de long et pèse 1,2 tonnes tandis que la vitre du réfrigérateur mesure, elle, 6,5 mètres de haut sur 4,3 mètres de large et pèse 1,2 tonnes aussi, de quoi se sentir tout petit. Par ailleurs, certains éléments de décors, de par leur proportion, tiennent lieu de structure.
Pour donner vie à cette aventure « totalement toquée » au coeur du film qui dure un peu plus de 4 minutes, ainsi qu’aux personnages, Walt Disney Imagineering a fait le choix judicieux de remplacer les habituels audio-animatronics par des projections 3D. Parmi des décors réels, les écrans 3D sont posés sur des structures métalliques en forme de dômes, construits en Californie (rappelez-vous c’est à partir de l’une des images de ces dômes que l’aventure Ratatouille avait commencé sur la toile). Pour les séquences d’animation, tout commence avec des storyboards avant l’étape de réalisation, ces scènes ont été spécialement réalisées pour l’attraction, un travail qui a demandé beaucoup de précisions, du sur mesure pour que chaque action se déroule au bon moment avec un sens particulier du détail, du fait que les scènes sont projetées sur d’immenses écrans mais aussi pour que le visiteur découvre à chaque fois de nouveaux détails. Aussi, fusionner les décors réels avec les écrans de projections 3D a relevé du défi pour les Imaginieurs.
Ensuite, Walt Disney Imagineering a dû faire appel à une technologie de pointe pour garantir une aventure 4D multi-sensorielle et livre ici une nouvelle prouesse technologique, dans la succession directe de l’héritage et de la philosophie de la société créée par Walt Disney en personne. On retrouve plusieurs effets spéciaux dans l’attraction : sensations de froid et de chaleur, effets olfactifs, vibrations, bruitages, éclairages, décors animés, projection d’eau, etc.. Certains des effets ont fait l’objet d’attention particulière, comme par exemple les odeurs de cuisine ou les effets sonores, enregistrés par les célèbres Skywalker Sound dans le nord de la Californie. Pour programmer toutes les animations et effets sur l’attraction, 72 jours ont été nécessaires. Malgré les difficultés, Beth Clapperton, Directrice Aristique du projet a précisé que dompter de nouvelles technologies a été stimulant.
Vient enfin le véhicule, toute une tradition chez Disney. Dès le départ, l’idée d’embarquer les visiteurs sur un rat était présente. La désormais fameuse rat-mobile déclinée en 5 coloris différents vient donc rejoindre les autres bateaux, doombuggies, voitures, StarSpeeder, chevaux de bois, ascenseurs et trains présents dans les deux parcs à thèmes. La rat-mobile s’inspire de véhicules présents dans d’autres parcs Disney à l’étranger (Mystic Manor, Pooh’s Hunny Hunt). Inédite à Disneyland Paris, elle bénéficie d’un système trackless, « sans rail », se déplace individuellement grâce à un ordinateur à bord et un système de guidage par balise et innove par rapport aux versions déjà existantes grâce à une flexibilité de mouvements horizontaux et verticaux. Ceux-ci ont été testés pendant un an sur un circuit construit spécialement pour eux à Détroit (Michigan). L’attraction compte au total 46 rat-mobiles qui peuvent embarquer 6 personnes maximum et 1 spécialement pour les personnes à mobilité réduite qui dispose de son propre quai d’embarquement. Les rat-mobiles se déplacent par groupe de trois mais pour varier l’aventure au fil des visites, chaque rat-mobile suit une trajectoire différente pour découvrir l’attraction et ses effets différemment. 37 combinaisons de parcours différents sont possibles. Et pour un rendement optimal de l’attraction, certaines scènes du parcours ont été dupliquées. De par ces différentes configurations, la capacité de l’attraction est de 2.200 personnes par heure.
Avec autant de technologie et d’effets spéciaux, les Imaginieurs ont dû faire face à un autre défi que Bruce Vaughn, l’un des Imaginieurs en chef, résume bien : « Nos attractions doivent donner vie aux films Disney, avec une technologie qui doit être invisible ». Aussi, si le spectacle doit être réussi, il faut le penser pratique. C’est pourquoi l’aspect technique a été réfléchi afin d’assurer une longévité optimale à l’attraction. Ce n’est pas tout, en cas de problème technique, les véhicules ne s’arrêtent pas brusquement mais progressivement tandis que les décors sont capables d’accuser certains chocs avec les véhicules. Enfin, pour maintenir l’expérience du visiteur intact, des scénarios ont été spécialement élaborés en cas de problème sur l’attraction.
5 – Favoriser les produits régionaux
Et la France dans tout ça ? Le concept validé, on a quitté la Californie, direction Disneyland Paris où l’ensemble des décors ont été réalisés sur place à l’exception des cheminées qui, elles, ont été réalisées à Londres ainsi que certains éléments du Bistrot de Rémy qui proviennent d’Irlande et de Roumanie. Durant les deux ans de travaux, ce sont 44 entreprises françaises qui ont collaboré sur le chantier, 34 en Ile-de-France et 11 en Seine-et-Marne, ce qui représente pas moins de 80% sur les 4.000 personnes au total qui ont participé à la création de l’attraction. Parmi ces sociétés, l’entreprise PnP, découverte lors de l’Euro Attraction Show, qui a fabriqué les aliments visibles dans le garde-manger ainsi qu’une autre entreprise bien connue de Disneyland Paris, Paradis Expansion, qui a réalisé les éléments de décoration à l’entrée du Bistrot de Rémy. Souvenez-vous, la société avait déjà collaboré avec Disney pour la rénovation du Galion du Capitaine Crochet à Adventureland mais aussi les barrières de Toy Story Playland. C’est également à une société française que l’on doit la conception du dispositif à ultrasons chargé de nettoyer les paires de lunettes 3D distribuées dans l’attraction. Innovante aussi, cet appareil peut nettoyer 22.000 paires en 5 heures. Il est d’ailleurs prévu qu’il serve à d’autres attractions dans le futur.
On ne le dira jamais assez, Disneyland Paris est un foyer des métiers d’artisanat d’art dont la plupart ont disparu en Europe. Car la haute technologie, c’est bien, mais les équipes de Disney ne négligent pas pour autant des métiers séculaires pour faire vivre l’enchantement. Parmi ces artisans du rêve, on retrouve Eric Marland, tapissier à Disneyland Paris, habilité depuis plus de dix ans à la réparation du mobilier du parc (banquettes, coussins, rideaux, parasols et quelques 200 sièges). Son secret ? « Avoir du goût et être méticuleux ». Il a apporté sa contribution au Bistrot de Rémy en réalisant l’un des deux canapés géants installés à l’entrée du restaurant, deux pièces uniques, d’une longueur de 4 mètres et d’une hauteur d’1,5 mètre. Des décorations pensées intelligemment car en cas d’indicent, dix minutes seulement suffiront pour démonter les coussins et les remplacer par une doublure. Il nous apprend que l’élaboration de ces deux canapés respecte des techniques artisanales : le bois de la structure a été verni, les couturières ont réalisé les gabarits et la coupe et ont confectionné les housses en tissu et cousu les passepoils, les tapissiers se sont occupés du garnissage mais aussi de couper les contreplaqués, coller la mouse et agrafer les housses des dossiers et des assises. Tout un art !
6 – Ne pas sous-estimer la présentation de l’attraction
La magie, c’est aussi une thématisation dans les moindres détails pour renforcer le dépaysement. Partout, les Imaginieurs ont multiplié les références à la capitale et au film Ratatouille : les éléments les plus parlants sont sans doute le mobilier urbain (réverbères, bancs, plaques d’égouts, etc.) tandis que les bâtiments nous proposent une véritable leçon de patrimoine et d’architecture. D’ailleurs, les façades de la Place de Rémy ont été volontairement peintes dans des tons plus chauds pour être plus accueillantes et la partie haute des bâtiments a été dessinée plus étroite pour un effet plus « cartoon ». Pour recréer ce petit Paris vu par Pixar, les Imaginieurs se sont inspirés, entre autre, de la Place Dauphine pour l’entrée de l’attraction, du boulevard Haussmann pour les façades typiquement parisiennes mais aussi de la Place des Vosges et de la Place de la Concorde, pour la fontaine notamment.
Et pour mieux comprendre ce travail du détail, il faut aller à la rencontre de Julia Gregory, originaire d’Angleterre : elle connaît bien Disneyland Paris dans ses moindres lignes depuis qu’elle a rejoint les équipes graphiques d’Euro Disneyland Imagineering dès 1990. On lui doit l’élaboration du péage d’accès, du parking et de la billetterie à l’entrée du parc et plus récemment, elle a collaboré sur Toon Studio, Stich Live !, Disney Junior Live !, Toy Story Playland et Twilight Zone Tower of Terror. C’est sur cette jeune anglaise qu’a reposé l’intégration et la coordination avec les autres équipes de chantier. Son travail consiste à corriger les plans, se rendre aux ateliers de fabrication et effectuer des modifications. « J’adore être sur les chantiers. Vous avez ensuite le plaisir et la fierté d’admirer le résultat » confie-t-elle.
A partir de certains concepts envoyés par les Etats-Unis, Julia les détaille. Elle s’est ainsi occupée de pas moins de 1.200 éléments graphiques en passant par les étiquettes, panneaux de réglementation, décors, affiches et consignes de sécurité, tout en respectant le style voulu par Walt Disney Imagineering. Plus concrètement, son travail a porté sur le dessin de l’enseigne extérieure, l’élaboration du menu, les treize dessins décorant les tables en forme de pots de confiture, de moutarde et d’épices. Son influence se retrouve également dans le vestibule et le lobby du Bistrot de Rémy où l’on retrouve plusieurs décorations qui rendent hommage aux deux grands cuisiniers du film, Auguste Gusteau et Rémy. Mais son travail ne s’arrête pas là. C’est à elle que revient aussi la préparation de la documentation complète des installations, la bible technique de l’attraction, nécessaire pour les équipes de maintenance, une documentation indispensable qui comprend, entre autre, les plans de fabrication, certifications des éclairages, circuits électriques, etc.. Un travail qui requiert plusieurs qualités : « Il faut être très pointilleux, avoir de bonnes notions de construction, être bien organisé et arriver à suivre énormément de choses en même temps ». Pour l’anecdote, l’enseigne de l’attraction a été changée à la dernière minute car elle ne satisfaisait pas Walt Disney Imagineering.
Il est possible de retrouver aussi d’autres références aux personnages du film dans la file d’attente intérieure et extérieure. Prévue pour durer 45 minutes maximum en extérieur et entre 15 et 20 minutes en intérieur, le visiteur y est réduit à une échelle 1/18e dès l’entrée et parcourt dans la file d’attente jusqu’au quai d’embarquement des décors impressionnants tout droit sortis du film, plus vivants qu’on ne le pense, notamment avec une enseigne Gusteau’s on ne peut plus réaliste.
Ce sens du détail s’est traduit aussi par la présence de quelques clins d’oeil. Comme la présence de deux hidden Mickey (Mickey cachés) bien dissimulés dans l’attraction et que les fans s’amuseront à retrouver ou encore une référence à un autre film des Studios Pixar, pour respecter une habitude des animateurs. Un indice, ce clin d’oeil est déjà présent dans le film Ratatouille.
7 – Choisir le bon accompagnement pour la ratatouille
A la sortie de l’attraction, une vitre de 30 mètres de long vous donnera une vue d’ensemble sur le restaurant, le Bistrot de Rémy, qui poursuit l’aventure de l’attraction à taille réduite. Les extérieurs étant conçus à échelle humaine et les intérieurs à hauteur d’un rat, les visiteurs pourront manger dans un décor étonnant, composé d’accessoires surdimensionnés, qui reproduit le restaurant de Rémy, la Ratatouille, aperçu à la fin du film et de l’attraction. En plus des 2.000 feuilles (2.127 exactement) de géranium et de lierre de 1,3 mètres peintes à la main qui décorent le restaurant et qui a monopolisé trois personnes à temps plein, les principales curiosités de ce restaurant sont les improbables chaises et tables, qui imitent des bouchons et couvercles, parmi les autres assiettes, couverts et parasols gigantesques, sans oublier l’éclairage fourni par des guirlandes géantes. L’idée est originale et a nécessité 3 ans de travail. L’élaboration du menu a requis lui aussi plusieurs mois de travail. Mais la conception du restaurant a été le plus difficile, selon Beth Clapperton, afin d’imaginer à la fois un décor surdimensionné mais aussi fonctionnel avec une attention particulière aux détails, comme par exemple la véranda du restaurant soutenue par deux énorme bouteille de champagne. Le rouge de la véranda n’est d’ailleurs pas un choix anodin, c’est la couleur qu’on retrouve sur la plupart des restaurants de la capitale. Le soucis du détail a été porté jusqu’aux costumes des serveurs avec une mention spéciale à la boutonnière, façon de rendre hommage à Rémy et à la Légion d’Honneur.
Vous l’aurez peut-être aussi remarqué, l’écriture de la devanture du Bistrot de Rémy rappelle celle des enseignes du « Métropolitain » de Paris. Du côté des cuisines, un potager a été spécialement planté à proximité du Disney’s Hotel Cheyenne pour cultiver les légumes et aromates nécessaires à la préparation de la ratatouille qui figurera naturellement au menu. Là aussi, le « made in France » est de rigueur avec 80% de produits d’origine française pour alimenter les 370 couverts que compte le restaurant où s’affaireront, en période d’affluence, une cinquantaine de cuisiniers.
8 – Toujours penser à la touche finale
Capitale du shopping oblige, la Place de Rémy proposera une boutique. Baptisée Chez Marianne – Souvenirs de Paris, sa construction a été décidée à la dernière minute et ouvrira dans le courant de l’automne. Cette fois-ci, le nom de la boutique ne fait pas référence à un personnage du film et n’est évidemment pas étranger à Marianne, figure de la République Française. Une gamme de produits exclusive a été dessinée pour alimenter le succès de cette nouveauté. C’est l’oeuvre d’Olivier Besson, Senior Manager Art Merchandise depuis 2010, une collection de plus de 7.000 produits en vente sur le resort avec une trentaine de produits estampillés « Ratatouille » déclinés en statuettes, mugs, porte-clefs, chapeaux, peluches, etc., grâce à une équipe qui utilise aussi bien le graphisme que le dessin traditionnel pour concevoir des produits que les visiteurs ne retrouveront pas ailleurs que dans le resort.
A l’aménagement intérieur de la boutique a participé également Stefano Servi, pour qui la passion Disney remonte à l’enfance, couplée d’un intérêt vif pour l’histoire de l’art, l’urbanisme et l’agencement des jardins mais aussi pour le monde du spectacle, devenu en 2013 Technicien Conception Dessins chez Euro Disneyland Imagineering après un parcours atypique qui l’a vu, entre autre, Opérateur Animateur à Star Tours. La boutique présentera un style Art Nouveau avec ses courbes, ses inspirations florales et formes naturelles, un style qui a fait les beaux jours de la capitale de la fin du XIXe siècle jusqu’au début du siècle précédent. C’est la mission assumée par les Imaginieurs : donner aux visiteurs l’impression de retrouver une boutique parisienne de l’époque. En tant que passionné Disney, Stefano Servi a bien compris l’essence même de ce travail d’Imaginieur, à savoir que chaque lieu doit raconter une histoire. Avec ses portes, ses poignées, ses meubles et autres éléments décoratifs, Chez Marianne – Souvenirs de Paris s’inscrira dans cette démarche.
La boutique sera divisée en plusieurs parties, une partie centrale et deux espaces distincts, « comme si les propriétaires avaient réuni deux boutiques en une », précise Stefano, afin de proposer un espace « bonbons » au style plus féminin et une partie « souvenirs » à la décoration plus masculine.
Comment se conçoit l’intérieur d’une boutique ? Stefano Servi nous fait savoir qu’à partir de croquis des créatifs et les commentaires des opérationnels, des dessins techniques sont réalisés sur ordinateur avant d’être validés par les architectes puis envoyés aux entreprises pour l’étape de fabrication. L’esthétique n’est pas l’unique souci des Imaginieurs, en effet, les aménagements intérieurs doivent se soumettre à d’autres obligations. Par exemple, les équipements techniques doivent être invisibles, comme pour l’attraction, mais aussi respecter des normes de sécurité comme arrondir les angles des meubles pour la sécurité des enfants.
9 – Déguster sans modération l’attraction avec Rémy !
Coût total de la préparation : plus de 200 millions d’euros ! Un record pour Disneyland Paris qui s’offre avec la Place de Rémy et Ratatouille : l’Aventure Totalement Toquée de Rémy, l’attraction la plus chère d’Europe.
Malgré les difficultés rencontrées au niveau de la conception, Roger Gould précise que « c’est vraiment un rêve que de faire vivre des personnages au travers d’une attraction. Le tout est de s’assurer que, dans les deux mondes, ils inspirent le même ressenti ». Et quel résultat ! Fruit d’un travail de plus de quatre ans par les différentes équipes Disney qui ont combiné, chacun avec leur spécialité, une technologie nouvelle à des techniques traditionnelles pour offrir un chef d’oeuvre vivant dans lequel on prend plaisir à évoluer et où les sens sont en émoi. A travers le portait des différents talents qui ont collaboré sur la Place de Rémy, il nous est prouvé que « tout le monde peut faire rêver » ! Cette nouveauté se place à l’intersection d’un savoir-faire unique, d’un patrimoine culturel riche et les promesses des technologies nouvelles.
A retenir :
– Conçu par Walt Disney Imagineering, Euro Disneyland Imagineering et Pixar Animation Studios
– 4 ans de conception
– 2 ans de travaux
– 1 attraction familiale, 1 restaurant et 1 boutique
– 150 Imaginieurs ont travaillé sur le projet Ratatouille
– 4.000 personnes ont été néessaires pour réaliser la Place de Rémy
– 200 nouveaux postes créés par Disneyland Paris
– Participation de certains membres de l’équipe du film au projet : Brad Bird (réalisateur), Michel Giacchino (compositeur), Harley Jessup (designer)
– 15 animateurs Pixar ont travaillé sur les séquences d’animation
– Attraction conçue grâce à Dish (réalité virtuelle)
– Les maquettes de l’attraction ont requis 8 personnes et plus de 3.000h de travail
– Certains éléments de décors de l’attraction mesurent plus de 6 mètres de haut et pèsent plus d’une tonne
– Durée de l’attraction : environ 4 minutes 50
– Attraction : parcours scénique avec projections 3D et effets spéciaux (aventure 4D multi-sensorielle)
– véhicules Trackless inédit
– 47 rat-mobiles (dont 1 pour personnes à mobilité réduites)
– 37 combinaisons de parcours
– 44 entreprises françaises présentes sur le chantier
– Un appareil nettoie environ 22.000 lunettes 3D en 5 heures
– Deux canapés du Bistrot de Rémy mesure 4 mètres de large et 1,5 mètres de hauteur
– 2 Hidden Mickey et 1 clin d’oeil à un film Pixar dans l’attraction
– 2.127 feuilles de géranium et de lierre décorent le restaurant
– 3 ans de travail pour la conception du restaurant
– 370 couverts au Bistrot de Rémy
– Restaurant : 80% de produits d’origine française
– Boutique : composée de trois parties
– Coût de l’investissement total : plus de 200 millions d’euros[/box]