The French Dispatch : notre avis sur l’art de l’excès version Wes Anderson

Publié par Joshua Bobée le 6 novembre 2021 | Maj le 9 novembre 2021

Après The Grand Budapest Hôtel, L’Île aux Chiens, Moonrise Kingdom ou encore la Vie Aquatique, l’atypique Wes Anderson revient avec une nouvelle création unique : The French Dispatch. Un hommage au journalisme construit autour des aventures de quatre reporters d’un supplément de The Evening Sun de Liberty, Kansas : The French Dispatch. En salles depuis le 27 octobre après de nombreux reports, le dernier long-métrage du génie du cinéma américain a de quoi dérouter : voici notre avis.

Une bande dessinée pour l'affiche de The French Dispatch de Wes Anderson
Une bande dessinée pour l’affiche de The French Dispatch de Wes Anderson

The French Dispatch de Wes Anderson

  • Réalisateur : Wes Anderson
  • Scénario : Wes Anderson, Roman Coppola, Jason Schwartzman et Hugo Guinness
  • Casting : Benicio del Toro, Adrien Brody, Tilda Swinton, Léa Seydoux, Frances McDormand, Timothée Chalamet, Lyna Khoudri, Jeffrey Wright, Mathieu Amalric, Stephen Park, Bill Murray et Owen Wilson
  • Musique : Alexandre Desplat
  • Production : Wes Anderson, Jeremy Dawson, Steven M. Rales et Scott Rudin
  • Société de production : Searchlight Pictures, American Empirical Pictures, Indian Paintbrush et Scott Rudin Productions
  • Société de Distribution : The Walt Disney Company
  • Durée : 103 minutes
  • Date de sortie : 27 octobre 2021

Bande annonce et synopsis du long-métrage de Wes Anderson :

« Le journal américain The Evening Sun de Liberty, Kansas possède une antenne nommée The French Dispatch à Ennui-sur-Blasé, une ville française fictive évoquant Paris dans les années 1950-60. Arthur Howitzer Jr., le rédacteur en chef du French Dispatch, meurt subitement d’une crise cardiaque. Selon les souhaits exprimés dans son testament, la publication du journal est immédiatement suspendue après un dernier numéro d’adieu, dans lequel trois articles des éditions précédentes du journal sont republiés, ainsi qu’une nécrologie. Les trois articles traitent de Moses Rosenthaler, un détenu psychopathe qui se révèle être un grand artiste peintre, des évènements de Mai 68 et enfin d’une enquête gastronomique qui vire au polar. »

Wes Anderson au sommet de son art, presque inaccessible

Déroutant sur de nombreux points, The French Dispatch s’impose comme l’une des productions les plus abouties de Wes Anderson, en tout cas sur le plan visuel. Son culte des décors complexes, de la symétrie et des plans filmés en poursuite est parfaitement maitrisé dans une mise en scène précise, cadrée au service des acteurs. Pourtant, le spectateur peine à entrer dans un scénario décousu au rythme distendu, et les nombreux acteurs présents au casting n’y changent pas grand-chose ; pire encore, ils semblent comme écrasés par les obsessions visuelles d’Anderson.

Le carnet de voyage de Sazerac, Le chef-d’œuvre de béton, Refonte d’un manifeste, La salle à manger privée du commissaire : quatre histoires dans l’histoire d’une publication aux faux airs de l’hebdomadaire américain The New Yorker. Ces quatre visions offrent de nombreux hommages au cinéma tricolore, évoquant les classiques de Jacques Tati, Jean-Luc Godard, François Truffaut ou encore Henri-Georges Clouzot, mais elles conduisent inévitablement à avoir le sentiment d’assister à une masterclass de cinéma. Le constat est évident : face à ses déséquilibres, The French Dispatch est source d’autant d’émerveillement que de désillusions.

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Histoires courtes d’une France de carte postale

Les histoires des quatre journalistes se déroulent dans la ville typiquement française d’Ennui-sur-Blasé, un trait d’humour prémonitoire car c’est le sentiment laissé par ce long-métrage. Les intrigues dans l’intrigue, la multitude d’acteurs (quand bien même talentueux), d’histoires, le choix d’alterner plusieurs types de réalisations (noir et blanc, couleurs, animation) et toujours plus de détails, cet ensemble provoque une certaine forme d’ennui, de désintérêt par excès. Ce manque d’intérêt est accentué par le déséquilibre entre les quatre parties avec, en tête de file, la première portée par Owen Wilson, extrêmement brève par rapport à la dernière d’une longueur interminable. S’il est facile pour les spectateurs d’imaginer le plaisir des acteurs et actrices à évoluer devant la caméra d’un génie comme Wes Anderson, il est évident qu’avec The French Dispatch ce plaisir peine à transparaitre au visionnage.

Bill Murray et Jeffrey Wright dans The French Dispatch, Searchlight Pictures
Bill Murray et Jeffrey Wright dans The French Dispatch, Searchlight Pictures

Néanmoins, les amateurs du cinéaste s’y retrouveront, Wes Anderson propose même une nouvelle facette de son art avec une caméra plus intime, plus proche des acteurs. La musique orchestrée par Alexandre Desplat et ponctuée de nombreuses reprises du répertoire français par l’artiste Jarvis Cocker donne un peu de lumière aux scènes parfois sans âme du long-métrage. Grâce à cette musique, au casting (renforcé par de nombreux acteurs français) et à la caméra d’Anderson, The French Dispatch offre une relecture nostalgique, idéalisée et souvent sublimée de la France des années soixante. Une approche identitaire de l’œuvre de Wes Anderson mais qui ne suffit pas à emporter le spectateur dans un récit sans vrai début, sans vrai fin et où l’esthétique prend le pas sur l’histoire.

The French Dispatch, l’hommage de Wes Anderson au journalisme dans une carte postale idéalisée et lissée de la France est à découvrir en salles depuis le 27 octobre. En attendant les classiques du cinéaste The Grand Budapest Hotel, À Bord du Darjeling Limited et L’Île aux Chiens sont disponibles sur Disney +.

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