Une triste nouvelle est survenue ce 29 avril 2015 pour les Fans français de la plus belle des histoires intergalactiques puisque nous avons appris la disparation de l’acteur Jean Lescot, inimitable Yoda dans la version française de Star Wars. Cette acteur français de génie a non seulement été aperçu dans de nombreux films ou pièces de théâtre, de l’orée des années 1960 à ces derniers mois, mais fut également doubleur de renommée de grands acteurs et personnages…
Yoda ne meurt jamais
Sans jamais avoir percé comme vedette nationale, il est l’une de ses figures finalement incontournables de ces dernières décennies dans le paysage cinématographique et théâtral français. Ce grand artiste s’est éteint après une carrière étincelante des suites d’une longue maladie. Né le 30 août 1938, fils d’un émigrant juif polonais, il fait ses premiers pas sur les planches parisiennes dès l’âge de 20 ans. Il ne cessera jamais d’exercer son art dès lors. Claude Lelouch le met en scène dans La Femme Spectacle en 1964. Il se voit également dirigé par Gilles Grangier dans L’Âge Ingrat. C’est durant ces années 1960/1970 épanouissantes que sa carrière va prendre de l’ampleur : Qui êtes-vous Polly Maggoo ?, de William Klein, Les Gauloises Bleues, de Michel Cournot (1967), L’Affiche Rouge, de Frank Cassenti (1975), Mon Oncle d’Amérique, d’Alain Resnais (1979), etc.
Suivront des projets avec Costa-Gavras, Edouard Molinaro, Raoul Ruiz, Henri Verneuil, Richard Dembo, Philippe Harel, Dante Desarthe et plus récemment Christophe Barratier dans Faubourg 36. Au théâtre, il est l’un des acteurs essentiels de cette même période dans le tout Paris et collabore, avec sa personnalité et son jeu singuliers qui le caractérisent, avec des metteurs en scène comme Gabriel Monnet, Roger Planchon, Armand Gatti, Gabriel Garran, ou encore Jean-Claude Grumberg, son ami. Il se démarque aussi dans des projets télévisuels sérieux comme Le Pain Noir de Serge Moati en 1974. Encore il y a peu, il régalait les spectateurs de l’Athénée sous les traits de Sorine dans une adaptation de La Mouette de Tchekhov, sous la direction de Christian Benedetti. Il naviguait d’ailleurs durant sa fin de carrière entre théâtre public et privé. Cette mince rétrospective de sa vie professionnelle ne peut rendre compte véritablement de l’immensité du talent de cet artiste que la culture française a perdu.
Une carrière de doubleur prolifique et hétéroclite
Du côté du monde du doublage, ce grand nom du septième art aura marqué les esprits. Voix officielle francophone de Ben Kingsley mais aussi Seymour Cassel, Mel Brooks, David Bradley (Argus Rusard pour les Harry Potter à partir du 3ème opus), Armin Mueller-Stahl ou encore Per Oscarsson (pour la saga originale Millénium), c’est bel et bien son interprétation du maître des Jedis dans la prélogie Star Wars (épisodes I, II et III) et dans les séries Star Wars – The Clone Wars (2003 – 2013) et Star Wars Rebels, saison 1 (2014), qui lui vaut une popularité de haut rang dans la communauté Disney et Star Wars. Rappelons que c’est l’acteur Serge Lhorca (disparu en 2012) qui doublait le petit homme vert dans les épisodes IV, V et VI. Chez Mickey, Jean Lescot a également signé la voix française d’Amphytrion, le père adoptif d’Hercule en 1997, une voix mineure dans le live-action Les 101 Dalmatiens en 1996, celle de l’inspecteur de police ou encore le personnage de Morty Flickman apparu de 2004 à 2005 dans la série ABC Desperate Housewives. Ses activités de doublage l’ont conduit également à de nombreux projets célèbres cinématographiques ou télévisuels : Le Trône de Fer (Mestre Pycelle), Dune (Nefud), L’Exorciste (Lieutenant William « Bill » Kinderman), Buffy Contre les Vampires (Doc), Troie (Triopas), Charlie et la Chocolaterie (grand-père Georges), Au Nom d’Anna, Wall Street : L’Argent Ne Dort Jamais, Docteur Dolittle, Little Miss Sunshine, Hugo Cabret, Lara Croft: Tomb Raider…
https://www.youtube.com/watch?v=h1bPulROPwo
Ce comédien restera à tout jamais dans les cœurs des passionnés et aura laissé des empreintes dramatiques fortes dans des genres aussi opposés que le doublage de blockbusters, la dramaturgie classique ou contemporaine, ou encore le cinéma de la Nouvelle Vague.