Le patrimoine européen à l’honneur à Disneyland Paris

Publié par Aurélia Caillot le 10 janvier 2022 | Maj le 10 janvier 2022

Dès le début de la conception du parc Disneyland Paris, l’ambition était de créer une destination à la hauteur du public européen – et surtout français – riche de son patrimoine tant architectural, qu’historique, littéraire et artistique. Les Imagineers se sont alors lancés dans ce défi et ont puisé dans le patrimoine européen pour composer un parc foisonnant de références à l’héritage du « Vieux Continent ». Mais tout d’abord, petit retour en arrière.

Walt Disney et l’Europe : entre admiration et inspiration

La société Disney entretient depuis longtemps des liens avec l’Europe. Tout commence avec son fondateur, un descendant d’une famille de Normandie, les D’Isigny, qui ont émigré plusieurs fois avant de s’installer aux États-Unis. L’enfance de Walt Disney a aussi été bercée par les contes traditionnels européens, lus par sa mère et sa grand-mère nourrissant son imaginaire durablement puisqu’il s’en servira pour écrire ses dessins animés.

Son attrait pour l’Europe s’est concrétisé plus tard par un voyage qu’il fit avec sa femme Lilian en 1935, au cours duquel ils traversèrent la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche et l’Italie. Il en profita pour acheter des livres illustrés par des grands noms du dessin européen : Gustave Doré, Honoré Daumier, Grandville, Béatrix Potter, Heirich Kley et bien d’autres… Ces livres se sont retrouvés sur les étagères de la bibliothèque des studios et étaient régulièrement consultés par les dessinateurs qui s’en inspiraient. Des dessinateurs, pour certains européens, gardaient en mémoire la culture de leur pays d’origine pour la réemployer dans les dessinés animés. C’est le cas de Gustaf Tenggren, dessinateur sur Blanche Neige et les Sept Nains, qui utilisa les souvenirs des petites sculptures de bois chez son grand-père en Suède pour décorer la chaumière des nains.

Les dessins animés Disney, par leurs histoires et leurs styles artistiques sont donc à la fois un hommage et une recréation du patrimoine européen. De quoi préparer le terrain pour les Imagineers de Disneyland Paris !

Les sources littéraires de Disneyland Paris

C’est donc en toute logique que les ingénieurs de l’Imagination se sont intéressés aux auteurs européens pour créer le parc. La première inspiration est évidente : Jules Vernes, auquel est dédié un land tout entier, Discoveryland. Dans sa version originelle, Space Mountain était basé sur le roman De la Terre à la Lune. Le Nautilus lui est tiré de 20 000 lieues sous les Mers. Les amas rocheux à l’entrée du land, avec leurs eaux bouillonnantes, rappellent les paysages volcaniques de Voyage au Centre de la Terre.

Mais ce n’est pas tout ! À Adventureland, le restaurant du Colonel Hathi fait référence au dessin animé Livre de la Jungle – lui-même inspiré du roman de Rudyard Kipling – tandis que la Cabane des Robinson et Ben Gunn’s Cave sont repris des films Les Robinsons des Mers du Sud et L’Ile au Trésor (réalisés par les studios Disney), eux-mêmes adaptés du roman éponyme de Robert Louis Stevenson et du Robinson Suisse de Johann David Wyss. Sans rappeler que Skull Rock et le Captain’s Hook Pirate Ship sont avant tout une création de James Matthew Barrie pour son livre Peter Pan

Le bateau du Capitaine Crochet

Le bateau du Capitaine Crochet amarré devant Skull Rock

Frontierland n’est pas en reste puisque notre unique Phantom Manor a ses sources bien à lui… Dans le roman de Charles Dickens, Les Grandes Espérances, Miss Haversham est une fiancée restée dans sa robe de mariée pour attendre le long retour de son fiancé. Ce personnage vous semble familier ? (Une certaine Mélanie Ravenswood ?) Quant au Fantôme maître des lieux, on le doit au personnage du Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux.

Henry Ravenswood, illustre propriétaire du Manoir de Boot Hill à Thunder Mesa

Le Fantôme du manoir, aussi connu sous le nom d’Henry Ravenswood

Bien évidemment, ceci se trouve aussi à Fantasyland et notamment au pays des contes de fées, avec de multiples références littéraires héritées des frères Grimm, de Perrault, et d’Andersen. Mais comme dirait Laurent Cayuela dans la web série Il était une fois Disneyland Paris, « ça c’est une autre histoire » !

Disneyland Paris : une ode à l’art et l’artisanat

Les références à la culture européenne sont aussi visibles dans le décor du parc, notamment à travers l’architecture. La pièce centrale de Disneyland, le Château de la Belle au bois dormant, emprunte à plusieurs monuments français comme le Mont Saint-Michel, les Hospices de Beaune, l’église Saint-Séverin, les châteaux du Val de Loire (Chambord, Ussé, Azay-le-Rideau). Le même style architectural est employé dans l’Auberge de Cendrillon, avec ses toits en ardoises bicolores et ses petites tourelles. L’architecture anglaise est aussi à l’honneur en deux endroits du parc : le Toad Hall Restaurant reprend le style élisabéthain (deuxième moitié du XVIème siècle), tandis que Phantom Manor fait plutôt penser à un manoir victorien du XIXème siècle. Toujours à Fantasyland, on retrouve des emprunts à l’architecture allemande. D’une part l’attraction le Voyage de Pinocchio qui s’inspire du style tyrolien avec sa façade en bois peint mélangé à de la pierre grossièrement taillée rappelant un chalet – et d’autre part, le château de la Méchante Reine de l’attraction Blanche-Neige et les Sept Nains, plus inspirée de l’architecture gothique. Le Sud de l’Europe n’est pas non plus oublié : à quelques pas de l’attraction It’s a Small World, nous retrouvons le restaurant Bella Notte, dont la façade légèrement inclinée n’est pas sans rappeler la Tour de Pise…

Toad Hall Restaurant, inspiré du patrimoine anglais

Toad Hall Restaurant

Les Imagineers ont aussi voulu rendre hommage à l’artisanat du patrimoine européen en employant plusieurs techniques anciennes. L’exemple le plus flamboyant est celui des vitraux, que l’on retrouve sur Main Street, et bien sûr au Château de la Belle au Bois Dormant (Paul Chapman, le vitrailliste, avait même travaillé sur les baies de Notre-Dame et de Westminster Abbey !). Un autre savoir-faire est présenté dans le Château : celui de la tapisserie, avec les scènes tissées racontant l’histoire de la Princesse Aurore. Et elles n’ont pas été fabriquées n’importe où puisque qu’elles viennent d’Aubusson, la ville historique de cette technique !

Les espaces verts de leur côté, s’inscrivent dans la tradition du jardin à la française, à travers toutes les topiaires (sculptures végétales) que l’on aperçoit à Fantasia Garden ou à côté du Labyrinthe d’Alice.

Les clins d’œil de Disneyland Paris à la cuisine européenne

Comme expliqué plus haut, certains restaurants du parc possèdent une architecture empreinte de références, mais ce n’est pas tout ! Les restaurants tels que le Bella Notte, le Toad Hall ou encore le Chalet de la Marionnette sont dotés d’un menu en lien avec leur architecture. Dans le premier, vous pouvez manger des pâtes à la bolognaise, tandis que dans le second vous pouvez savourer un fish & chips très british ! Le dernier quant à lui propose une carte plutôt germanique avec en plat un hot-dog bavarois ou de la Bratwurst (saucisse) et du strudel pour le dessert. Côté restauration avec service à table, le Bistrot Chez Rémy est celui qui rend le plus hommage à la cuisine française, en reprenant l’ambiance et le menu des cafés parisiens comme la fameuse ratatouille de Rémy accompagnée d’une pièce de bœuf ou de poisson selon les goûts !

Disneyland Paris est aussi fier de l’héritage du patrimoine européen et continue à l’entretenir, en faisant appel aux meilleurs artisans comme pour la restauration des toits du Château, sur laquelle interviennent les fameux Compagnons du Tour de France pour refaire les couvertures de tuiles et les dorures. Cet héritage est depuis 2018 mis en avant à travers les journées du Patrimoine et les différentes communications du parc sur le sujet, n’hésitez pas à les consulter si vous voulez en apprendre plus !

Sources :
– Disneyland Paris, Disneyland Paris célèbre son patrimoine et ses métiers d’art, 2019.
– Disneyland Paris, Phantom Manor, l’attraction décryptée, 2019.
– Catalogue d’exposition, Il était une fois Walt Disney : aux sources de l’art des Studios Disney,
2006.

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