Ce jeudi 17 novembre, blogueurs et influencers étaient conviés par The Walt Disney France pour une table ronde en compagnie de l’équipe du film « Vaiana, la Légende du Bout du Monde ». La rencontre se déroulait à l’Hôtel Mandarin Oriental (Paris I) et étaient présents Osnat Shurer (productrice), le duo de réalisateurs John Musker et Ron Clements, ainsi qu’une partie du casting français: Anthony Kavanagh (Maui), Cerise Calixte (Vaiana) et Mareva Galanter (Sina). Découvrez dès à présent notre retranscription de cette conférence. Découvrez la critique de Vaiana La Légende du Bout du Monde !
Après la conférence avec le casting français, dont vous pouvez retrouver notre retranscription ici, c’est au tour des réalisateurs John Musker et Ron Clements ainsi que d’Osnat Shurer la productrice, de répondre à nos questions.
Question : Quel a été le rôle de la recherche dans la création de ce film d’animation?
Ron Clements : John Lasseter est un fanatique de la recherche et nous avions une envie de parler de cet univers des îles du Pacifique. Il y a 5 ans, nous lui avons présenté le projet Vaiana, il a adoré l’idée mais il nous a poussés à faire de la recherche, de nous instruire sur le sujet. Pour se faire, nous avons fait un grand voyage pour visiter les îles Samoa, Fidji et Tahiti pour apprendre les histoires de la navigation de ce peuple. Nous avons compris également à quel point l’Océan était très important pour ces peuples, pour qui le respect et la connaissance de la Nature sont des priorités. Tous ces apprentissages, sur le respect de la Nature, sur l’héritage du passé ou la préservation de l’environnement, ont renseigné notre film.
Question : Osnat, il s’agit de votre première production, et vous vous entourez de deux légendes des Studios Disney, comment a été le travail sur ce projet?
Osnat Shurer : Premièrement, ce fût une véritable opportunité et un privilège de travailler avec ces deux réalisateurs de légende, qui sont derrière de nombreux films avec lesquels nous avons tous grandi. Pour moi, l’animation est la discipline artistique la plus collaborative, et le projet a commencé avec John et Ron, puis s’est étendu avec l’ajout de nombreux animateurs et artistes des studios Disney. L’équipe du film s’est agrandie avec tous les personnages des Îles du Pacifique que nous avons rencontrés : des experts, archéologues, anthropologues, des chorégraphes et même un maître tatoueur. Tous ces personnages ont collaboré a l’élaboration d’une crédibilité de notre histoire. Cette rencontre entre les artistes Disney et les experts des îles a été très importante dans la réalisation de ce film.
Question : Le film est en grande partie réalisé en CGI (ndlr: Computer-Generated Imagery, images assistées par ordinateur), mais « Mini-Maui » perpétue l’animation traditionnelle. Pourquoi avoir opté pour l’animation traditionnelle, et ne pas avoir uniformiser le tout en CGI ?
John Musker : Nous aimons l’animation traditionnelle manuscrite, et nous cherchions une opportunité pour utiliser cette technique. Mini-Maui, le tatouage du demi-dieu, n’est pas le seul élément à profiter de celle-ci puisque Eric Golberg a également animé la séquence d’ouverture du film. Dans la culture polynésienne, l’art se prêtant le plus à de l’animation traditionnelle est le tatouage et ceci représenta une opportunité pour nous de faire avancer l’histoire. L’idée de l’animation des tatouages de Maui a évolué durant la conception du film: nous avons voulu créer une sorte de conscience, à l’image de Jiminy Cricket dans Pinocchio. Ce petit personnage va servir l’intrigue en affirmant à la fois le côté égocentrique de Maui, tout en le contredisant par moment et donnant raison à Vaiana.
Question : Vaiana puise de nombreuses inspirations chez les différentes héroïnes Disney tout en étant dans l’ère du temps, n’est-ce pas une page qui se tourne ?
Ron Clements : Nous avons créée de nombreux héroïnes Disney par le passé, je pense notamment à Ariel, Jasmine, Tiana, mais Vaiana apparait comme unique en son genre. Ce qui la rend si unique, c’est le fait qu’elle parte dans une aventure singulière : elle ne part pas pour trouver quelqu’un mais pour sauver son monde. Il n’y a pas de romance dans l’histoire, et c’est une vraie héroïne d’action. Chaque péripétie s’avère être une épreuve pour elle, et elle teste les limites de son courage, de son endurance, et même de sa compassion. Elle doit se prouver à elle même qu’elle peut réussir, et elle passe ce test haut la main. Elle devient la personne qu’elle est censée être. Tous ces constats vont faire qu’elle est bien différente des autres héroïnes Disney. Et puis… Vaiana a la chance d’avoir encore ces deux parents ! (rires)
Question : Des similitudes sont perceptibles entre Vaiana, la Légende du Bout du Monde et « La Planète au Trésor », que vous avez réalisé, ainsi que Fantasia 2000. Pouvez-vous nous parler de ces inspirations ?
John Musker : Le rapprochement avec Fantasia 2000 peut être fait avec la scène de « L’Oiseau de Feu » , qui traite également du rapport entre le monde volcanique et la régénération de l’environnement. Cette séquence nous a profondément marqués et a été une véritable source d’inspiration dans notre travail. La Planète au Trésor est assez analogique de Vaiana, la Légende du Bout du Monde, puisqu’il s’agit également d’un film d’aventure mettant en scène un duo. On retrouve dans les protagonistes un mentor et un apprenti. Vaiana et Jim Hawkins restent différents par le fait que Jim est un adolescent renfermé sur lui-même, au cadre familial torturé, avec la perte de son père. À l’inverse, Vaiana a une bonne relation avec ses parents et sa famille. Et puis, nous avons ici un film musical, contrairement à La Planète au Trésor qui ne comportait que très peu de chansons.
Question : Quelles sont les limites techniques que vous vous imposez de manière à rester fidèle à l’esprit de l’animation ?
John Musker : Il est vrai que, pour certains observateurs, l’animation peut atteindre un niveau troublant de réalisme. Dans notre travail, nous souhaitons garder une distance avec ce réalisme. Bien sûr, il y a dans les films d’animations les détails très précis et fidèles concernant les mouvements et les comportements des personnages. Mais tout cela reste tout de même chorégraphié et orchestré de manière à créer une caricature volontaire. Par nature, l’animation se doit de garder une distance avec les films à prises de vue réelles. Nous aimons le fait de pouvoir à la fois avoir la réelle force de l’Océan et ses reflets, tout en faisant de lui un personnage à part entière. Les films d’animations permettent cette formule hybride, qui est nécessaire pour retranscrire à la fois ce que nous avons vu lors de nos voyages, et ce que nous avons ressenti, le plus fidèlement possible.
Question : Pouvez-vous nous parlez des clins d’œil du film ?
Osnat Shurer : Bien évidemment, le film comporte de nombreux « easter-eggs ». Il vous faudra alors regarder attentivement. Mais globalement, chaque film doit tout de même avoir son univers unique, et ces références ne doivent être d’actualité que par la voie humoristique.
Attendez de découvrir « Les Mondes de Ralph 2 », de nombreuses surprises vous y attendent… Nous tenions à remercier Osnat Shrurer et les légendaires John Musker et Ron Clements pour leur gentillesse et le temps pris pour répondre à nos questions. Après l’entrevue, ces derniers ont pris le temps pour une séance photos et de dédicace, pour le plus grand plaisir des convives. Remerciements également à l’agence Heaven ainsi qu’aux équipes de The Walt Disney Company France pour l’organisation de cet évènement en toute décontraction.