La Reine des Neiges – Une Fête Givrée : critique

Publié par Florian Mihu le 16 mars 2015 | Maj le 24 mars 2022

Le film La Reine des Neiges a réussi ce que bien des œuvres cinématographiques ont obtenu en plusieurs décennies, le statut tant convoité de phénomène mondial… Depuis sa sortie fin 2013, le 53ème Grand Classique des Studios d’Animation Walt Disney culmine aux quatre coins de la planète, et ce, dans chacun des secteurs exploités par la Maison de Mickey. Tout d’abord, on peut aisément qualifier cette création animée de Reine des records au box-office : ayant engrangé pas moins d’1,3 milliards de dollars de recettes en un an et demi, elle peut s’enorgueillir d’être aujourd’hui le plus gros succès animé de tous les temps des studios de l’Oncle Walt (se classant en 5ème position au classement des films les plus lucratifs de l’Histoire du cinéma), symbolisant à elle seule le quatrième âge d’or des studios d’animation. Ses performances inégalées donnent le tournis à quiconque se pencherait sur ce cas à part dans l’économie culturelle mondialisée. Le film a en effet été traduit dans pas moins de 44 langues et dialectes. En France, en revanche, Anna et Elsa ne détiennent pas tous les records puisque c’est Blanche Neige et les Sept Nains qui reste le dessin animé Disney le plus vu sur le territoire (avec près de 13 millions d’entrées contre 5 pour La Reine des Neiges).

La Reine des Neiges – Une Fête Givrée

Cet objet culturel hors-norme est devenu avec le temps un produit commercial dément. On compte à l’heure actuelle plus de 3 millions de ventes de robes des Princesses Anna et Elsa pour ce carton international dont la sortie DVD a établi des prouesses records sur des sites de revente comme Amazon. Par ailleurs, c’est sans compter sur la domination de l’univers d’Arendelle au sein des destinations Disney (comme par exemple la saison Frozen Summer Fun de Disneyland Paris ou l’Attraction du Pavillon de Norvège au Parc Epcot…), des jeux vidéo (comme par exemple l’application FreeFall La Reine des Neiges), de la télévision ou des planches (série ABC Studios Once Upon a Time – Il Etait Une Fois ou le musical de Broadway). Véritable icone populaire, résolument moderne et subtile, objet de culte ou de parodie, La Reine des Neiges fait vibrer par sa musique des millions de familles sur le globe.

Il n’en fallait pas plus pour que les décisionnaires de la firme multinationale annoncent, le 12 mars 2015, la production d’un deuxième opus sous le giron de la branche animée historique. Voilà une annonce que beaucoup d’experts n’attendaient pas de sitôt, et qui aura boosté un peu plus la promotion du film Cendrillon, accompagné de son cartoon en première partie, sortis dans les salles américaines le lendemain. En attendant cette nouvelle aventure, les studios Disney nous font donc patienter avec le cartoon La Reine des Neiges – Une Fête Givrée, situant son action juste après La Reine des Neiges. Il faut dire que les Studios d’Animation Walt Disney n’en sont pas à leur première micro-suite animée, s’inscrivant logiquement dans la démarche de leurs confrères de chez Pixar, habitués de ce type de production (Toy Story Toons…). Après des séquelles sortis directement en vidéo ou le récent Le Mariage de Raiponce (sorti au cinéma en 2012 puis en vidéo dans les bonus du Blu-Ray Cendrillon), les Walt Disney Animation Studios espèrent de la sorte redonner vie à leurs univers les plus prolifiques à moindre coût… La tactique commerciale est simple : les studios surfent sur le succès grandissant du long-métrage et l’intensifient avec le sortie d’un court-métrage inédit quelques mois plus tard, de quoi repropulser les ventes de produits dérivés de la licence et tabler sur un duo bankable dans les salles obscures – en l’occurrence ici l’adaptation de Cendrillon précédée du court de La Reine des Neiges.

Frozen Fever

La grande particularité du cartoon est son équipe créative. Disney n’a pas relégué sa production à une équipe de second plan du film. Ce sont bel et bien Chris Buck et Jennifer Lee, co-réalisateurs du long-métrage animé qui reprennent du service, tandis que Peter Del Vecho produit cette nouvelle aventure. Quant à Robert Lopez et Kristen Anderson-Lopez, compositeurs et paroliers oscarisés pour la bande-originale du long-métrage, ils signent une nouvelle chanson inédite, intitulée « Making Today a Perfect Day », fil rouge du cartoon. Rappelons que l’annonce de La Reine des Neiges – Une Fête Givrée fut faite dans The Story of Frozen : Making a Disney Animated Classic, émission spéciale diffusée en septembre 2014 sur ABC, dévoilant les coulisses de la production du film. Enfin, les Fans du film retrouveront avec bonheur la distribution originale, qui a grandement participé à son succès triomphal : Kristen Bell (Anna), Idina Menzel (Elsa), Josh Gad (Olaf) ou encore Jonathan Groff (Kristoff).

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Un moyen métrage sur La Reine des Neiges

Durant 7 petites minutes, les artistes de Burbank ont voulu recréer à l’identique le charme et l’émotion présents de bout en bout dans le long-métrage. De nombreuses occurrences scénaristiques et visuelles ponctuent voire structurent l’intrigue de La Reine des Neiges – Une Fête Givrée. Les scénaristes ont voulu aborder un jour assez spécial limitant ainsi le cadre narratif à la cité d’Arendelle, l’anniversaire d’Anna. Elsa et Kristoff sont décidés à lui offrir la plus belle fête dont on puisse rêver, mais les pouvoirs « glaçants » d’Elsa pourraient bien provoquer une catastrophe…

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Des nouvelles musiques envoûtantes

Le spectateur mais évidemment surtout le ou la Fan prendront plaisir à retrouver tous leurs personnages préférés dans ce cocktail pétillant et musical. L’anniversaire n’en est que plus magique avec un gâteau grignoté, une banderole festive et des enfants spirituels d’Olaf craquants à souhait. Dans un postulat de départ somme toute assez banal – l’anniversaire -, on a tout de suite l’impression de ne jamais les avoir quittés… Et c’est là toute la force du cartoon ! L’œuvre reste, comme sa grande sœur, toute aussi pertinente en exploitant des thématiques touchant directement la jeunesse et n’en omettant pas le petit enseignement moral passe-partout… Quoiqu’il en soit, par de bonnes trouvailles visuelles et des dialogues ciselés, ces sept minutes tiennent le spectateur en haleine, sans pour autant lui provoquer l’hilarité souhaitée à certains passages… Il faut admettre que ce cartoon est d’abord et avant tout réservé aux jeunes comme aux moins jeunes Fans, de par l’abondance des hommages rendus au long-métrage.

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La nouvelle chanson, bien que réussie, ne marque pas les mémoires à l’instar d’un « Let it Go » entêtant ou d’un « Love is An Open Door » envoûtant. Elle aussi dans sa construction fait référence au film : ses premières notes reprennent celles de « Life’s Too Short », chanson finalement coupée au montage final. Si l’on sort du cadre « Fan Disney », la profusion d’éléments successifs faisant référence au long-métrage en devient quasiment absurde. Rien n’est vraiment amené subtilement… Pire, si l’on excepte Elsa, dont la psychologie est traitée de manière singulière, le reste du casting animé sert une mise en scène prévisible dans des dialogues sans grand inventivité. Chaque personnage reste (trop) fidèle à lui-même… Premier de tous, Kristoff, dont on se demande encore s’il sert de caution bouffonne à l’intrigue. Olaf paraît presque inutile dans cette histoire… Enfin, les interactions entre les personnages sont bien maigres, laissant transparaitre un vide émotionnel profond malgré une commande esthétique agréable. Le rythme est malgré tout présent du début à la fin et nous permet de mieux digérer ces défauts…

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On relèvera néanmoins quelques incohérences à l’écran comme le changement de robe d’Elsa… Ses pouvoirs glacés vont-ils au-delà du contrôle des éléments ? Comment peut-elle adopter un style printanier quand ses pouvoirs ne suivent pas ? Simplement dans l’optique mercantile de rassasier l’appétit financier de Disney et vendre de nouvelles poupées à son effigie… Pourquoi également les Snowgies, « mini-Olaf » ne fondent-ils pas ? La question n’est certes pas très importante mais reste légitime, à l’heure où Disney souhaite réinventer le réalisme à l’écran. En outre, ni la chanson, ni les dialogues ne permettent de finir en beauté ce cartoon. Les dernières secondes auront plutôt le mérite de faire gentiment le pont avec le deuxième film prévu d’ici quelques années.

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Anna et Elsa d’Arendelle

Fans de la première heure de l’univers d’Arendelle, vous visionnerez à outrance cette merveille artistique… En revanche, simple cinéphile ou spectateur, le plaisir entier pris lors du long-métrage ne restera pas aussi mémorable avec ce cartoon. Sympathique au demeurant, sa mission première reste et restera de faire fructifier un peu plus le secteur Merchandising consacré au film et remercier d’une certaine manière ses Fans en proposant des retrouvailles attendrissantes, sorte d’au revoir… avant de retrouver nos personnages dans un second long-métrage très attendu !

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