Raya et le Dernier Dragon : l’équipe du film répond à nos questions

Publié par Séverine Jacquard le 27 mars 2021 | Maj le 27 avril 2021

Comme vous le savez sans doute, le dernier né des studios Disney, Raya et le Dernier Dragon, est déjà accessible outre-Atlantique selon une modalité bien particulière, propre à la plateforme de streaming Disney + au Etats-Unis, et qui permet aux abonnés d’accéder à certains contenus inédits s’ils s’acquittent du montant nécessaire à l’accès Premium. En France, le film d’animation sera disponible directement et sans frais supplémentaire sur la plateforme Disney+ dès le 4 juin 2021. A l’occasion de la sortie de ce film tant attendu, une conférence a eu lieu en présence des réalisateurs du film Don Hall et Carlos Lopez Estrada, de la productrice Osnat Shurer ainsi que des deux scénaristes Adele Lim et Qui Nguyen. Notre équipe a répondu présente à ce rendez-vous d’envergure et c’est ce qui nous a permis d’apprendre de nombreuses informations et anecdotes sur la conception et la réalisation du premier long-métrage original de la firme Disney depuis 5 ans. Si vous mourrez d’envie d’en savoir plus sur le dernier film de la firme aux grandes oreilles, il est temps d’accrocher vos ceintures car nous vous emmenons dans les coulisses de ce qui s’avère être un futur chef-d’œuvre.

L’effet du confinement sur la conception et la réalisation de Raya et le Dernier Dragon

Au vu du contexte actuel, plusieurs questions de la conférence étaient axées sur la difficulté pour l’équipe de concevoir ce film en partie à distance, suite au confinement de l’année 2020 aux Etats-Unis. En effet, comment créer l’émulation et l’innovation alors que les membres de l’équipe, qui ont l’habitude d’échanger en permanence, se retrouvent confinés chacun de leur côté ? Pour la productrice, Osnat Shurrer, une habituée des studios Disney, puisqu’on la retrouve comme membre de l’équipe de films tels que Vaiana, La Légende du Bout du Monde ou encore Les Nouveaux Héros, ça a en effet été une grande première. Cependant, elle a qualifié cette expérience « d’incroyable » et « d’inédite » : voir la soixantaine de personnes travaillant sur le film s’investir et échanger sur leur travail, malgré le contexte et la situation, a été particulièrement enrichissant pour elle. D’ailleurs, lorsque l’on pose la question au réalisateur, Don Hall (également co-réalisateur de Vaiana, La Légende du Bout du Monde et du film Les Nouveaux Héros) de savoir comment s’est passé l’organisation du travail à distance, il ne semble pas avoir trouvé cela particulièrement difficile.

« Techniquement, contrairement à ce qu’on pouvait penser, cela a été assez facile à mettre en place. Notre équipe technique a été très compétente et a su facilement mettre en œuvre le suivi du travail à distance. »

En revanche, Carlos Lopez Estrada, un tout nouveau venu chez Disney, a quant à lui évoqué la difficulté de s’intégrer à une nouvelle équipe et de collaborer dans ce contexte, lui qui ne connaissait pas les membres du studio ni l’organisation du travail au sein de celui-ci avant sa collaboration en tant que réalisateur sur Raya et le Dernier Dragon.

Malgré tout, tous trois s’accordent à dire que grâce à l’esprit d’équipe et à la cohésion propre aux studios Disney, cette étape, qui pourrait paraître très complexe pour créer une œuvre si collaborative, s’est finalement avérée très enrichissante. Don Hall, quant à lui, regrette seulement l’émulation créatrice que peut générer le travail aux studios : d’après lui, les animateurs ainsi que toute l’équipe de production ont l’habitude d’échanger sans cesse lorsqu’ils travaillent au sein du même bâtiment : les pauses café sont également l’occasion d’échanger, et de faire évoluer le film, ce qui n’a malheureusement pas pu être tout à fait le cas lors de l’élaboration de ce futur chef-d’œuvre. Pour lui, plus qu’un problème technique, c’est véritablement un problème culturel qui s’est posé lors de ce confinement : celui d’une véritable culture collaborative au sein des studios d’animation Disney qui n’a pas pu se mettre en place totalement dans ce dernier projet.

Enfin, la question s’est également posée de savoir comment les scénaristes du film, Adele Lim et Qui Nguyen, avaient quant à eux vécu cette situation et comment elle avait pu impacter leur processus créatif. Pour ces deux habitués des films en prises de vue réelles, le challenge pour eux consistait plus dans le fait de scénariser un film animé que dans le fait de ne pas pouvoir collaborer en direct avec l’équipe du film. Adele Lim a parlé en effet de l’étrangeté de voir les personnages qu’elle a créé s’animer sous ses yeux, elle qui a l’habitude de voir ses scènes jouées par des personnes de chair et de sang, avec qui elle peut interagir et communiquer afin d’améliorer ou de compléter son scénario. Pour Qui Nguyen, l’élaboration d’un scénario, qu’il s’agisse d’un film d’animation ou d’un film en prises de vues réelles, passe par des phases de tâtonnements, de collaboration et de remaniement, et c’est exactement ce qui s’est passé pour la création de ce film, même si ce processus a dû se faire en partie à distance. Ainsi, pas d’inquiétude pour les fans, la recette qui fait de chaque film Disney une véritable réussite n’a pas changé pour Raya et le Dernier Dragon, et ce malgré un contexte inédit.

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Les personnages : entre tradition et modernité

Affiche du film Raya et le Dernier Dragon, avec Sisu en arrière plan.

Après avoir axé un certain nombre de questions autour de la genèse du film en cette période de confinement mondial, la conférence a également évoqué des aspects plus « traditionnels » dans la création d’un film animé, notamment la mise en place des personnages, axe majeur de tout bon film d’animation qui se respecte. Et le premier personnage à voir été évoqué n’était étonnamment pas celui de Raya mais bien celui de Sisu, le dragon d’eau pouvant se transformer en humain, à la fois objet de la quête de Raya mais aussi son compagnon de route. Comme nous avons pu le constater dans les bandes-annonces déjà parues, ce dragon ne ressemble pas à l’idée qu’on peut se faire d’une créature mythique pouvant cracher du feu, et dernière de son espèce de surcroit. La question s’est donc posée de savoir pourquoi le choix avait été fait de créer un personnage si éloigné de l’image que le public pouvait se faire d’un dragon. C’est la scénariste Adele Lim qui a répondu à cette question en expliquant que contrairement à l’image qu’on s’en fait en Occident, où ils sont vus comme des créatures de conte de fée,  l’Asie a une vision très différente des dragons. Dans leur culture, le dragon est un être transcendant, qui créé la vie et qui n’engendre pas la mort ni la destruction dans son sillage. C’est pour s’inscrire en opposition à cette vision occidentale que l’équipe scénaristique a choisie de faire du dernier dragon un dragon femelle. C’est aussi pour cela que ses traits de caractère principaux sont la joie de vivre et l’humour : c’est un personnage sans prétention mais qui finalement porte en lui des traits de caractère essentiels.

Une autre question évoquait bien évidemment la toute dernière princesse Disney et héroïne éponyme de ce film : Raya. Elle est effectivement la première princesse Disney d’origine asiatique (eh oui, rappelez-vous, Mulan n’est pas fille de roi ou de reine, elle ne peut donc prétendre au titre de « princesse »). Il était donc intéressant de savoir si l’équipe du film avait conçu son personnage comme une toute nouvelle sorte d’héroïne. A cette question, la productrice Osnat Shurer a répondu que, pour elle, toutes les princesses Disney sont des personnages inspirants, et donc Raya n’échappe pas à cette règle : elle porte évidemment en elle un message pour les spectateurs que l’équipe du film a souhaité faire passer. Pour Raya, l’idée était de faire d’elle une véritable guerrière. C’est donc une princesse contemporaine, fille de chef mais qui prend son destin en main, et qui maîtrise parfaitement l’art du combat. Cette diversité du personnage a été très intéressante à traiter pour l’équipe d’animation qui a dû explorer ces différentes facettes du personnage pour les restituer à l’écran.

Raya et le Dernier Dragon

Artwork du personnage de Tuk Tuk

Enfin, à tout seigneur tout honneur, la dernière question axée sur les personnages du film concernait Tuk-Tuk, cette charmante créature qui apparaît dans les trailers, affiches et bandes annonces du film en tant que monture et compagnon de la princesse Raya. La question était de savoir quel genre d’animal pouvait bien être Tuk-Tuk. A cette question, Don Hall répond, avec un attachement tout particulier, que Tuk-Tuk devait originellement n’être qu’un moyen de transport pour notre héroïne. Mais au fil de la création du film, il est devenu un personnage à part entière : compagnon de Raya depuis sa tendre enfance, et son confident tout au long de sa quête, il était impensable de ne pas en faire l’un des personnages importants du film. Quant à savoir quelle sorte de créature l’a inspiré, Don Hall répond qu’il s’agit en fait d’un mélange de 3 animaux : un cloporte, un carlin et un tatou. A la lumière de cette information, nous vous invitons donc à regarder de plus près le compagnon de Raya qui emprunte effectivement beaucoup de ses trois sources d’inspirations.

On retrouve donc dans ce film une princesse inspirante et courageuse, accompagnée d’un charmant compagnon et à la recherche d’une créature de conte de fée. Mais la ressemblance avec un film d’animation Disney traditionnel s’arrête là puisque Raya est avant tout une guerrière, et que le dragon qu’elle recherche et qui l’accompagne est un joyeux luron, loin de l’image majestueuse et destructrice qu’on peut se faire des dragons de contes de fée.

Les inspirations, la musique et l’animation, piliers fondamentaux d’un film Disney

Raya et le Dernier Dragon

Visuel du concept art Raya and the Last Dragon

Comme pour n’importe quel film Disney, l’équipe s’est bien entendu immergée dans la culture dépeinte dans leur film. C’est ainsi que les 5 régions qui forment Kumandra ont été complétement inspirées par des paysages et des coutumes asiatiques, tout comme le synopsis tout entier. En effet, l’équipe a découvert au cours de ses recherches que l’Asie comptait énormément de peuples, de croyances et de cultures différentes mais qu’une chose semblait les unir : l’importance du « nous » et leur esprit de communauté. C’est ainsi qu’est née l’idée de devoir rassembler des peuples très différents pour créer un véritable esprit de cohésion au sein de Kumandra. C’est aussi pour cela que ces 5 régions sont liées entre elle par une rivière : elle symbolise l’union des forces et l’harmonie des contraires qui est source de vie, tout comme le dragon Sisu qui est un dragon d’eau et donc générateur de vie et dont le rôle est d’unifier les 5 tribus en conflit depuis de nombreuses années.

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Grâce aux échanges avec les populations locales, et à leurs recherches, les animateurs ont ainsi pu créer 5 univers totalement différents par leurs paysages, leurs cultures ou encore leurs architectures, à tel point qu’ils avaient parfois l’impression de travailler sur 5 films à la fois. L’inspiration du continent asiatique ne s’arrête pas aux paysages et à la culture, puisque les animateurs ont donné une importance toute particulière à la nourriture asiatique, en particulier dans la scène où Benja, le père de Raya, tente de préparer un délicieux plat en utilisant des ingrédients propres à chaque région de Kumandra. Adele Lim fait remarquer qu’en Asie, malgré la diversité de peuples et de croyances, la nourriture est véritablement une ligne unificatrice, et c’est exactement ce qu’elle a voulu mettre à jour dans le film. En effet, le plat préparé par Benja représente la saveur de ce qui pourrait résulter d’une unification des 5 régions au sein de Kumandra. Si de simples ingrédients de chacune des régions mis ensemble peuvent créer un délicieux repas, alors les 5 terres se faisant confiance et travaillant ensemble pourraient créer une vie tout aussi belle et harmonieuse à Kumandra. Malheureusement, et comme vous pourrez bientôt le constater, la volonté d’un seul homme n’est parfois pas suffisante pour apaiser des siècles de conflit, et le délicieux repas de Benja n’atteindra finalement pas ses objectifs. Ce qui n’empêche pas d’admirer le magnifique travail de recherche et de restitution fait par les animateurs pour rendre hommage à la culture culinaire asiatique.

En plus des recherches liées à l’univers du film, la musique est également un élément fondamental dans la création d’un film d’animation. Voilà pourquoi l’une des questions de la conférence s’est portée sur le choix de l’équipe de ne pas faire de Raya et le Dernier Dragon un film musical. Pour Don Hall, il n’a jamais été question de faire de ce film un « musical ». En effet, d’après lui, ce film est centré sur la nature et lui et son équipe voulait donc un rendu tout aussi naturel, voilà pourquoi nous ne verrons pas les personnages pousser la chansonnette durant leurs péripéties. Cependant, Don Hall insiste sur le fait que même si les personnages ne chantent pas pour exprimer leurs sentiments, la bande son est tout bonnement incroyable, et présente à chaque moment du film. Le compositeur, James Newton Howard, en a fait quelque chose d’incroyable et d’original qui n’aura rien à envier à un film chanté.

Qui dit film d’animation dit équipe d’animateurs, et lors de la création de ce film, un challenge est apparu pour eux : celui de créer plusieurs styles d’animations. En effet, Carlos Lopez Estrada explique que tout au long de la création du film, ils ont eu envie de concevoir un univers très réaliste, plus encore que pour les autres films qui avaient pu être faits auparavant. Cependant, lorsque le moment est venu d’imaginer le prologue du film, les animateurs ont eu l’envie et donc l’opportunité de faire quelque chose de différent, et de sortir du désir d’hyper réalisme très présent dans les derniers nés des studios Disney- Pixar. Ils se sont ainsi inspirés des théâtres d’ombres chinoises pour inventer et concevoir tout un prologue en 2 dimensions, ce qui fut d’après Carlos Lopez Estrada un véritable challenge pour les animateurs qui aujourd’hui ne la pratiquent presque plus.

On voit donc bien que Raya et le Dernier Dragon a hérité sans nul doute des qualités indéniables de ses prédécesseurs, tout en donnant à voir une toute nouvelle culture sur grand écran, et en adoptant des positions novatrices, que ce soit en terme d’animation ou encore de musique.

A la fin de cette conférence, une seule chose nous vient en tête : l’envie de découvrir ce nouveau petit bijou signé Disney, tant son côté novateur semble frais et divertissant. Mais le fait qu’il emprunte à toute une génération de film des secrets de tournage bien huilés et générateurs de succès l’inscrit également en haut de la liste des films que nous avons hâte de découvrir. Rendez-vous le 4 juin sur Disney+.

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2 commentaires sur "Raya et le Dernier Dragon : l’équipe du film répond à nos questions"
  1. Miri

    Bonjour, pouvez vous me dire si le dessin animé Raya comporte des images de films réels de paysages et de plans d’eau ?

  2. Clément TERNARD

    Bonjour,

    Non tout le film est en images de synthèses.

    L’équipe Radio Disney Club

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