Jojo Rabbit est l’histoire de Jojo Betzler, un jeune Allemand dont l’ami imaginaire n’est autre qu’Adolf Hitler. Une drôle d’aventure adaptée du livre Le ciel en Cage de Christine Leunens et dirigée par Taiki Waititi, réalisateur de Thor : Ragnarok et récemment acteur/réalisateur pour Le Mandalorien. Actuellement en salles, la comédie satirique produite par Searchlight Pictures est en lice pour les Oscars avec six nominations dont une dans la prestigieuse catégorie de meilleur film. Voici notre critique de l’étonnante, parfois bouleversante mais surtout attachante histoire de Jojo Rabbit.
Jojo Rabbit
- Titre : Jojo Rabbit
- Réalisateur : Taika Waititi
- Casting : Roman Griffin Davis, Scarlett Johansson, Thomasin McKenzie, Taika Waititi, Sam Rockwell, Rebel Wilson, Stephen Merchant et Alfie Allen
- Scénario : Taika Waititi, d’après le roman Le ciel en Cage de Christine Leunens
- Musique : Michael Giacchino
- Production : Carthew Neal, Taika Waititi et Chelsea Winstanley
- Sociétés de production : Fox Searchlight Pictures, TSG Entertainment, Czech Anglo Productions, Piki Films et Defender Films
- Sociétés de distribution : Walt Disney Studios Distribution
- Durée : 108 minutes
- Dates de sortie : 18 octobre 2019 aux États-Unis, 29 janvier 2020 en France
Synopsis et bande annonce de Jojo Rabbit
« Jojo est un petit allemand solitaire. Sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu’imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle. »
Jojo Rabbit, indéfinissable
Si le terme de comédie noire semble convenir au film, il ne suffit pas complètement pour décrire l’ambiance offerte par Jojo Rabbit. Les premières scènes s’inscrivent clairement dans un esprit comique, voire absurde puis le réalisateur amène progressivement une noirceur jusqu’à la rupture de ton brutale. Un jeune allemand en pleine Seconde Guerre mondiale accompagné de son ami imaginaire Adolf Hitler interprété par le réalisateur Taika Waititi, le pitch lui-même suffit à dérouter. Néanmoins, l’adaptation du livre Christine Leunens a bien plus à offrir : l’amour, la figure paternelle, l’empathie, la réflexion, la nationalisme aveugle, les sujets traités sont nombreux et certains résonnent encore aujourd’hui.
Jojo Rabbit est une satire tendre et bouleversante, le réalisateur amène la guerre du point de vue d’un enfant : le jeune Jojo Betzler continuellement bousculé dans ses conceptions préfabriquées de l’autre et de la différence. Taika Waititi filme avec maîtrise une ambiguïté constante : les premières minutes esquissent une idéologie abominable noyée dans une Allemagne digne d’une carte postale alors que les dernières minutes laissent la lumière de l’espoir éclairer les ruines de la guerre.
Le magnifique duo Scarlett Johansson/Roman Griffin Davis
Johannes « Jojo » Betzler et son contestable ami imaginaire d’abord liés comme un esprit et son corps se détachent au fil des scènes, comme si en rejetant son dictateur d’ami imaginaire, le jeune Jojo s’émancipait de cette haine de l’autre. Un jeune personnage aux idées irritantes mais surtout attachant, Roman Griffin Davis assure une touchante interprétation de cette quête d’identité dans une époque endoctrinée. Sa relation avec Elsa, la jeune fille juive cachée par sa mère, est un des moteur de ce changement. L’autre lumière de ce long-métrage, c’est la mère de Jojo, Rosie Betzler portée par la talentueuse Scarlett Johansson à la fois résignée et pleine d’espoir. Son interprétation à la fois ferme et affectueuse lui a d’ailleurs valu une nomination pour l’Oscar de meilleure actrice dans un second rôle.
Autres seconds rôles : Sam Rockwell, le capitaine Klenzendorf et Fräulein Rahm interprétée Rebel Wilson assurent de nombreux interludes entre caricature et burlesque. De petits passages parfois drôles mais quelques fois de trop, en effet, le duo d’employés du Reich s’emploie à mettre en scène l’extrémisme nazi, oubliant souvent la subtilité. A contrario, Yorki, le meilleur ami de Jojo joué par Archie Yates assure lui un second rôle plein d’humour et de tendresse. Même si il est de toute évidence trop servile, il est bienveillant et surtout maladroit à l’extrême, offrant de nombreuses situations très drôles. Le soldat en herbe naïf évolue en indifférence totale avec la violence de son environnement, tel un enfant insouciant.
La musique, l’autre force de Jojo
Portée par le compositeur attitré des studios Pixar Michael Giacchino, la musique originale participe à la légèreté présente tout le long du film. Si la haine de l’autre et les idéologies du nazisme sont au centre de Jojo Rabbit, Taika Waititi s’emploie à adoucir cette violence par l’humour et avec une bande sonore aux accents enfantins, évoquant plus une colonie de vacances à la Wes Anderson que la guerre. Une atmosphère enjouée appuyée par la présence de nombreux artistes cultes : Tom Waites, Ella Fitzgerald, Ray Ordinson ainsi que Les Beatles et David Bowie avec Heroes revisité en allemand.
Une avalanche de nominations pour Taika Waititi
Sortie fin d’année aux États-Unis, les aventures de Jojo Betzler ont déjà rapporté plus de soixante millions de recettes dans le monde avec 100000 entrées en France, un joli score face au petit budget de production. Un succès discret gratifié d’une pluie de nomination aux différentes cérémonies de récompenses depuis octobre avec plus de quarante nominations dont celle du meilleur film aux Oscars. Toutefois, le long-métrage de Taika Waititi divise les critiques en deux camps distincts : les premiers en admiration devant la qualité et l’équilibre de l’histoire et les seconds désabusés par ce qu’il considère comme un film remplit de facilité, déséquilibré et aux nombreux raccourcis.
Il semble que la meilleure façon de se forger sa propre opinion sur Jojo Rabbit soit d’aller le voir en salles.