Deuxième partie de notre article où nous revenons pour vous sur la pétition « Save Disneyland Paris » qui a dépassé les 7.000 signatures, un phénomène qui a fait émule parmi la communauté des fans de Disney(land).
R E A C T I O N S . . .
Du côté de la presse :
Comme précisé, la pétition a été largement relayée sur le net et dans les journaux (le Parisien, le Figaro, la Marne, …), un phénomène auquel ne s’attendaient pas les créateurs de la pétition. On recense environ une poignée de dizaines d’articles, français et étrangers, dans la presse en plus des blogs.
Les sentiments exprimés dans la presse diffèrent d’un article à l’autre. Parfois au delà du rôle d’information, certains d’entre eux favorisent la pétition avec témoignages à l’appui ou au contraire, s’y opposent la qualifiant de « tribune au vitriol » ou évoquant des fans « exigeants et sans concession ». Un quotidien rappelle que des actions identiques avaient déjà été menées en faveur de Disneyland California Adventure et de Hong Kong Disneyland.
Les réactions les plus vives parmi les lecteurs sont celles observées dans les journaux britanniques (The Independant, The Daily Mail, …), qui par ailleurs n’hésitent pas à rappeler certains « scandales » qui ont fait l’actualité du parc dernièrement.
Malheureusement pour certains groupes d’intérêt, le phénomène n’est pas localisé puisque on retrouve même des articles au sujet de la pétition sur des blogs américains, récemment Chip & Company.
La pétition continue encore aujourd’hui à faire l’actualité avec des titres peu valorisants : « Disneyland Paris est-il en train de tomber en ruines ?», « Disneyland Paris un lieu pas si magique », « Disneyland Paris doit-il fermer ses portes ?», « la Fronde des visiteurs contre Disneyland Paris» …
Il arrive que des sondages soient organisés, parmi les plus récents voici les avis majoritaires à propos de la pétition ou sur l’état général de Disneyland Paris : « Je n’ai rien constaté » à 41% (presse néerlandophone) ; « Je préfère d’autres parcs, moins chers » à 23 % (presse belge) ; « Prix d’entrées trop chers » à 50% (presse française).
EuroDisney SCA est intervenu à différentes reprises dans la presse pour se défendre des arguments listés dans la pétition.
De Disneyland Paris :
À ce jour, aucune réaction de The Walt Disney Company n’est connue. Du côté de Disneyland Paris, pour commencer, le site d’Eurodisney SCA avance des chiffres selon lesquels 64% des visiteurs sont très ou totalement satisfaits et 58% envisagent de recommander le Resort à leur entourage. Ils ont réagi vis-à-vis de la pétition par le biais de la presse mais aussi par un communiqué interne. Voici d’abord quelques extraits relevés dans la presse officielle :
« Nous sommes particulièrement attentifs aux commentaires de nos visiteurs et les utilisons pour réévaluer régulièrement nos procédures. Notre objectif est d’assurer à chacun de nos visiteurs une expérience de qualité ».
« Nous avons fait un inventaire minutieux pour déterminer les éléments qui étaient les plus susceptibles d’apparaître sur les photos de nos visiteurs et de marquer leurs souvenirs. C’est ainsi que de nombreux éléments emblématiques de notre destination ont été remis à neuf pour notre anniversaire. Le château de la Belle au bois dormant a été restauré, ainsi que le bateau pirate du capitaine Crochet. Par ailleurs, les 5800 chambres d’hôtel sont en cours de rénovation. 12% des 14500 employés travaillent de nuit pour nettoyer et remettre le parc à neuf, dont une bonne partie à la maintenance des attractions. »
« Nous prenons au sérieux les commentaires de tous les visiteurs. Bien sûr, les médias sociaux et les communautés de fans, qui sont très exigeants avec nous, sont une source importante de remontées que nous prenons en compte quand nous réévaluons le processus et les contenus créatifs de chaque saison. »
En comparaison à cela, un communiqué interne a été publié par la direction visant à limiter les dégâts, sans s’abstenir par moment de déstabiliser le parti pris en faveur de la pétition, où l’on dénonce une « prétendue vétusté des parcs » et où Philippe GAS réaffirme sa confiance en la politique actuelle de gestion du resort, renfort de chiffres à l’appui et en promouvant le soutien exprimé par le site Chroniques Disney.
Des Cast Members :
Parmi les avis recueillis auprès des Cast Member, l’avis général tend à ne pas donner une appréciation précise sur la publication de la pétition, bien que certains aient reconnu l’avoir signée. Les CM comprennent les motivations des rédacteurs de la pétition et des signataires, jusqu’à en reconnaître même le bien-fondé. Leur optimisme est plutôt faible quant à l’avenir de Disneyland Paris, mais tiennent néanmoins à disculper l’entière responsabilité de Disneyland Paris sur certains des points négatifs relevés dans la pétition.
Il faut savoir par exemple que la plupart des pannes occasionnées sont dues aux visiteurs et aux mesures de sécurité renforcées (SécuriD). Au niveau des conséquences, on espère tout au mieux la prise en considération de la pétition parmi les hautes instances tout en redoutant la mauvaise publicité, volontaire ou non. De même que certains membres sur le site reconnaissent, et redoute même parfois, la trop haute exigence et les prérogatives auto-désignées des habitués du parc. Le sujet diverge quant à l’efficacité de la gestion de la maintenance.
Des fans :
Malgré un constat d’une dégradation progressive de l’offre et de la qualité des prestations de Disneyland Paris parmi les fans*, dont certains éléments avaient déjà été relatés dans des trips reports avant l’intervention du Parcorama, la pétition reçoit un accueil mitigé.
Elle cristallise la frustration de beaucoup de fans du parc et les sentiments sont confus. Évidemment, les avis diffèrent, notamment quant aux fondements même de la pétition ou encore sur sa légitimité. Bon nombre d’entre eux y reconnaissent toutefois une bonne initiative, de surcroit nécessaire. L’initiateur de la pétition atteste à ce sujet qu’il y a en effet « beaucoup plus de convaincus que de signataires ». Dans la vaste gamme des avis émis, les argumentations les plus nourries penchent en faveur de la pétition. Ce qui met néanmoins tout le monde d’accord c’est le peu de spéculation sur une suite favorable à la pétition du côté de The Walt Disney Company.
En tout cas, même si la notion de « standards Disney » reste vague l’occasion est offerte à beaucoup, plus qu’à l’accoutumée, de basculer dans la nostalgie, bien que nous concevons qu’il est difficile d’établir des points de comparaison sur 21 ans d’existence et que la nostalgie est à double tranchant. Aussi, elle ouvre les enchères sur les défaillances et les défauts du complexe : pas assez de personnages ou d’animations de rue, manque de nouveauté, concurrence grandissante, absence de réparation de certains effets sur le parc/les attractions, la réduction du choix de l’offre en matière de restauration ou de merchandising, le clivage de clientèle dans les hôtels Disney, …
Peut-on parler de dénigrement des fans de la part de la société ? Il serait mal placé de le faire, tout au moins officiellement, quand on rappelle que Philippe GAS a encore rencontré cette année en présence du responsable communication les sites non officiels et que les résultats d’une enquête à l’attention des fans a été publiée en début d’année. D’un autre côté, ces mêmes chiffres peuvent être retournés contre ceux qui les ont publiés : un fan effectue en moyenne 10 visites par an, 59% sont attirés par les attractions & spectacles, 78% d’entre eux parlent souvent de leur passion à leur entourage, 69% de collectionneurs, 98% d’entre eux se tiennent informés sur la société, …. En conclusion, il y a matière à réfléchir à contrarier une communauté de fans qui aujourd’hui fait élever sa voix.
En réaction directe ou non à la pétition, des groupes sur les réseaux sociaux voient aussi le jour progressivement.
* français et étrangers
Des visiteurs en général :
On prétend beaucoup qu’un fan n’est pas un visiteur occasionnel. Sur plusieurs centaines d’avis récoltés, de façon aléatoire, sur le site Trip Advisor au cours des quatre derniers mois, voici les tendances observées.
Disneyland Paris obtient malgré tout une note globale de 4 sur 5. Si les francophones restent les plus fidèles amateurs du parc, ils sont talonnés par les européens du sud tandis que le complexe à thèmes peine à se faire estimer par les visiteurs de culture germanique.
Parmi les avis négatifs exprimés, les sujets les plus récurrents sont (dans l’ordre) : l’attente/la fréquentation trop importante sur les parcs, les prix pratiqués, la mauvaise qualité de la restauration, les pannes récurrentes et le manque de personnages sur le parc.
Parmi les avis positif exprimés, ceux-ci sont unanimes bien entendu sur l’ambiance du parc et la magie des lieux, à nulle autre pareil, qui l’emporte haut la main sur l’ensemble des avis exprimés (positifs et négatifs). En second lieu, arrive sans surprise le spectacle nocturne Disney Dreams !
Sur la gestion générale du parc, les avis positifs l’emportent (54%) vantant l’accueil, le personnel ou encore l’accès aux PMR mais à une faible majorité seulement contre des avis contraires (47%) qui soulignent entre autre un manque de considération, un appel constant à la consommation ou encore le manque de propreté à certains endroits.
Si la focalisation d’un visiteur est moindre, fort est de constater que les sujets pointés par la pétition ne sont donc pas infondés aux yeux des visiteurs occasionnels puisque les prix pratiqués, la répartition des guests sur le parc et la qualité des repas distribués figurent en tête des critiques.
C O N S E Q U E N C E S & C O N C L U S I O N S . . .
Ras-le-bol collectif ou thérapie de groupe des mécontents ? Il semblerait que beaucoup des acquis de Disneyland Paris soient aujourd’hui remis sérieusement en question et que la politique appliquée par Euro Disney SCA si elle peine à faire ses preuves concrètement, commence à témoigner des failles déjà soupçonnées et dont la gestion s’apparente de plus en plus à celle d’un monument historique où chaque nouveau projet présente un réel défi.
Aux vues des différentes analyses, il ne fait aucun doute que la pétition rencontre un succès certain, si elle ne fait peut-être pas la majorité, c’est bien le cas sur l’état préoccupant de Disneyland Paris. Et si finalement cette période de remise en question marquait la limite de trop franchie par les gestionnaires de Disneyland Paris ? La communauté des fans et des passionnés ayant été jusqu’alors l’ultime bastion faisant l’apologie du resort français. Quoi qu’il en soit cette pétition reste un évènement majeur dans son actualité, et peut-être son histoire ? Ce que l’on retiendra aussi c’est que c’est la première fois qu’un phénomène orchestré par des fans du parc connaisse une publicité à aussi grande échelle médiatique et publique et rencontre un tel impact communautaire international, surtout si Eurodisney SCA se rappelle que sur 59 milliards de dépenses visiteurs comptabilisées, 37 milliards viennent de visiteurs étrangers.
La magie de Disneyland Paris n’est pas encore morte pour autant, loin de là ! Bien que beaucoup diront qu’il y ait toujours des atouts et des défauts à ce genre de complexe, il semblerait que dans cette balance la seule sauvegarde de Disneyland Paris qui la place à l’abri de l’impopularité et pèse en sa faveur soit son image et ses symboles auxquels se rattachent le plus novice des visiteurs comme le plus connaisseur. En dupliquant la situation actuelle en matière de gestion générale à un autre parc d’attraction, les chances seraient pour lui bien minces de rester ouvert. Faut-il croire en conséquence que l’image Disney use de l’effet d’un anesthésiant qui permet de faire passer une pilule amère ?
Plus précisément, Disney Dreams est-il le pansement sur la jambe de bois ? Il est incontestable que Disney Dreams ! reste la fierté du parc et de ceux qui l’ont conçu depuis son lancement pour les 20 ans et apparaisse comme inattaquable parmi les dernières nouveautés du parc à thèmes. Hélas, on serait amené à penser que Disney Dreams ! tienne lieu, si ce n’est d’une pomme empoisonnée, d’un bouclier puisqu’il est l’argument avancé en réponse à la suppression des spectacles et de la parade nocturne (un incontournable des parcs Disney) et en même temps d’un symbole de la progression pour la société. Quand on y regarde sur la balance, Disney Dreams est un show technologiquement poussé à succès à représentation quotidienne unique, pour certains tardive, qui tente de peser plus lourd que les multiples spectacles diurnes et la regrettée parade nocturne. L’avantage se trouve du côté de la société puisqu’ayant le privilège d’être l’unique spectacle, il permet de tenir beaucoup de guests sur le site jusque tard dans la nuit favorisant ainsi la dépense par visiteur (en augmentation de 2% en 2013).
Il semblerait par ailleurs que Disneyland Paris, à travers le déploiement à grande échelle d’une communication publicitaire en matière de réductions, ventes flash, bons plans et promotions en tout genre tend à rechercher constamment à accueillir une nouvelle clientèle au détriment de celle déjà acquise. Est-ce là peut-être l’un des derniers coûts d’investissement encore fiable selon la société ? Car il a fait ses preuves malgré un contexte financier peu stable et une météo défavorable cette année.
A côté d’une analyse qui tente de peser les aspects positifs et négatifs actuels de Disneyland Paris, tentons de se pencher sur les pour et les contre de la pétition au travers des réactions récoltées et de la circulation de la pétition :
Les POUR :
– Constat global de la situation à Disneyland Paris
– Révélation à grande échelle de certains problèmes notoires
– Désir d’amener à un changement de politique
– Affirmation de la présence d’une communauté de fans et de passionnés
– Rassemblement international autour d’une cause commune
Les CONTRE :
– Mauvaise publicité pour Disneyland Paris
– Instrumentalisation de la pétition (par la presse)
– Division de la communauté des fans
– Conséquences éventuelles sur la fréquentation
– Doute sur le procédé
De nombreuses questions se posent sur les conséquences : plus que sur la publicité générée, qui les pointe désormais du doigt, comment va réagir The Walt Disney Company et EuroDisney SCA devant l’ampleur de ce phénomène qui a soulevé la communauté des fans. La pétition aura-t-elle l’effet escompté ? Quelle sera l’orientation des organes décisionnels, prendre en compte un mouvement collectif largement propagé à de multiples niveaux ou se baser sur une politique des chiffres et considérer que le nombre de signataires est insignifiant par rapport aux millions de visiteurs accueillis chaque année.
Bien que certains ressentent la pétition comme une attaque ouverte et collective sur Disneyland Paris (quand ne lui sont pas prêtée de noirs desseins), son objectif n’est pourtant pas dissimulé et leurs créateurs insiste : un changement de cap. Permettant un redressement de la situation à différents degrés et de quoi espérer réduire l’utilisation du conditionnel et du « mais » dans les expressions de tous les usagers de Disneyland Paris. Tout en admettant qu’il serait audacieux d’espérer faire plier publiquement la société Eurodisney SCA suite à une pétition. Si des résultats sont à venir ils seront subtilement mis en œuvre et peu importe la position de chacun sur la pétition, si ces résultats étaient favorables, chacun s’accorderait pour les accueillir avec plaisir.
A l’heure d’aujourd’hui, au-delà de la critique gratuite, il est difficile de nier certains problèmes tout en admettant que les solutions immédiates sont difficilement envisageables. Comme le précise les créateurs de la pétition, ce n’est pas à nous (fans et visiteurs) de proposer les solutions. La rumeur voudrait que Disneyland Paris soit racheté par The Walt Disney Company. Une action qui permettrait d’assainir sa santé financière et laisser entrevoir de nouvelles ambitions pour le parc. Une rumeur qui persiste avec un programme de rachat annuel d’actions. Rumeur que la société EDSCA n’a pas voulu commenter.
Comme le précise la pétition. Si l’on reproche d’un côté une mauvaise publicité pour le parc, l’état actuel des choses ne s’en charge t-il pas déjà ? Quoi qu’il en soit, pour ou contre la pétition « Save Disneyland Paris », la motivation est la même : notre passion pour le parc à thème.
Le phénomène n’est pas pour autant terminé, la pétition reste ouverte aux signatures et fait encore parler d’elle parmi les journaux et les sites web. De même qu’il est encore permis d’attendre après une réaction de la part de The Walt Disney Company, tout en sachant qu’elle est bien arrivée à destination. To be continued …
>> Lien vers la petition : http://www.change.org/petitions/mr-bob-iger-ceo-the-walt-disney-company-save-disneyland-paris