Quand les films Disney parlent de la mort

Publié par Cyril le 2 novembre 2017 | Maj le 2 novembre 2017

Il y a certains sujets qui ne sont pas faciles à aborder avec les enfants. Certains parce qu’ils sont compliqués et qu’il faut utiliser un vocabulaire réfléchi, qui va entraîner une foule de questions de la part de nos chères têtes blondes. Quand les adultes se retrouvent toujours surpris par la teneur et la manière dont sont posées ces questions, une étude scientifique vient de démontrer que la firme Disney prépare les enfants à affronter des futurs traumatismes dont la mort, d’une manière dont elle seule a le secret. Découvrons ensemble pourquoi et comment.

mort de Mufasa

Les films Disney sont-ils violents ?

Allons directement au cœur du sujet. Nous avons déjà parlé de ces films qui sortent d’un pays où tout n’est pas rose et joli. Avec un article sur la disparition des méchants Disney, nous savons que pour raconter une histoire, il y a toujours des méchants et des gentils, et qu’une fin tragique attend les plus malfaisants. De plus, pour qu’un scénario soit un minimum crédible auprès du spectateur, il doit traiter le sujet comme s’il se passait dans la vie réelle, du moins avec un minimum de cohérence. On y retrouve ainsi des conflits, des duels, des bagarres et parfois des morts. Ces derniers, au fil des chefs-d’œuvre, ont évolué tout comme les mœurs, et ont maintenant un impact psychologique différent auprès des enfants. Cependant, il faut souligner qu’aucun long-métrage Disney ne s’est vu censuré ou classé sous la norme du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, interdisant les films en dessous d’un certain âge ; l’aspect violent qu’il peut en sortir est donc jugé tout à fait acceptable.

Tout le monde se souvient de la disparition de la mère de Bambi ; cette scène fait partie des plus grands moments du cinéma dans le monde. Elle a été présentée, pour un film datant de 1942, avec une subtilité avant-gardiste qui a laissé les plus jeunes dans l’expectative et l’incompréhension avant de faire face à la tristesse de la situation. Ce genre de scène est courant dans l’imaginaire de Disney mais elle se révèle être d’un grand intérêt pédagogique pour les parents.

Une étude sur la mort des personnages

Les méchants

Des chercheurs américains de l’université de Buffalo ont étudié en détail une série de 57 films Disney et Pixar (sur plus d’une centaine éditée à ce jour). Sur cet échantillon, il en ressort la mort de 71 personnages (bons ou mauvais), ce qui, selon les statistiques, est deux fois plus important que pour les autres catégories de films, destinées à un autre public plus âgé. Les chercheurs Kelly Tenzek et Bonnie Nickels, ont ainsi déterminé plusieurs facteurs, conséquences, mais aussi la manière dont elle est perçue par le jeune public.

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Tout d’abord, la mort d’un méchant n’a rien à voir avec la mort d’un gentil personnage. Tandis que le méchant périt dans des conditions particulièrement atroces et parfois directes (la pendaison de William Clayton dans Tarzan, ou encore la chute de Gaston du haut de la tour du château dans La Belle et la Bête), d’autres sont présentées moins explicitement : la chute de Gothel de la tour de Raiponce ou encore Hadès qui périt dans les bas fonds des enfers. Dans tous les cas, la mort d’un personnage mauvais n’a pas le même impact, elle est perçue comme une punition, une justice.

Les gentils

Concernant la disparition de nos héros ou de leurs amis, les chercheurs ont examiné les réactions des spectateurs. En premier lieu, voir si la mort est réversible, ou de quelle manière la suite du film est influencée. Gramma Tala, la grand-mère de Vaiana, réincarnée en son animal favori, la raie, n’est pas complètement disparue, et reste vivante dans le film (et même active). Les personnages défunts dans le dernier film Pixar Coco sont aussi un exemple que la mort n’est pas une fin en soi. Il n’y a donc pas vraisemblablement de mort perçue.

Selon Kelly Tenzek,

« certaines représentations de la mort ne sont pas réalistes, comme lorsqu’un personnage revient à la vie sous une autre forme. […] Mais il s’agit d’une occasion pour l’enfant de mieux comprendre la différence entre la fiction et le vrai monde. »

De ce fait, les enfants sont capables de faire la différence entre le monde réel et l’imaginaire.

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Cependant, certaines scènes font disparaître de l’écran des personnages attachants auquel le public ne s’est pas préparé. L’exemple de l’explosion entraînant la perte de Tadashi Hamada dans Les Nouveaux Héros apporte une profonde tristesse dans la suite du film, malgré le souvenir qu’il laisse au travers de Baymax (telle une réincarnation).

Une approche pédagogique

Kelly Tenzek et Bonnie Nickels ont démontré dans cette étude l’importance pour les parents de profiter de cette occasion pour échanger avec leurs enfants sur la mort, mais avec la plus grande diplomatie. Le but principal étant d’expliquer simplement la place de la mort dans la vie, et dans l’intérêt du développement de l’enfant, apprendre à gérer la disparition d’un proche en grandissant. Il est donc important pour un adulte de profiter de cette occasion pour commencer à parler de la mort à son enfant à l’issue de ce genre de scène.

La chercheuse Kelly Tenzek a également dit que les parents ne doivent pas forcément parler de la mort avec les enfants de façon frontale. Ces films pour enfants peuvent donc être un outil utile et naturel permettant aux enfants de mieux comprendre la vie et la mort quand ils seront plus grands.

Pour compléter cette argumentation, Kelly ajoute :

« Ce sont des conversations importantes à avoir avec les enfants, mais attendre jusqu’à la fin de la vie est bien trop tard et peut conduire à mal vivre sa fin de vie. […] Nous pensons que les films Disney et Pixar sont populaires et accessibles pour les enfants et les adultes, ainsi une conversation difficile peut commencer d’une manière moins effrayante plus tôt dans la vie. »

Disney a su traiter le sujet depuis des décennies sans tomber dans le piège de la violence, avec une approche sentimentale dédramatisante. Malgré tout, la leçon la plus importante à retenir pour un parent est de s’inspirer des films pour l’apprentissage pédagogique, mais surtout de partager des moments de complicité avec son enfant.

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