Red Sparrow : critique du film d’espionnage de la Fox

Publié par Magali Milanini le 27 juin 2018 | Maj le 27 juin 2018

Le rachat de la 21st Century Fox par la Walt Disney Company est définitivement conclu. Après les derniers évènements dus à l’entrée en jeu de Comcast, qui fût un échec, la justice américaine a tranché positivement sur le respect de la loi de compétitivité en vigueur aux États-Unis. Aujourd’hui donc, nous vous proposons de découvrir notre critique sans spoiler de Red Sparrow, l’un des films de la Fox de l’année 2018. Bien loin des univers enchanteresques de Disney, ni même super-héroïques ou galactiques de Marvel et Star Wars, Red Sparrow nous plonge au cœur de la Russie actuelle, dans un magnifique film d’espionnage.

Red Sparrow

Fiche technique de Red Sparrow

  • Production : 20th Century Fox
  • Titre original : Red Sparrow
  • Titre français : Red Sparrow
  • Sortie américaine : 2 mars 2018
  • Sortie française : 4 avril 2018
  • Durée : 140 minutes
  • Réalisateur : Francis Lawrence (Hunger Games 2, 3, 4)
  • Scénario : Justin Haythe, d’après le roman Le Moineau Rouge (Red Sparrow) de Jason Matthew.
  • Genre : Thriller d’espionnage

Synopsis de Red Sparrow

Attention, Red Sparrow est interdit aux moins de 12 ans.

Une jeune ballerine, dont la carrière est brisée nette après une chute, est recrutée contre sa volonté par les services secrets russes. Entraînée à utiliser ses charmes et son corps comme des armes, elle découvre l’ampleur de son nouveau pouvoir et devient rapidement l’un de leurs meilleurs agents. Sa première cible est un agent infiltré de la CIA en Russie. Entre manipulation et séduction, un jeu dangereux s’installe entre eux.

Contexte du film

En lisant le synopsis, on pourrait penser que Red Sparrow se situe en URSS, il y a quelques dizaines d’années en arrière, mais ce n’est pas le cas. Nous sommes ici plongés dans la Russie actuelle, une Russie montrée très dure et impitoyable. Aucun cadeau n’est fait à ce pays durant le film, qui n’a pas vraiment dû apprécier la publicité qui lui est faite à sa sortie… Dans Red Sparrow, on comprend bien rapidement, puis cela nous est confirmé, que la Guerre Froide n’a jamais vraiment cessé et que les espions russes et américains s’affrontent encore. C’est d’ailleurs bien tout l’enjeu du film puisque les services secrets russes cherchent à démasquer la taupe dans leur rang qui fournit des informations à la CIA. La tension entre les deux pays est bel et bien palpable. Red Sparrow nous parait donc très réaliste, au vu du jeu actuel entre le président américain et celui russe sur le plan international.

L’Américain et la Russe

Attardons nous quelques instants sur le titre du film : Red Sparrow ou Moineau Rouge en français.

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La couleur rouge n’est pas choisie au hasard, nous avons trouvé trois raisons à son utilisation dans le film. Tout d’abord, le rouge est la couleur du magnifique costume de ballet que porte Dominika au tout début du film, on peut ainsi dire que c’est la couleur du personnage principal. Ensuite, rappelons que c’est un film d’espionnage, un thriller, où le sang est donc un véritable symbole. Et le sang est rouge. Dernièrement, le rouge est une couleur très associée à la Russie. Même si son drapeau actuel est composé de trois couleurs (les trois mêmes que la France), le drapeau de l’URSS était rouge, emblème du parti communiste (comme en Chine d’ailleurs).

En ce qui concerne le mot moineau, nous n’en dirons pas grand chose pour ne pas dévoiler des éléments à découvrir tout le long du film. Les moineaux sont simplement les élèves de l’école d’espionnage russe du SVR, une école où l’on apprend la séduction comme arme de persuasion afin d’obtenir des informations.

Des personnages entre Russie et États-Unis

Dominika Egorova : l’espionne presque parfaite

En tout premier lieu, il est logique de parler de Dominika Egorova (Jennifer Lawrence), le personnage principal de Red Sparrow. Dominika est une jeune femme issue d’une famille modeste. Si son oncle est à l’un des plus hauts postes du SVR, elle doit danser au Bolchoï pour pouvoir payer les frais exorbitants requis par les soins de sa mère malade. Alors lorsque sa chute sur scène survient, Dominika perd tout ce qu’elle a. Sans son travail au Bolchoï, elle va perdre son appartement et ne peut plus subvenir aux besoins de sa mère. Son oncle, Ivan Egorov, le frère de son père, va alors lui faire une proposition : devenir espionne afin que l’État continue à couvrir ses frais. Mais il ne lui donne finalement pas vraiment le choix…

Côté caractère, Dominika Egorova est une femme forte. Loin d’être la femme et même l’héroïne parfaite, elle est violente et n’hésite pas à donner des coups à ceux qui la décevraient ou se mettraient en travers de son chemin. Dominika est calculatrice et manipulatrice. On se rend bien vite compte que c’est elle qui mène la danse, même s’il faut attendre la fin pour comprendre son véritable dessein. Dominika est belle, jeune et en est totalement consciente, elle sait en user pour arriver à ses fins. Elle est ainsi bien loin de l’image de la petite danseuse pure et timide qui habite l’imaginaire collectif.

Dominika Egorova

Les autres personnages russes

Afin de ne pas trop en dévoiler sur l’histoire de Red Sparrow et que vous gardiez bien l’effet de surprise, nous n’aborderons que deux autres personnages russes : Ivan Egorov, l’oncle de Dominika, et Matron, la directrice de l’école des Moineaux.

Ivan Egorov (Matthias Shoenaerts) est un être implacable et manipulateur. La mère de Dominika la prévient d’ailleurs dès le début de faire attention à ce personnage qui ne pense qu’à lui même. Très haut placé dans le SVR (il en est le second), il a voué sa vie à servir son pays et est prêt à tout pour y parvenir, même à mettre en danger sa nièce en la faisant rentrer chez les Moineaux. Difficile d’avoir une quelconque affection pour ce personnage froid et calculateur, qui tient très bien son rôle.

Dominika face à son oncle

Matron, comprendre la matrone, (Charlotte Rampling) est la directrice de l’école d’espionnage qui forme les Moineaux. Elle ressemble à l’oncle de Dominika dans sa vision implacable de la Russie. Charlotte Rampling est fantastique dans le rôle et l’arbore à merveille. Le duo explosif qu’elle forme avec Jennifer Lawrence est très réussi.

Nathaniel Nash : l’agent de la CIA

Le dernier personnage principal du film, et non des moindres, est l’agent de la CIA, Nathaniel Nash (Joel Edgerton). Au début du film, l’agent Nash est en Russie, mais suite à une altercation avec la police et pour protéger son contact, Marbre, il est obligé de rentrer au pays. Il est ensuite envoyé à Budapest, en Hongrie, pour reprendre contact avec Marbre. Au-delà de son simple rôle d’espion, on comprend vite que Nash est réellement attaché à son contact et qu’il souhaite le protéger. Hors de question pour lui donc de dévoiler à Dominika ce qu’elle cherche. Il ne lui faut d’ailleurs pas longtemps pour comprendre ce qu’elle fait mais cela ne l’empêche pas de se lancer dans un jeu dangereux avec elle…

L’agent Nash

La musique classique au cœur de Red Sparrow

L’une des grandes surprises de ce film, outre son scénario rondement mené et ses personnages bien construits, est sa musique. De nos jours, les films d’espionnage ont des musiques rythmées assez caractéristiques. Nous pensons bien évidemment à des sagas passées maîtresses dans ce domaine comme James Bond ou encore Mission Impossible. Mais ici, c’est de la musique classique qui est omniprésente, composée (c’est le cas du thème principal notamment) ou reprise (de musique de Tchaïkovski par exemple) par James Newton Howard (Hunger Games, Les Animaux Fantastiques, Casse-Noisette et les Quatre Royaumes…). Cela peut paraître à première vue surprenant, mais la musique classique s’intègre à merveille dans le film et pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, il faut s’intéresser à la symbolique de la musique de ballets durant le film. Le personnage principal, Dominika Egorova, a toujours rêvé d’être une danseuse. Elle touchait d’ailleurs ce rêve du doigt jusqu’à ce qu’il lui soit subitement arraché par son terrible accident. La musique de ballets, qui ponctue tout du long le film, est donc le symbole du personnage principal.

Jennifer Lawrence est magnifique dans son rôle de danseuse

Autre réflexion concernant l’utilisation de la musique classique : nous suivons une jeune femme russe. Or, les ballets, dont de nombreux grands compositeurs sont russes comme Tchaïkovski précédemment cité, et de nombreux grands danseurs/chorégraphes également comme Noureev, ne représentent-ils donc pas à la perfection ce pays ?

Mais la musique d’un film, outre sa signification, ne peut être belle que si elle est bien utilisée. Dans Red Sparrow, la musique classique apparaît toujours aux bons moments et avec une intensité toute réfléchie. Même les scènes d’action bénéficient de cette utilisation surprenante du classique. Un très bon choix donc de la part de l’équipe du film et qui sert à merveille sa qualité.

Aspect visuel global de Red Sparrow

Red Sparrow a beau être un film d’espionnage et donc en conséquence un film d’action, il se veut très réaliste, bien plus que des films évoqués plus tôt comme les James Bond et Mission Impossible, et n’a donc pas dû demander énormément d’effets spéciaux. Nous ne nous attarderons donc pas sur ce point durant notre analyse de l’aspect visuel global de Red Sparrow.

Le premier point que nous souhaitons relever est le côté très sombre du film. En tant que film d’espionnage réaliste, c’est effectivement ce que l’on peut attendre de Red Sparrow, et c’est réussi. Pourtant, le tout début du film contraste avec la suite, puisque nous nous situons dans le magistral opéra du Bolchoï, à Moscou, un opéra immense paré de mille dorures. Mais la chute de Dominika, qui marque le véritable lancement de l’histoire, nous emmène directement vers des lieux moins accueillants. En parallèle de la scène de ballet dans les riches décors du Bolchoï, on voit cependant l’ambiance réelle du film se dessiner sous nos yeux, dans un parc sombre, en pleine nuit. Ambiance lugubre des hôpitaux, école d’espionnage stricte, petit appartement vétuste de la protagoniste et de sa mère, nous sommes dans une Russie bien loin des fastes du Bolchoï et de la classe sociale supérieure.

Ambiance austère à l’école des Moineaux

La deuxième prouesse visuelle du film, à laquelle nous pensons pourtant rarement, est la qualité du maquillage des personnages, et notamment celui de Jennifer Lawrence. En danseuse, sa beauté est sublimée. En séductrice, elle fait tomber les hommes et leur arrache des informations. Après une bagarre, les blessures sont d’un réalisme bluffant. Et si le maquillage n’a rien à voir avec celui d’un Drax (Les Gardiens de la Galaxie) ou d’un Chapelier Fou (Alice au Pays des Merveilles), il participe à l’impression de réalisme ressentie par le spectateur.

Le dernier point visuel que nous souhaitons traiter concerne les costumes du film. Les costumes font partie intégrante d’un film et même s’il y a souvent beaucoup à dire lorsqu’ils sont fantaisistes (que ce soit des robes de princesses ou des costumes de super-héros), ils accompagnent bien l’histoire lorsqu’ils sont réalistes. Toujours pour illustrer les contrastes soulevés par le film, on peut remarquer à quel point le costume de ballet de Dominika est splendide. Ce rouge pétant (qui rappelle le titre) et ces dorures subliment la jeune femme. A l’école des moineaux, finis les costumes fastes, place à un univers rigide et des uniformes qui feraient pâlir jusqu’à nos grands mères ! En Hongrie, les costumes se succèdent : du maillot de bain sexy pour faire craquer l’américain, aux tenues classiques de ville, Dominika peut laisser davantage libre court à son imagination.

Dominika à la piscine

En conclusion, nous vous conseillons ce film, qui sans être parfait et traînant parfois un peu en longueur, sait remplir les attentes d’un public venu pour regarder un thriller d’espionnage. Le scénario est bien ficelé et tient la route, nous plongeant dans un contre la montre entre russes et américains.

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