EDITO – Il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine, l’équipe de Radio Disney Club m’a contacté par Holonet pour me demander d’écrire pour eux, et c’est bien évidemment avec plaisir que j’ai accepté. J’aurai donc régulièrement le plaisir de décrypter pour vous l’actualité et le devenir de Disneyland Paris. Et c’est aujourd’hui, plus que jamais, que le futur de notre Resort se joue. Il n’y a ni Seigneur Sith, ni Maître Jedi. Le monde réel est moins manichéen … Mais le non-départ annoncé de Tom Fitzgerald et le remplacement de Joe Schott par Daniel Delcourt ont pourtant tout de l’annonce de plus grands changements à venir.
Zoom sur ces trois grandes personnalités, souvent méconnues de la communauté des passionnés, et sur les grands moments de leur carrière ainsi que les perspectives d’avenir qui se profilent pour Disneyland autour de ces mouvements de personnel.
EPISODE I – UN NOUVEL ESPOIR : Le départ de Joe Schott
Joe Schott est ce que l’on peut appeler un ancien de l’entreprise Disney, avec 28 ans d’expérience, aussi bien en Floride qu’au Japon, il a rejoint Disneyland Paris en décembre 2009 au poste de Directeur Général Adjoint, Opérations. Pour vous éclaircir les choses, il était donc le numéro 2 de Disneyland Paris et a dirigé, d’un point de vue opérationnel, les deux parcs du resort. En d’autres termes, il peut être considéré comme le responsable de bon nombre de décisions qui ont concerné nos Parcs. Doté d’un très bon sens du contact, aussi bien avec la communauté des passionnés qu’avec les Cast Members, Joe Schott a été très apprécié et laissera l’empreinte de son passage pour encore de nombreuses années, en ayant fait de Disneyland Paris un véritable laboratoire d’expériences diverses et variées.
Du Côté Obscur de ses choix, en dehors de toute considération financière, on retiendra :
– La disparition presque complète des grandes animations et des spectacles. Adieu donc La Légende du Roi Lion, Tarzan – La Rencontre, Disney’s Fantillusion, les petits shows des Studios ou les Terrorific Nights. Les morts sont innombrables. Est-il aussi encore besoin de rappeler le très pathétique Festival Halloween de l’année 2011 ?
– Les ouvertures décalées des boutiques et restaurants. Quiconque ayant déjà tenté de dîner au Parc Disneyland sans réservation préalable ou de faire du shopping le matin sur Main Street U.S.A., saura de quoi je parle.
Du Côté Lumineux, deux points méritent eux aussi d’être retenus :
– Les horaires étendus du Parc Disneyland et l’arrivée de Disney Dreams !. Un pari risqué et audacieux qui s’avérera payant, tout en augmentant drastiquement le taux de satisfaction. Fermer le Parc Disneyland au coucher du soleil, voir au-delà, soir après soir, tout en proposant un spectacle son et lumières d’exception, voilà de quoi mettre notre parc à pied d’égalité avec ses homologues étrangers.
– Le renouveau des saisons. Introduit depuis 2012, et après ce qui se résumerait à une déchéance pour les saisons des années précédentes, chacune a été entièrement réinventée, en plus ambitieux, en plus beau, en plus original. Ainsi, cette année, nous avons même pu découvrir une toute nouvelle venue dans la liste : Swing into Spring.
Au-delà de ces décisions majeures, il y eut toute une série d’expériences aux résultats mitigés :
– Les années événementielles comme le Festival de la Nouvelle Génération ou le Festival des Moments Magiques, qui n’auront finalement été que des dépenses temporaires massives. Que reste-t-il de ces dépenses somptueuses ? Rien, rien du tout … Même la grande scène sur Central Plaza qui initialement devait servir de cadre à un futur grand spectacle des 20 ans, finira par être démontée pour céder de la place à Disney Dreams !
– Les soirées payantes, importées directement de Walt Disney World, elles, ne seront finalement que des expériences de courte durée, voir de lamentables fiascos comme la soirée Pirates et Princesses. Pourtant, l’idée et la réalisation des Fêtes-Pas-Si-Trouille était de bonne augure, mais on pourra se demander si le service Marketing était à la hauteur de la tâche pour soutenir ces essais qui, malheureusement, seront pour longtemps du passé.
Clôturant ce bilan pour le resort parisien, Joe Schott part pour Disneyland Resort en Californie afin d’occuper d’autres fonctions, mais The Walt Disney Company est bien décidée à faire passer notre resort au niveau supérieur et la relève est déjà prête à agir ambitieusement, en s’appuyant sur toute l’expérience accumulée grâce à son travail que l’on retiendra comme expérimental.
EPISODE II – LE RETOUR DU JEDI : L’arrivée de Daniel Delcourt
Le remplaçant de Joe Schott est ce qu’on peut appeler un doyen de la maison Disneyland Paris. En effet, Daniel Delcourt a commencé comme Manager en Restauration sur notre Resort, avant de gravir un à un les échelons, d’abord à la tête du Disney Village, puis à celle du Davy Crockett’s Ranch et du Sequoia Lodge, avant de faire un tour à la tête du Département Entertainment pour mieux revenir à ses premiers amours en tant que Vice-Président Hôtels et Business Solution.
En 2012, celui-ci quittera pourtant les vertes plaines de Marne-la-Vallée pour rejoindre le soleil de Californie en tant que Vice-Président des Hôtels et de Downtown Disney. A l’époque, les journaux belges auront d’ailleurs beaucoup de plaisir à vanter l’arrivée d’un compatriote à un poste clé du Resort Disney originel.
Aujourd’hui, le fils prodigue est de retour, après ce qui ressemble surtout à une petite période de deux ans de formation au cœur même de la magie et auprès des puissants de The Walt Disney Company, pour devenir le nouveau numéro 2 de Disneyland Paris et prendre les commandes du Parc Disneyland et du Parc Walt Disney Studios à la veille de l’un des plus grands bouleversement que le resort ait jamais connu. En effet, de nombreux challenges attendent Daniel Delcourt, a commencer par la réalisation des nombreux projets initiés lors de la fin du règne de Joe Schott et qui devront être achevés à temps pour la relance de Disneyland Paris en 2017 :
– La création d’un vrai programme de saisons, en continuant la métamorphose du Festival d’Halloween en Festival d’Automne, continuer de faire grandir les saisons de Noël et la toute jeune saison Swing into Spring, introduire une nouvelle saison estivale totalement réinventée.
– Continuer le grand programme de rénovation des backstages et des décors du Parc Disneyland.
– Faire entrer les technologies du 21ème siècle dans les Parcs, comme moderniser les principales attractions du Parc Disneyland et bon nombre des procédures existantes, en particulier vis-à-vis de l’antique système de coupons pour les boutiques et restaurants.
– Récréer un vrai pôle Entertainment afin de redonner de la vie aux deux parcs, au-delà des parades, de Disney Dreams ! et des programmes des saisons.
Bien évidemment, d’autres challenges attendent aussi Daniel Delcourt, au premier rang desquels on citera, bien évidemment, le principe des horaires décalés pour les boutiques et restaurants des Parcs qui a plus que besoin d’être affiné et d’être plus réactif, afin de s’adapter au mieux aux besoins des visiteurs et le vaste programme de nouvelles attractions (en particulier pour le parc Walt Disney Studios) qui est en cours de finalisation.
De part son expérience et son passé commun avec Disneyland Paris, Daniel Delcourt devrait apporter une certaine forme de stabilité en respectant une progression régulière pour les parcs, bien loin de l’aspect parfois discordant des choix de son prédécesseur, tout en appliquant aux goûts du jour certaines de ses recettes passées. Desquelles on retiendra par exemple, avec un souvenir ému, le temps où, sous sa direction, le Disney Village était un véritable lieu de vie et pas une simple allée marchande.
EPISODE III – L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE : Le non-départ de Tom Fitzgerald
Passons maintenant à un presque tout autre sujet, le cas de Tom Fitzgerald. Bien peu de passionnés savent qui il est. Pourtant en tant que Vice-Président Exécutif et Responsable Exécutif de la Création à Walt Disney Imagineering depuis juillet 2001, on ne peut pas dire qu’il ne soit pas une personne particulièrement importante. Si je vous dis que cet homme est entré à Walt Disney Imagineering en 1979 et a été recruté par Marty Sklar en personne. Qu’il a d’abord été Vice-Président Exécutif aux Scénarios, Développement d’Histoires et Production/Post-Production Media. Toujours pas ?
Bon, et si je vous dit qu’il a participé à la création de nombreuses attractions comme, dans le désordre : Honey, I Shrunk the Audience, Pirates of the Caribbean featuring Jack Sparrow, Star Tours 3D, Soarin‘, StormRider, CineMagique, Tower of Terror, Pooh’s Hunny Hunt ou dernièrement Ratatouille – The Adventure. Cela vous parle un peu plus ? Cette fois, je n’en doute pas un seul instant. Et oui, il n’est pas surnommé « Mister Screens » pour rien, énormément de ses plus récentes créations sont effectivement basées sur des films et donc des écrans ou vidéo-projections. Mais ce n’est pourtant pas cet aspect là de son CV qui nous importe le plus dans le cas présent, car Tom Fitzgerald est avant tout l’Imagineer en Chef, responsable de tous les projets concernant Disneyland Paris, et à partir de juillet prochain, il cumulera ce titre avec celui de Chef responsable des projets concernant Epcot.
Avec Epcot qui devrait être profondément ré-imaginé pour retrouver son identité perdue, il est donc particulièrement étonnant qu’il ne cède pas son poste vis à vis du futur de Disneyland Paris, surtout à la veille du lancement d’un vaste programme de nouveautés. Il n’y aura donc pas à chercher bien loin, puisqu’une bonne partie de ce programme devrait reposer sur le domaine de prédilection de Tom Fitzgerald : les mises à jour de Pirates of the Caribbean et de Star Tours, l’arrivée de Toy Story Mania, le projet de clonage de Soarin’ à Adventureland, le projet d’attraction sur les Avengers figurent tous parmi les bruits de couloir du moment et reposent justement sur des écrans.
Toutefois, que les amateurs d’attractions basées sur des effets plus physiques, comme des Audio-Animatroniques par exemple, se rassurent. A mesure que les plans de Disneyland Paris se réaliseront et que ceux pour Epcot approcheront de leur phase de construction, il y a fort à parier que Tom Fitzgerald finira par céder sa responsabilité à Disneyland Paris pour se consacrer pleinement au joyau américain et que son successeur apportera avec lui des projets de son propre cru, à même de rétablir l’équilibre.
EPILOGUE
Comme vous l’avez maintenant compris, ces changements ne sont finalement que les prémices de plus grands bouleversements à venir. Qu’arrivera-t-il aux équipes créatives du Département Entertainment ? Philippe Gas conserva-t-il encore longtemps son poste de PDG ? Un autre jeu de chaises musicales se prépare-t-il au sein des autres départements d’Euro Disney SCA ?
Euro Disney SCA les chaises musicales ?
Je crains fort qu’il ne faille encore faire preuve de patience pour le savoir. Mais il se murmure déjà que notre PDG irait très prochainement occuper d’autres fonctions en Extrême-Orient. Et dans ce cas qui sera à même de lui succéder ? Nous aurons peut-être des éléments de réponse très bientôt, l’inauguration de Ratatouille : l’Aventure Totalement Toquée de Rémy marquant la fin d’un cycle et le début d’un nouveau pour Disneyland Paris. Ou peut-être faudra-t-il patienter jusqu’à la fin de la présidence de Bob Iger à la tête de The Walt Disney Company. Que de questions sans réponse…
D’ici là, joyeux Star Wars Day à tous et que la Force soit avec vous !
Jeff
Toujours un plaisir de te lire Jeff ! Super premier article à quand le prochain ?