Les sept périodes de l’histoire de Disney

Publié par Naomi HUART le 12 novembre 2018 | Maj le 15 novembre 2018

Si vous avez déjà discuté avec un spécialiste Disney, il y a des chances que vous l’ayez entendu s’extasier sur les films de la « Renaissance » ou se moquer du « Dark Age ». Ces termes font référence aux différentes périodes historiques qui ont ponctué les Walt Disney Animation Studios. En plus de 80 ans d’existence depuis la sortie de Blanche Neige et les Sept Nains en 1937, Disney s’est construit une histoire à la fois riche et unique dans le monde de l’animation. Parfois au sommet de la gloire, parfois au bord de la faillite, les studios peuvent se diviser en 7 périodes (parfois 9, si on compte les court-métrages sortis avant Blanche Neige) définies par plusieurs facteurs tels que les techniques d’animation utilisées, le succès des films ou encore les événements historiques extérieurs. Retour sur ces sept périodes et leurs caractéristiques.

Les périodes de Disney : L’âge d’or (1937 – 1942)

Blanche-neige et les 7 Nains

Avant 1937, les studios Disney avaient déjà réussi à se forger une excellente réputation grâce à leurs court-métrages. Mais Walt Disney, en tant que visionnaire, décide de pousser les limites de l’imagination et de l’animation en se lançant dans la réalisation du tout premier long-métrage d’animation de l’histoire. Un projet fou, que peu de personnes, y compris sa femme, soutiennent.

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Mais Walt Disney va jusqu’au bout de son idée, et c’est ainsi qu’en 1937 sort Blanche Neige et les Sept Nains qui propulse définitivement les studios sous le feu des projecteurs. Le film est un succès commercial et introduit ainsi une nouvelle manière de réaliser des films.

Les studios se mettent immédiatement à la confection d’un deuxième film, Pinocchio, qui malheureusement ne rencontre pas le même succès que Blanche Neige notamment à cause de la Seconde Guerre Mondiale qui gèle complètement l’industrie du cinéma en Europe. Seul Dumbo, en 1941, rencontre un succès similaire à Blanche Neige.

Cette période n’est donc pas spécialement marquée par le succès commercial de ses films, mais plutôt par les tendances qu’ils ont imposés : Blanche Neige ouvre la voie à toutes les futures Princesses Disney et aux réadaptations de contes de fées qui deviendront la marque de fabrique des studios ; Bambi introduit le public aux films racontés du point de vue des animaux, et Pinocchio est le premier d’une longue liste de films très librement adaptés de livres ou de légendes.

Les films de cette période font ainsi office de précurseurs en bien des aspects qui forgeront l’identité des studios : les numéraux musicaux, les méchants charismatiques, les sidekicks (compagnons) amusants et les princesses innocentes. Ils introduisent aussi la notion de rêve si chère aux studios, avec la chanson « Quand on prie la Bonne Étoile » de Pinocchio qui deviendra l’hymne de Disney.

Les films de l’âge d’or ont tous un ton similaire, à la fois féérique et terrifiant. En effet, Walt Disney partait du principe que la peur était un élément essentiel du développement de l’enfant. Il n’hésitait pas à intégrer des scènes sombres à ses films, du moment qu’elles étaient équilibrées avec des scènes plus positives qui mènent à un happy ending.

Enfin, cette période met en avant nombre d’avancées technologiques. Elle permet au grand public de se familiariser avec le cinéma d’animation et à en comprendre toute sa beauté et sa diversité.

Les films de la période de l’âge d’or : Blanche-Neige et les Sept Nains, Pinocchio, Fantasia, Dumbo, Bambi.

Les périodes de Disney : la période de guerre (1943-1949)

Le Crapaud et le Maître d’école – La Légende de la Vallée Endormie

Malgré leur notoriété grandissante, les studios Disney parviennent difficilement à survivre à la seconde Guerre Mondiale : à cause des circonstances historiques, les gens ne vont plus au cinéma et les studios ne parviennent pas à rester rentables. Ils sont ainsi obligés d’opérer des restrictions budgétaires et de réduire leurs équipes d’animateurs, ce qui entraîne une vague de grève.

Dans ces conditions, la production de long-métrages d’animation devient compromise et pour ne pas fermer boutique, Walt Disney a l’idée de créer des « package movies », c’est-à-dire des films composés de plusieurs court-métrages, plus ou moins bien reliés entre eux. De par leur construction narrative bancale, peu de personnes se souviennent aujourd’hui de cette période, souvent considérée comme la pire de l’histoire des studios.

Pourtant, certains éléments de ces films ont fini par marquer les esprits, comme les personnages José Carioca et Panchito Pistoles de Saludos Amigos ou encore la scène de course-poursuite entre le Cavalier sans tête et Ichabod Crane dans le Crapaud et le Maître d’école.

Bien que ces « package movies«  soient loin de la qualité habituelle des long-métrages d’animation Disney, il est clair que s’ils n’avaient pas existé, les studios auraient certainement fermé. De plus, mis à part l’aspect déstructuré de ces films, chaque court-métrage, pris individuellement, reste très divertissant et original. On retrouve également avec Mélodie Cocktail et la Boîte à Musique un style similaire à Fantasia, avec une succession de court-métrages qui mêlent animation et musique.

La culture et le folklore sont des thèmes très présents dans ces films : dans Saludos Amigos, on découvre l’Amérique du Sud, tandis que dans le Crapaud et le Maître d’école, on explore la littérature anglophone.

Les personnages sont souvent loin des héros Disney classiques, ce qui apporte un angle différent aux histoires contées : dans le Crapaud et le Maître d’école par exemple, aussi bien Monsieur Crapaud Baron Têtard qu’Ichabod Crane (les personnages principaux des deux court-métrages du film) n’ont pas grand chose d’héroïque. Le premier est irresponsable et égoïste, tandis que l’autre est opportuniste et cupide. Pourtant, ils n’en restent pas moins attachants et donnent ainsi une nouvelle dimension à l’intrigue.

A noter que c’est dans cette période que l’on peut trouver quelques uns des passages les plus étranges de l’histoire de Disney : la fin du Crapaud et le Maître d’école est particulièrement marquante et diamétralement opposée aux fins heureuses Disney classiques : dans Mickey et le Haricot Magique (deuxième court-métrage de Coquin de Printemps), Donald, rendu fou par la faim, semble comme possédé quand il attaque une vache à la hache. Enfin, toujours dans Coquin de Printemps, le choix de confier la narration du deuxième court-métrage à deux marionnettes peut faire frissonner.

La période de guerre n’aura certes pas produit les plus grands classiques du studio, mais elle a tout de même réussi à se faire sa place dans les parcs Disney. Une attraction sur La Mare aux Grenouilles (premier court-métrage du Crapaud et le Maître d’école) existe à Disneyland Californie, et les Trois Caballeros sont souvent représentés en mascotte, de sorte que le public reconnaît ces personnages sans forcément savoir de quel film ils proviennent.

Les films de la période de guerre : Saludos Amigos, les Trois Caballeros, la Boîte à Musique, Coquin de Printemps, Mélodie Cocktail, le Crapaud et le Maître d’école.

Les périodes de Disney : l’âge d’argent (1950-1967)

Alice au Pays des Merveilles

A l’issue de la période de guerre, le futur des studios Disney n’est pas très reluisant. Walt Disney souhaite alors revenir à ce qui a fait le succès des studios avec des long-métrages et des réadaptations de contes de fée. C’est ainsi que le projet de faire un film d’animation sur Cendrillon voit le jour.

Ce film représente un enjeu énorme pour les studios : c’est leur dernière chance de refaire surface. Si Cendrillon ne fonctionne pas au box-office, les studios doivent mettre la clef sous la porte.

Ce n’est alors pas un hasard si Walt Disney choisit Cendrillon pour son grand come-back. Ce conte est le préféré du papa de Mickey, car il en apprécie les valeurs très américaines : c’est en persévérant et en travaillant dur qu’on finit par voir ses rêves se réaliser.

Cendrillon est évidemment un énorme succès, et les studios entrent alors dans l’une des ères les plus prospères de leur histoire. Les films de cette période sont considérés comme des classiques et sont encore très appréciés de nos jours. Ils reprennent les codes instaurés par l’âge d’or, à savoir les contes de fée, les princesses innocentes, les méchants dramatiques et les numéros musicaux.

Les techniques d’animations ont également évolué depuis les années 30/40, et les décors et paysages sont ainsi plus détaillés, les couleurs plus nuancées et claires. Les 101 Dalmatiens est par exemple le premier film d’animation à utiliser la technique de la xérographie, qui a permis de multiplier le nombre de chiots dans une seule scène.

Là où les personnages de l’âge d’or étaient majoritairement définis par leur statut (héros, méchant…), ceux de l’âge d’argent sont beaucoup plus nuancés et complexes. Certains personnages éclipsent même le reste du film (Cruella d’Enfer par exemple est souvent citée comme le meilleur aspect des 101 Dalmatiens.) D’autre part, les studios mettent un peu de côté l’idée d’effrayer les enfants et les films sont ainsi plus légers.

Si les films de l’âge d’argent sont tous des classiques, ils n’ont pas toujours conquis la critique : emportés par le succès, les studios Disney commencent, vers la fin de l’âge d’argent, à porter moins d’intérêt à leurs films d’animation pour se consacrer aux films live-actions et aux parcs à thème. C’est Merlin l’Enchanteur qui pâtit le plus de ce désintérêt, avec son histoire peu cohérente, son animation moins soignée que pour ses prédécesseurs et son côté (trop) éducatif qui n’a pas remporté l’unanimité auprès des enfants.

L’âge d’argent s’achève finalement avec le Livre de la Jungle, dernier film réalisé du vivant de Walt Disney

Les films de l’âge d’argent : Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles, Peter Pan, La Belle et le Clochard, La Belle au Bois Dormant, Les 101 Dalmatiens, Merlin l’Enchanteur, le Livre de la Jungle.

Les périodes de Disney : le Dark Age (1970-1988)

Taram et le Chaudron Magique

Le décès de Walt Disney crée un énorme chamboulement au sein des studios. Sans lui pour tenir les rênes, les studios peinent à conserver leur stabilité. Cette période est ainsi marquée par une série de films très différents les uns des autres, qui souvent s’éloignent énormément de la formule Disney classique imposée par l’âge d’or et l’âge d’argent. C’est une période de prise de risques et d’expériences pour les studios qui se cherchent une nouvelle identité.

C’est aussi pendant le Dark Age que les studios rencontrent leur premier grand concurrent : Don Bluth. Ancien animateur chez Disney, Don Bluth est à l’origine de nombreux films d’animation acclamés par les critiques et les spectateurs comme le Petit Dinosaure ou Brisby. Le public se détourne alors progressivement de Disney, jugé trop bon enfant, pour se diriger vers les films plus « matures et adultes » de ce nouvel arrivant.

Les films du Dark Age sont facilement reconnaissables de par leur style, surnommé « Scratchy Films«  : les traits de dessin sont épais et gras et font penser à des croquis animés. Cette technique permet de réduire le budget animation et de faciliter l’usage de la xérographie, toujours très acclamée par les critiques. D’ailleurs, cette période a permis aux studios de développer de nouvelles technologies, et c’est dans Taram et le Chaudron Magique que l’on peut voir pour la première fois des images de synthèse dans un long-métrage d’animation Disney.

De manière générale, les films du Dark Age sont moins ambitieux que leurs prédécesseurs en terme de narration et de développement de personnages. C’est cette période qui a donné naissance aux Aristochats, à Rox et Rouky et à Winnie l’Ourson, trois Disney qui sont souvent considérés comme des films pour les petits enfants de par la simplicité de l’histoire, au contraire de la plupart de la filmographie Disney qui s’adresse aux familles. C’est pour cette raison que le public a fini par délaisser Disney au profit de Don Bluth au début des années 80.

Disney touche finalement le fond avec le tristement célèbre Taram et le Chaudron Magique. Afin de regagner la reconnaissance du public, Disney décide de suivre la tendance Don Bluth en réalisant un film plus sombre. Taram et le Chaudron Magique est ainsi le premier Disney a recevoir la mention PG (Parental Guidance), c’est-à-dire un avertissement jeune public. C’est une énorme prise de risque pour les studios, qui ne s’avère pas payante puisque le film est un échec.

Heureusement, un an plus tard, Basil, Détective Privé réussit à reconquérir le public et les critiques. C’est le seul vrai succès de cette période, prouvant une fois pour toute que Disney ne serait rien sans l’aide d’une souris.

Malgré la très mauvaise réputation du Dark Age, aujourd’hui, beaucoup de ces films sont cités comme des classiques. Les Aristochats sont très présents dans les parcs à thèmes (surtout Disneyland Paris) et Winnie l’Ourson a eu le droit à beaucoup de suites, en plus d’être un des personnages Disney les plus iconiques. Bernard et Bianca a donné naissance à une très bonne suite au cinéma, et même Taram et le Chaudron Magique a su se trouver des fans et aura le droit à son remake live-action.

Si les films du Dark Age sont loin d’être aussi iconiques que ceux des autres périodes, aucun d’entre eux n’est extrêmement mauvais. Ils sont simplement sortis au mauvais moment, dans de mauvaises conditions. De plus, c’est bel et bien pendant ses périodes les moins prospères que Disney se permet d’être le plus créatif et d’ainsi attirer la curiosité de personnes moins fans de leur formule classique.

Les films du Dark Age : Les Aristochats, Robin des Bois, Les Aventures de Winnie l’Ourson, Bernard et Bianca, Rox et Rouky, Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Oliver et Cie.

Les périodes de Disney : la Renaissance (1989-1999)

Aladdin

Après 18 ans passés dans l’ombre durant le Dark Age, les studios Disney décident de revenir à ce qui a toujours fait leur gloire : les princesses.

Avec une toute nouvelle équipe d’animateurs et un nouveau PDG, les studios produisent la Petite Sirène en 1989. Malgré une animation encore un peu en dessous des films de l’âge d’or et d’argent, la Petite Sirène conquit le public et les critiques, notamment grâce à la protagoniste, Ariel, une princesse au caractère bien plus approfondi que Blanche Neige, Cendrillon ou Aurore. Les numéros musicaux et les méchants hauts en couleurs font leur grand retour.

Ariel est une princesse moderne : elle se bat pour sa propre fin heureuse, ce qui en fait une héroïne en accord avec son époque et la montée des mouvements féministes. Les princesses de cette période sont d’ailleurs plus dynamiques que les princesses plus anciennes et n’ont pas peur de manifester leurs opinions et leurs différences.

Les films de la période de la Renaissance doivent leur succès à la richesse de leurs histoires proches de ce que l’on pouvait voir pendant l’âge d’or et d’argent, tout en utilisant les techniques d’animation acquises durant le Dark Age. Les films sont également très diversifiés  en terme de lieux explorés : on passe du fond des océans à la jungle de Tarzan en passant par les déserts d’Arabie, la savane Africaine et la Grèce Antique.

Ils sont aussi très variés au niveau de l’ambiance : le Roi Lion et Le Bossu de Notre-Dame ont plutôt comme ambition de rendre un film beau et épique, aux thèmes matures et aux scènes intenses, tandis qu’Aladdin ou Hercule misent sur l’humour et le côté décalé des anachronismes.

Jamais les films Disney n’ont eu une animation aussi soignée, une histoire aussi recherchée ou des personnages aussi creusés. Bien que tous les héros de cette époque puissent se résumer aux fameuses paroles de Belle : « Je veux vivre autre chose que cette vie », l’univers qui les entoure et les personnages colorés qu’ils rencontrent compensent leurs ambitions somme toute assez clichées.

Chaque film de cette période a marqué les esprits d’une manière ou d’une autre, que ce soit avec une chanson (les premières notes de « l’histoire de la vie » du Roi Lion sont sûrement les plus reconnaissables de toutes les chansons Disney), un personnage (le Génie dans Aladdin ou Hadès dans Hercule ont amplement surpassé le succès de leurs films respectifs), ou encore une scène (beaucoup pleurent encore la mort de Mufasa…).

C’est aussi lors de la Renaissance qu’Alan Menken et Howard Ashman ont pour la première fois travaillé avec Disney, signant ainsi les meilleures musiques produites par les studios et remportant même plusieurs Oscar. D’ailleurs, la Belle et la Bête est le premier film d’animation de l’histoire à être nommé pour l’Oscar du meilleur film, en 1992.

Cependant, tous les films de la Renaissance n’ont pas remporté l’unanimité des critiques ou du public. Bernard et Bianca au Pays des Kangourous par exemple est certainement le film de la Renaissance le plus oublié, en dépit de sa qualité d’animation spectaculaire et son histoire bien plus élaborée que le premier.

Pocahontas n’a pas conquis le public américain, qui y voyait une version bien trop édulcorée et idéalisée de leur histoire. De même, Hercule, en plus d’avoir déplu aux grecs qui y voyaient une forme d’appropriation culturelle, a souvent été critiqué pour son histoire bancale et son atmosphère trop décalée. Quant au Bossu de Notre-Dame, beaucoup d’amateurs de littérature française ne voyaient pas d’un bon œil cette réadaptation Disney d’une histoire aussi adulte et sombre. (A tort, puisque le film est largement le plus adulte de la filmographie Disney et n’a pas eu peur d’explorer des thèmes comme la religion, la mort et le sexe.)

Aujourd’hui, les films de la Renaissance sont plus populaires que jamais avec la tendance actuelle à la nostalgie et le fort attachement de la génération des Millenials à ces œuvres.

Les films de la Renaissance : La Petite Sirène, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, la Belle et la Bête, Aladdin, l’Étrange Noël de Monsieur Jack, le Roi Lion, Pocahontas, le Bossu de Notre-Dame, Hercule, Mulan, Tarzan.

Les périodes de Disney : la Transition (2000-2008)

Bienvenue chez les Robinsons

Avec l’arrivée des films d’animations en image de synthèse et surtout de DreamWorks, les studios Disney ne parviennent plus à tenir la distance. Au début des années 2000, leurs films deviennent de moins en moins rentables, et les studios passent progressivement d’une période incroyablement propice à une nouvelle traversée du désert. Cette période, souvent appelée Transition, fait référence à ce long temps d’adaptation que les studios Disney subissent avant de retrouver la gloire dans les années 2010.

Tout comme le Dark Age, cette période est marquée par l’expérimentation et la prise de risque, pour réussir à reconquérir le public qui se détourne de Disney au profit de films en 3D comme Shrek.

La première tentative de Disney pour attirer de nouveau l’intérêt du public est Dinosaure, qui mêle prise de vue réelle et image de synthèse. Bien qu’il soit le film le plus rentable de la période de Transition, c’est sûrement le plus oublié (malgré une attraction à Animal Kingdom). Il faut dire que mis à part l’animation qui reste très correcte même encore aujourd’hui, l’histoire et les personnages n’ont rien de transcendants. Le projet de base de réaliser une sorte de documentaire muet semble au moins plus intrigant que le résultat final.

Après ce premier essai à la 3D, les studios reviennent au dessin traditionnel avec Kuzco : L’empereur mégalo. En dépit d’une production catastrophique d’un succès timide au box-office, le film réussit à conquérir le public et la critique qui le saluent pour son humour décapant. Ses répliques cultes et son originalité font de Kuzco un film incontournable.

D’ailleurs, si les films de cette période devaient être résumés en un mot, ce serait certainement « originalité ». Qu’ils soient bons ou mauvais, les films de la Transition ont tous le mérite de sortir du lot et de prendre chacun des directions narratives très différentes du reste de la filmographie Disney. Trois des films de cette période appartiennent au genre de la science-fiction, thème encore jamais exploré par les studios.

Mais l’originalité ne suffit évidemment pas pour faire un bon film et c’est pendant cette période que l’on peut trouver le pire de Disney. Chicken Little, premier long-métrage d’animation Disney entièrement réalisé en 3D (sans compter Pixar), est aujourd’hui considéré comme le plus mauvais Disney de l’histoire. Outre l’animation encore trop expérimentale, Disney cherche à reproduire un ton cynique semblable à Shrek, mais réussit uniquement à produire un film aux personnages si haineux que cela devient difficilement regardable. Même l’idée d’une société occupée uniquement par des animaux anthropomorphiques tombe à l’eau, étant donné que Disney ne parvient pas à exploiter correctement l’humour qui pourrait découler de ce concept.

Chicken Little est en grande partie responsable de l’échec de Bienvenue Chez les Robinsons et Volt, Star Malgré Lui, les deux films en 3D qui clôturent la période de Transition et ce malgré leur qualité due à l’intervention de John Lasseter de chez Pixar. Le public s’est définitivement détourné de Disney.

Parmi les échecs de cette période, on peut également citer la Ferme se Rebelle, dont l’animation est loin d’être frappante. L’humour quant à lui ne parvient pas à faire sourire et les personnages sont oubliables. Un film appréciable uniquement par les tout-petits ou par ceux qui le prendront au second degré.

La Planète au Trésor, bien que correctement reçu des critiques et adoré par bon nombre de fans, reste le deuxième plus gros échec des studios. Le style steam punk que Disney avait déjà cherché à exploiter avec Atlantide, l’Empire Perdu quelques années auparavant ne parvient pas à trouver son public : d’un côté ces deux films sont jugés trop adultes pour les enfants et de l’autre, les adolescents et adultes qui pourraient les apprécier ne s’intéressent plus à l’animation 2D.

Le seul grand succès de la Transition est Lilo et Stitch, qui a le droit à 4 suites et 3 séries animées en plus d’un remake live-action en prévision. Le petit alien bleu a su trouver sa place dans le cœur des fans de Disney et s’impose comme mascotte 2.0 des studios.

En dépit de tous ces échecs, il serait dommage de ne pas s’attarder sur les films de la Transition. Certains sont très bons (Kuzco, Lilo et Stitch), d’autres sont d’une richesse créative incroyable (Atlantide, la Planète au Trésor, Bienvenue chez les Robinsons) et même les plus mauvais comme Chicken Little sont fascinants à regarder, ne serait-ce que pour voir ce que représente le pire de Disney.

Quoi qu’il en soit, la Transition est pour beaucoup la période Disney la plus intrigante, la plus risquée et la plus intéressante à analyser.

Les films de la Transition : Dinosaure, Kuzco, l’Empereur Mégalo, Atlantide : l’Empire Perdu, Lilo et Stitch, La Planète au Trésor : Un Nouvel Univers, Frères des Ours, La Ferme se Rebelle, Chicken Little, Bienvenue chez les Robinsons, Volt, Star Malgré Lui.

Les périodes de Disney : le Renouveau (2009- …)

Raiponce

Après s’être essayé à l’animation 3D avec un succès très mitigé, Disney revient une nouvelle fois à ses origines : une histoire de princesse en animation traditionnelle. Tout comme Cendrillon et la Petite Sirène, c’est la Princesse et la Grenouille qui réussit à sortir Disney de l’ombre en 2009. On retrouve alors tous les ingrédients communs à un Disney réussi. Un prince charmant, une princesse en devenir, des numéros musicaux entêtants, des compagnons rigolos et un méchant charismatique.

Mais la Princesse et la Grenouille apporte une touche plus moderne à la formule Disney classique. Là, l’héroïne principale ne cherche ni un homme, ni à changer de vie. Elle veut simplement réaliser son rêve d’ouvrir un restaurant et va se battre corps et âme contre les problèmes d’argent et le racisme pour y arriver. Tiana rencontre alors des problèmes bien plus réalistes que les autres princesses et délivre une leçon plus moderne, à savoir que le bonheur et l’accomplissement des rêves vient avant tout de soi.

Le succès est au rendez-vous, mais pas autant qu’espéré. Les studios abandonnent alors définitivement l’animation en 2D pour se concentrer sur l’image de synthèse. Disney réussit à se créer une identité visuelle avec l’aide de John Lasseter et réalise Raiponce, dont l’animation s’est nettement améliorée depuis Volt.

Raiponce relance une bonne fois pour toutes la réputation des studios, qui a enfin trouvé un équilibre entre cette nouvelle technologie qu’est l’animation par images de synthèse et le côté intemporel des films Disney classiques.

Les films de cette période sont plus modernes, non seulement de par leur aspect mais aussi dans leurs dialogues et thèmes abordés. Zootopie parle de racisme et de ségrégation, tandis que les Nouveaux Héros aborde le deuil. Les princesses ne cherchent plus à trouver l’amour et certaines restent même célibataires à la fin du film : l’amour romantique n’est plus la seule voie vers un happy ending.

Les liens fraternels et amicaux sont plus explorés que jamais, avec la Reine des Neiges, Vaiana, les Mondes de Ralph ou les Nouveaux Héros. Lorsqu’un couple se forme, leur romance repose avant tout sur la confiance et la complicité, le mythe de coup de foudre étant bien trop désuet.

Avec le succès planétaire de la Reine des Neiges et de Vaiana, l’avenir des Disney Animation Studios semble radieux… cependant, l’histoire nous apprend qu’avec chaque période propice, vient une période sombre.

Actuellement, Disney se concentre énormément sur les live-actions, chose qui avait causé le déclin des studios dans les années 60. De plus, on remarque un manque de prise de risques évident dans les films d’animation Disney actuels, dont la narration semble être sur des rails… Sans compter que les deux prochains films seront des suites. Tout comme pour le Dark Age et la Transition, le public risque un jour de se lasser de Disney pour se tourner vers leurs concurrents comme Illumination Studios, extrêmement populaire.

Si les Disney Animation Studios ne se renouvellent pas très vite, la plongée vers une nouvelle ère sombre semble alors inévitable, du moins pour les films d’animation…

Les films du Renouveau : La Princesse et la Grenouille, Raiponce, Winnie l’Ourson, les Mondes de Ralph, la Reine des Neiges, les Nouveaux Héros, Zootopie, Vaiana : la Légende du Bout du Monde (et prochainement Ralph 2.0 et la Reine des Neiges 2.)

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