Piper : rencontre avec Alan Barillaro et Marc Sondheimer au Festival d’Annecy

Publié par Victoria Richard le 28 juin 2016 | Maj le 4 juin 2017

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Le vendredi 17 juin, lors de la 39ème édition du Festival International du Film d’animation d’Annecy, nous avons pu assister à la projection du court-métrage Piper, un petit bijou rempli de poésie et de tendresse, réalisé par Alan Barillo et Marc Sondheimer. Ce court-métrage est diffusé sur les écrans juste avant Le Monde de Dory (pour les plus chanceux !). Radio Disney Club a pu rencontrer l’équipe créatrice du film à l’occasion d’un entretien exclusif…

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Réalisé par Alan Barillaro et produit par Marc Sondheimer, Piper, le nouveau court-métrage des studios d’animation Pixar, raconte l’histoire d’un petit oisillon affamé qui s’aventure hors du nid pour la première fois. Le problème, c’est que la nourriture est enfouie sous le sable, là où les effrayantes vagues viennent balayer le rivage… Retrouvez notre critique détaillée de ce cartoon ici.

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Alan Barillaro et Pixar : toute une histoire

Alan Barillaro a grandi au Canada et est attiré très tôt par le monde de l’animation. Il fait ses études au Sheridan College of Animation puis entre aux studios Pixar en 1997. Il est connu pour avoir réalisé la grande majorité des films Pixar : 1001 Pattes, Toy Story 2, Monstres et Cie, Le Monde de Nemo, Les Indestructibles, WALL·E et Rebelle. Pour ces trois derniers, il a été superviseur de l’animation et a dirigé l’équipe chargée de donner vie aux personnages . Après Rebelle, il rejoint l’équipe de développement des logiciels Pixar pour contribuer à la mise au point d’un outil d’animation permettant une plus grande flexibilité dans le processus de création des films. Pour illustrer son travail, il crée un court-métrage test sur un petit oiseau sur une plage qui deviendra un court-métrage à part entière.

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Marc Sondheimer

Marc Sondheimer travaille chez Pixar depuis 2002. Après avoir occupé plusieurs postes, il est à présent producteur et s’occupe également de la promotion du groupe Pixar. Il est connu pour avoir été le producteur du (Le) Monde de Dory, WALL·E, Le Voyage d’Arlo, Jour Nuit (le court-métrage diffusé en même temps que Toy Story 3), Là-Haut, Cars : Quatre Roues, Les Indestructibles, et bien sûr Toy Story 3.

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Entretien avec Alan Barillaro et Marc Sondheimer

[Presse] Le court-métrage est très photo-réaliste. Est-ce que vous le considérez en quelque sorte comme un défi technique ?

[Alan Barillaro] Oui effectivement. J’ai voulu capter les sensations et les sentiments que procure la vision de la plage et de l’océan. J’ai voulu retranscrire avec le maximum de détails l’univers qui entoure le personnage. Celui-ci se retrouve en situation de danger. C’était vraiment important pour moi de poser ce cadre.

[Presse] Comment avez-vous travaillé sur la réalisation du film ?

[Alan Barillaro] C’était un grand challenge pour moi au niveau du processus de création. Je vois le court-métrage comme une longue conversation entre le personnage et ses émotions. Je suis allé sur la plage plusieurs fois pour faire des prises de vue, définir le style. J’ai aussi dessiné un peu afin d’avoir une idée plus précise de ce que je voulais réaliser.

[Presse] Avez-vous fait des recherches pour réaliser ce court-métrage ?

[Alan Barillaro] Oui, j’ai dû me lever très tôt le matin pour aller sur la plage et observer ce qui se passe… J’ai acheté une caméra chère et très lourde. Observer l’environnement que l’on veut représenter pour son personnage, je pense que c’est une étape très importante dans la réalisation d’un film. Puis vient le temps de faire des choix artistiques.

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[Presse] L’année dernière, nous avons interviewé le réalisateur de Sanjay et sa Super-Equipe, Sanjay Patel (ce court-métrage a été présenté en 2015 au Festival d’Annecy en première partie du film Le Voyage d’Arlo) et nous lui avons demandé s’il voulait réaliser un jour un long-métrage et il nous a dit « non ! »…

[Alan Barillaro] Je sais pourquoi il a dit ça ! (Rires) Oui, c’est très effrayant !

[Presse] Et vous, avez-vous l’envie de réaliser un jour un long-métrage ? 

[Alan Barillaro] Oui, je voudrais réaliser un long-métrage un jour mais cela représente énormément de travail, de recherches, de réflexion par rapport au projet… donc oui, mais à plus long terme, je vous tiendrai au courant. (Rires)

[Presse] Avez-vous puisé votre inspiration de votre expérience ?

[Alan Barillaro] J’ai voulu que l’histoire que je raconte soit très personnelle… J’ai voulu faire un parallèle entre la situation que vit Piper et ce que j’ai pu vivre lorsque j’étais enfant. J’ai essayé de me rappeler toutes ces émotions, ces craintes que j’ai pu ressentir, qui nous dépassent et qu’il faut apprendre à surmonter… J’ai survécu grâce à une thérapie !

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[Presse] Vous avez participé à l’élaboration d’un nouveau logiciel… Je crois que vous l’avez utilisé pour réaliser ce court-métrage ? Quelle est la différence avec l’ancien logiciel ?

[Marc Sondheimer] Ce nouveau logiciel n’est pas simple à comprendre (Rires). Il est composé de beaucoup d’éléments et l’équipe a suivi une formation pour comprendre toutes les fonctionnalités de ce logiciel et savoir comment l’utiliser. En réalité, un grand nombre d’animateurs a travaillé sur Piper et aussi sur Le Monde de Dory donc nous leur avons donné l’opportunité de se familiariser avec ce nouvel outil. 

[Alan Barillaro] C’était un grand challenge pour nous de réaliser ce court-métrage mais c’était en même temps excitant de prendre des risques. Nous pouvons un peu plus nous le permettre car c’est un court-métrage. Nous avons donc essayer différents styles, différentes possibilités…J’ai voulu représenter avec le plus de détails possibles le sable par exemple, car cela apporte beaucoup plus de réalisme au film. 

[Marc Sondheimer] Alan a également beaucoup travaillé sur le rendu de l’eau dans Piper

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[Presse] Pensez-vous que cette nouvelle manière de réaliser est une réelle innovation et que cela va apporter quelque chose dans le développement des productions Pixar dans les années à venir ? 

[Alan Barillaro] Assurément, du moment que ces technologies servent admirablement bien l’histoire engagée et non l’inverse. Il s’agit toujours de repousser le plus loin possible les limites de la technique en gardant à l’esprit notre idée de départ.

[Presse] Piper est un personnage qui ne parle pas… Avec qui avez-vous travaillé pour la bande-son ? 

[Alan Barillaro] Nous avons travaillé avec Adrian Belew, qui a accompagné un certain nombre de légendes du rock comme Franck Zappa ou encore David Bowie. Il correspondait parfaitement au projet car sa musique est très visuelle et qu’il comprend les personnages. C’était très intéressant de pouvoir travailler avec lui par exemple pour que les conversations entre les oiseaux aient un sens beaucoup plus profond. Nous avions un peu la même approche déjà au moment de la réalisation de WALL·E.

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[Presse] Pouvez-vous partager avec nous ce que vous avez appris durant ces années en tant que réalisateur ? 

[Alan Barillaro] Beaucoup de choses ! J’ai appris notamment que lorsqu’on veut en faire trop, souvent cela ne marche pas. J’ai voulu faire ce court-métrage pour montrer que plus on pense vraiment à l’histoire qu’on veut réaliser, plus l’histoire sera personnelle et crédible pour le public. En tant que storyboarder, réaliser un film est un défi permanent. 

[Presse] Vous avez travaillé sur WALL·E avec Andrew Stanton. Qu’est-ce que vous retirez de cette expérience ? 

[Alan Barillaro] C’était très enrichissant. Andrew Stanton est quelqu’un de très généreux. Il est un des réalisateurs qui arrive à voir en amont comment va se dérouler la réalisation d’un film, au niveau de la structure notamment.

[Presse] En tant qu’animateur, est-ce que vous travaillez en ce moment sur de nouveaux projets ? 

[Alan Barillaro] Non pas pour l’instant. Nous avons passé beaucoup de temps à réaliser Piper, à travailler à la main sur chaque grain de sable… Vous savez, travailler avec un ordinateur, c’est comme travailler avec un pinceau. Chaque geste est un choix délibéré. Même les vagues sont animées à la main par l’animateur. C’est de toute façon notre loi à tous en terme de création au cinéma depuis Charlie Chaplin et Buster Keaton…

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[Presse] Quel est l’élément le plus difficile à animer ? L’oiseau ou l’eau ? 

[Alan Barillaro] En fait, c’est impossible d’animer tous les éléments en même temps. Soit on choisit d’animer l’oiseau, puis ensuite le sable, puis l’eau…

[Presse] Nous sommes au Festival d’Annecy, l’un des plus grands événements internationaux pour le cinéma d’animation. Est-ce que c’est la première fois que vous venez ? 

[Alan Barillaro] Oui, c’est la première fois ! C’est vraiment incroyable ! Beaucoup de monde, je n’ai pas pu tout voir. Il faut que je revienne !

[Marc Sondheimer] C’est vraiment gratifiant de voir tous ces animateurs et réalisateurs venus des quatre coins du monde. 

[Alan Barillaro] Un grand nombre d’animateurs que j’apprécie sont français, vous savez. C’est un peu frustrant pour moi de ne pas parler français pour pouvoir mieux discuter avec eux, je leur dis juste « bonjour ». 

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[Presse] Est-ce que vous avez des idées en tête pour des prochains projets ?

[Alan Barillaro] C’est plutôt des idées personnelles pour le moment.

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